Grâce à cette technique de stimulation du cerveau, un dépressif chronique retrouve la joie de vivre !
La France compte près de trois millions de dépressifs, c’est plus que n’importe quel autre pays européen. Les classes d’âge les plus touchées ? Les plus jeunes (15-24 ans) et les plus âgés (70 ans et plus) selon les derniers chiffres de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques). Chez les seniors l'isolement social, la maladie ou le veuvage sont des causes fréquentes de dépression. Mais la dépression est souvent une pathologie multifactorielle, plus complexe à appréhender que de nombreuses autres maladies chroniques, et souvent difficile à traiter. D’autant que les médicaments proposés en première intention, antidépresseurs et/ou anxiolytiques, sont assortis d’effets secondaires parfois lourds.
Pour ce patient américain de 44 ans, dépressif sévère depuis une trentaine d'années, les traitements conventionnels s’étaient révélés jusqu’ici inefficaces. Il a pourtant essayé une vingtaine d’approches thérapeutiques différentes (thérapies, médicaments, hospitalisations, électrochocs…), sans succès. C’est pourquoi il s’est tourné vers cet essai clinique, encadré par une équipe de chercheurs de l’université du Minnesota. L'implant était un peu le traitement de la dernière chance.
Un implant pour stimuler les zones du cerveau responsables de la dépression
Comment cela fonctionne ? Cet implant est placé directement dans le crâne et peut stimuler des zones spécifiques du cerveau impliquées dans la dépression. On sait par exemple avec certitude (une étude* l'a confirmé il y a quelques semaines) que le “réseau de saillance”, cette zone cérébrale composée du cortex frontoinsulaire, du cortex cingulaire antérieur dorsal, de l'amygdale et des pôles temporaux, est un marqueur clé de la dépression. C’est justement ce réseau de saillance qui a intéressé les chercheurs du Minnesota car ils ont constaté à l’imagerie que celui du patient dépressif chronique était quatre fois plus étendu que chez les sujets non dépressifs.
Neurostimulation cérébrale dans le traitement de la dépression : une approche ultra-personnalisée
Car l’un des gros avantages de cette technique est de pouvoir offrir une approche complètement personnalisée. Ici, en plaçant précisément des électrodes sur les zones ciblées et en les activant à l’aide d’une pile située sous la clavicule, le patient a ressenti pour la première fois des émotions dont il avait oublié qu’elles pouvaient exister !
Le magazine professionnel Fréquence médicale, à destination des médecins, rapporte le propos de l’un des principaux auteurs de ces travaux : "Il pleurait et disait : Je ne suis pas triste, je suis juste heureux. Je ne sais pas quoi faire avec ces émotions". En poursuivant les tests, les chercheurs ont en outre pu activer d’autres zones cérébrales ce qui a provoqué chez le quadragénaire “une sensation de calme” et a accru “la concentration”. Le dispositif est toujours en phase de test, et les résultats de cette étude clinique n’ont pas encore fait l’objet d’une publication scientifique (cela devrait être le cas dans les prochains mois), mais ces résultats suscitent déjà l'engouement de la communauté scientifique.
De nouvelles options dans le traitement de la dépression
D’autres pistes sont actuellement à l’étude. Les ultrasons par exemple pourraient aussi offrir une voie thérapeutique intéressante et personnalisée. Plusieurs études ont en effet montré que les battements du cerveau étaient plus nombreux chez les patients dépressifs. Utiliser les ultrasons pourrait à la fois être une avancée en imagerie et donc plus spécifiquement ici cibler les dysfonctionnements associés à la dépression mais aussi dans le traitement, un peu à la manière de la stimulation cérébrale détaillée plus haut. Des résultats encourageants pour toutes celles et ceux qui se trouvent dans une impasse thérapeutique. Qui sait, ces techniques, moins soumises aux effets indésirables des molécules médicamenteuses, offriront peut-être dans les années qui viennent une alternative sûre aux antidépresseurs et autres psychotiques.
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*https://www.eurekalert.org/news-releases/1083597
https://www.santelog.com/actualites/depression-le-reseau-de-saillance-le-meilleur-des-marqueurs