Cerveau : les signes d’une surchauffe !
Les Français passent en moyenne presque cinq heures par jour sur les écrans, soit près de trente-cinq heures par semaine, selon une enquête* datée de 2021. Et l’on parle ici uniquement d’une consommation de loisirs. Il faut ajouter, pour les actifs qui travaillent sur écrans, les sept à huit heures de travail supplémentaires.
Si l'on extrapole, cela représente au total 127 jours sur l’année et 27 ans au cours de la vie ! Avec des conséquences directes sur notre santé mais aussi sur notre cerveau, qui subit des bouleversements neurologiques.
Cerveau : l'hyperconnexion impacte durablement les capacités de récupération du cerveau
Que se passe-t-il quand nous passons autant d’heures sur les écrans ? Le cortex préfrontal, zone cérébrale dévolue à la concentration et à la prise de décision, subit une sollicitation constante. Cette hyperactivation crée un état de vigilance perpétuelle, empêchant le cerveau d'accéder aux phases de récupération essentielles. L'épuisement du cortex préfrontal se traduit par une diminution progressive des capacités d'attention soutenue et de mémoire de travail.
Le “switch-tasking”, qui consiste à surfer entre toutes les simulations générées par les applications et tâches numériques, impose un effort cognitif considérable. Contrairement aux multitâches naturelles, cette alternance rapide entre stimuli digitaux surcharge les circuits neuronaux responsables du contrôle exécutif.
Les conséquences directes sur notre cerveau ? Les signes de surchauffe, surtout après une journée chargée en numérique : fatigue qui persiste malgré le repos, irritabilité face aux interruptions ou sentiment permanent de surcharge mentale constituent les manifestations initiales d'un épuisement neurologique.
La dépendance numérique : aussi réelle que la dépendance à l’alcool ou à la cigarette
Cette dépendance est en partie alimentée par l’usage que nous faisons des réseaux sociaux ou de nos smartphones. Les notifications par exemple exploitent un mécanisme neurologique primitif. Chaque alerte, message ou "like" active le circuit de la récompense, provoquant une libération de dopamine dans le noyau accumbens, un ensemble de neurones situés à l'intérieur du cortex cérébral. Ce renforcement intermittent, comparable aux mécanismes d'addiction comportementale, maintient l'utilisateur dans un état d'attente permanent et pousse à la vérification compulsive des appareils.
Pire encore, cette activation répétée des circuits dopaminergiques modifie progressivement les seuils de sensibilité. Le cerveau nécessite des stimulations toujours plus fréquentes pour atteindre le même niveau de satisfaction, créant une spirale de dépendance numérique. A cela s’ajoute un état de stress quasi permanent, qui stimule la production de cortisol. Pour savoir si vous êtes dépendant faites le test : éteignez votre téléphone pendant 24 heures et notez le nombre de fois où vous sentirez une envie (plus ou moins forte) de le rallumer.
Vue et sommeil : les effets mesurables sur la santé
En plus d’une altération des capacités de récupération du cerveau, ou des phénomènes d’addictions, un usage intense des écrans expose à des troubles du sommeil et de la vue. C’est en partie dû à la fameuse lumière bleue, qui induit en erreur les récepteurs rétiniens. Stimulés par cette lumière artificielle,ils transmettent un signal de "jour" à l'horloge biologique située dans le noyau suprachiasmatique. Cette confusion chronobiologique inhibe la sécrétion de mélatonine, hormone régulatrice du sommeil, perturbant durablement les cycles circadiens.
La fatigue oculaire, elle, dépend aussi d’un autre phénomène : la réduction du nombre de clignements devant un écran, qui peut être jusqu'à trois fois inférieure. Ce qui provoque sécheresse, irritations et vision floue. Cette fatigue oculaire s'accompagne souvent de céphalées et de tensions cervicales liées à la posture statique prolongée.
Vous l’aurez compris, les écrans ne sont pas forcément les meilleurs amis de notre cerveau. Toutefois, et c’est une bonne nouvelle, ces effets sont réversibles. Notre cerveau possède une remarquable capacité d'adaptation. En reconnaissant les signaux d'alerte et en adoptant des stratégies de déconnexion ciblées, vous pouvez inverser les effets de la surconnexion digitale neurologique et retrouver un équilibre cognitif optimal.
Afficher les sources de cet article
institut-sommeil-vigilance.org
https://10jourssansecrans.org/accueil/outils-partages/
*NordVPN, 2021