Un implant sous-rétinien restaure la vision de personnes atteintes de DMLA
La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) condamne les gens à l’obscurité. Mais cet avenir sombre pourrait bien conserver un peu de lumière grâce à cette prouesse médicale. Son nom : l’implant rétinien. Dans une étude publiée le 20 octobre dans la revue scientifique The New England Journal of Medicine, des chercheurs de l’Inserm, de Sorbonne Université, du CNRS, de l’Institut de la Vision, de l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild et de l’Hôpital national des Quinze-Vingts rapportent que ce dispositif a permis à des patients atteints de cette maladie de retrouver partiellement la vue.
Cette maladie est la principale cause de cécité dans le monde. Elle touche plus de 200 millions de personnes, dont 1,5 million en France. « La DMLA survient généralement après 60 ans. Elle se caractérise par la destruction de la macula, la partie centrale de la rétine, responsable de la vision fine et détaillée : celle qui permet de lire ou encore de reconnaître les visages, alors que la vision périphérique est préservée », explique l’Inserm dans son communiqué.
Des lunettes intelligentes associées à un implant sous-rétinien
L’essai clinique a inclus 38 patients recrutés dans 17 centres de cinq pays européens, dont la France, tous atteints d’une forme atrophique de la maladie. En clair : les cellules de la rétine qui, en temps normal, absorbent la lumière ne fonctionnent plus. L’objectif est simple : utiliser un implant pour remplacer les cellules défaillantes afin de « redonner à l’œil sa capacité à absorber la lumière et à générer un signal électrique qui va ensuite être traité par le cerveau », explique à France Inter José-Alain Sahel, chercheur en ophtalmologie à l’Institut de la Vision et à l’Université de Pittsburgh, aux États-Unis.
Plus concrètement, par l’intermédiaire d’un système nommé Prima, les chercheurs utilisent des lunettes qui captent les images. « Un algorithme améliore les clichés : il peut les grossir jusqu’à douze fois, augmenter le contraste et la luminosité, puis ce flux vidéo est converti en faisceaux de rayons infrarouges, projetés en temps réel sur un implant préalablement greffé sous la rétine », détaille l’étude.
Vers une commercialisation en Europe
Et les résultats sont parlants. Sur la totalité des participants, 32 ont achevé l’étude. « Parmi eux, 81 % ont atteint ce seuil d’amélioration, lisant au moins dix lettres supplémentaires dans le tableau de vision après un an quand ils portaient les lunettes Prima, par rapport à leur vision naturelle, et sans que la vision périphérique s’en trouve modifiée. Et 78 % lisaient au moins quinze lettres de plus avec les lunettes. À un an, 84,4 % des personnes ont déclaré pouvoir lire chez elles des lettres, des chiffres et des mots », précisent les auteurs de l’étude.
« Le bénéfice s’est révélé bien supérieur aux effets indésirables », conclut José-Alain Sahel, auteur principal de cet article et chercheur international. « Jusque-là, d’autres types d’implants sous-rétiniens avaient été développés, apportant un bénéfice bien moindre. C’est la première fois qu’un système permet à des patients ayant perdu la vision centrale de se remettre à lire des mots, voire des phrases, tout en préservant la vision périphérique », conclut-il.
Alors que les résultats sont très prometteurs, la société à l’origine de cet implant demande donc une autorisation de commercialisation en Europe.