Cancer du sein : une étude révèle qu’il est possible d’éviter la radiothérapie après une mastectomie
Faut-il vraiment passer systématiquement par la case radiothérapie après une mastectomie ? Une étude publiée le 5 novembre dans la revue scientifique “The new england journal of medicine” change aujourd’hui la donne et pourrait alléger le parcours thérapeutique de nombreuses femmes. Selon les conclusions des chercheurs « la radiothérapie peut être omise en toute sécurité comme traitement pour de nombreuses patientes atteintes d'un cancer du sein qui ont subi une mastectomie et prennent des médicaments anticancéreux ». Une affirmation qui pourrait remettre en cause des pratiques établies depuis des décennies.
Jusqu’ici, pour les femmes atteintes d’un cancer du sein à un stade précoce, la radiothérapie de la paroi thoracique était presque automatique après l’ablation du sein. Objectif : détruire d’éventuelles cellules cancéreuses résiduelles et diminuer le risque de récidive. Une norme héritée « d’essais menés dans les années 1980, aujourd'hui considérés comme dépassés », ce qui entraînait aussi, selon les spécialistes, « des variations dans son utilisation à travers le monde ».
1 607 patientes suivies pendant dix ans
Mené par l’université d’Édimbourg, l’essai clinique SUPREMO s’est penché sur un groupe précis : des femmes présentant un risque intermédiaire de récidive. Au total, 1 607 patientes originaires de 17 pays ont été suivies : toutes avaient subi une mastectomie, une chirurgie axillaire et recevaient un traitement anticancéreux moderne. Elles ont ensuite été tirées au sort : 808 ont bénéficié d’une radiothérapie, 799 non.
Aucune différence sur la survie globale et le risque de récidive
Dix ans plus tard, le verdict tombe et il est sans appel. « Aucune différence n'a été observée dans la survie globale des patientes », indique l’étude. Le taux de survie est pratiquement identique : 81,4 % avec radiothérapie, 81,9 % sans. Même constat sur la récidive et la propagation du cancer : « la radiothérapie n'avait aucun impact sur la survie sans récidive ni sur la propagation du cancer du sein dans l'organisme ». Seule nuance : une légère différence sur les rechutes locales, avec 9 cas de récidive sur la paroi thoracique dans le groupe radiothérapié, contre 20 dans le groupe non traité. Les effets secondaires ont été jugés « légers » et « aucun décès supplémentaire d'origine cardiaque n'a été signalé ».
Comment expliquer qu’un traitement jusqu’ici considéré comme indispensable puisse finalement ne pas l’être ? Les chercheurs pointent l’évolution spectaculaire des thérapies anticancéreuses. Les améliorations progressives des traitements médicamenteux réduisent désormais fortement les risques de récidive, rendant le gain de la radiothérapie « plus faible qu'on ne le pensait auparavant ».
Une avancée majeure, mais pas pour toutes les patientes
Attention toutefois, préviennent les experts : cette évolution ne concerne pas toutes les patientes. L’étude a porté uniquement sur les cancers du sein à risque intermédiaire. « Les patientes présentant un risque plus élevé de récidive pourraient bénéficier d'une radiothérapie de la paroi thoracique », rappelle l’équipe scientifique.
Reste que ces résultats devraient rapidement faire bouger les lignes. « Ils devraient aider à orienter les discussions sur le traitement », estiment les chercheurs. Concrètement, de nombreuses patientes aujourd’hui orientées vers la radiothérapie pourraient ne plus y être systématiquement adressées. Une annonce synonyme d’espoir, mais aussi de soulagement pour les femmes confrontées à un parcours thérapeutique éprouvant, en leur offrant, peut-être, un traitement plus léger sans compromettre leurs chances de guérison.