Cancer du poumon : les nouveaux médicaments de l'Institut Gustave Roussy pour guérir de la maladie

Publié par Elodie Vaz
le 28/11/2025
Les nouveautés dans le cancer du poumon
Istock
Le mois de novembre touche à sa fin et avec lui la période de sensibilisation au cancer du poumon. À cette occasion, la Dr Pernelle Lavaud, oncologue médicale au sein du comité de pathologie thoracique de Gustave Roussy, est revenue sur les dernières avancées dans le traitement de cette maladie. Décryptage.
 

À l’heure où s’achève le mois de novembre, période de sensibilisation au cancer du poumon, l’Institut Gustave Roussy fait le point sur une maladie qui reste l’une des plus meurtrières. Mais les perspectives changent. L’arrivée de l’immunothérapie depuis une dizaine d’années a transformé le quotidien de nombreux patients, avec des résultats parfois spectaculaires, même dans des formes métastatiques. Aujourd’hui, les équipes médicales continuent d’innover pour prolonger la survie, et, dans le meilleur des cas, viser la guérison. La Dr Pernelle Lavaud, oncologue médicale au sein du comité de pathologie thoracique, détaille les avancées les plus prometteuses.

Injecter le traitement directement dans la tumeur

Jusqu’ici, il était très difficile de délivrer un traitement au cœur même d’une tumeur du poumon, souvent profonde et difficile d’accès. Grâce à un nouvel appareil d’écho-endoscopie bronchique (EBUS), les chercheurs de Gustave Roussy peuvent désormais pratiquer des injections intra-tumorales dans le cadre d’essais cliniques.

Une étude de phase II va débuter chez des patients atteints d’un cancer du poumon localement avancé : elle testera des nanoparticules d’oxyde d’hafnium, capables d’amplifier l’efficacité de la radiothérapie tout en limitant les effets secondaires.

Des immunothérapies de nouvelle génération

L’immunothérapie devient de plus en plus personnalisée. Avec la plateforme ICE de thérapies cellulaires, l’Institut va participer à l’essai IOV-LUN-202. Des lymphocytes infiltrant la tumeur vont être prélevés chirurgicalement chez des patients atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules, cultivés et activés en laboratoire puis réinjectés au patient pour stimuler la réponse immunitaire.

Autre piste très avancée : les anticorps bispécifiques, comme le tarlatamab. Ils ciblent simultanément les cellules immunitaires et cancéreuses pour décupler la réponse du système immunitaire. Dans les cancers du poumon à petites cellules, ce traitement a déjà doublé la survie médiane dans des essais antérieurs. Le programme UNLOCK permet aujourd’hui à certains patients d’y accéder en attendant son autorisation en France, tout en affinant la compréhension des résistances au traitement.

Administrer l’immunothérapie avant la chirurgie

Dans les cancers opérables, les médecins proposent désormais une stratégie thérapeutique dès les stades précoces. L’essai MATISSE teste une association d’immunothérapie avant puis après l’intervention. Résultat : certains patients obtiennent déjà une réponse complète avant l’opération, c’est-à-dire l’absence totale de cellules cancéreuses dans les prélèvements chirurgicaux.

Les nouvelles associations thérapeutiques

Les anticorps conjugués (ADCs) permettent de délivrer la chimiothérapie directement au plus près des cellules tumorales. Les anti-angiogéniques, eux, ciblent les vaisseaux sanguins indispensables au développement de la tumeur.

Les anticorps bispécifiques anti-angiogéniques de nouvelle génération combinent ces deux mécanismes : ils stimulent le système immunitaire tout en freinant l’alimentation de la tumeur. Ils pourraient bénéficier à un plus grand nombre de patients, y compris ceux autrefois exclus en raison d’un risque de saignement. L’essai international HARMONI-3 vise à confirmer leur efficacité avant une éventuelle mise sur le marché.

Dans les cancers du poumon à petites cellules, une autre piste attire l’attention : les ADCs anti-B7H3, qui ciblent une nouvelle protéine tumorale et font l’objet d’essais avancés.

L’espoir des vaccins thérapeutiques

Ces vaccins ne préviennent pas la maladie. Ils sont administrés à des patients déjà atteints pour entraîner le système immunitaire à reconnaître et détruire le cancer. Plusieurs se distinguent actuellement :

  • TEDOPI : vaccin thérapeutique français en phase III à Gustave Roussy, ciblant cinq fragments protéiques associés aux cellules tumorales pour aider le système immunitaire à les reconnaître et à les détruire.
     
  • BNT116 (ARN messager) : stimule les défenses immunitaires contre certaines protéines spécifiques au cancer du poumon.
     
  • UCP-VAX : cible la télomérase, une enzyme fortement active dans les tumeurs. En la ciblant, le vaccin cherche à entraîner le système immunitaire à reconnaître et à attaquer les cellules tumorales.
     
  • PDC-Lung : un vaccin thérapeutique conçu à partir de cellules dendritiques, des cellules du système immunitaire qui aident l’organisme à reconnaître et combattre les cellules cancéreuses.

Vers un dépistage national du cancer du poumon ?

Contrairement au sein, au côlon ou au col de l’utérus, il n’existe pas encore de dépistage national du cancer du poumon en France. Le programme pilote IMPULSION, lancé début 2025, vise à déterminer l’intérêt d’un tel dispositif.

Il prévoit d’inclure 20 000 personnes à haut risque : fumeurs ou ex-fumeurs de 50 à 74 ans, pour un dépistage par scanner thoracique à faible dose, associé à un accompagnement au sevrage tabagique. L’Institut Gustave Roussy sera l’un des centres investigateurs grâce à son programme INTERCEPTION poumon déjà en place. Une biobanque sera également constituée pour étudier les biomarqueurs de risque et de détection précoce.

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