Cancer de l'endomètre : pour la première fois, un traitement rallonge la durée de vie sans rechute
Méconnus et parfois diagnostiqués tardivement, les cancers gynécologiques menacent plus que jamais la santé des femmes. Le plus fréquent, le cancer de l’endomètre, touche environ 8 000 femmes par an, dont 3 000 y perdent la vie. « C’est le seul cancer dont la prévalence et l’incidence augmentent chaque année », déplore, lors d’une conférence de presse le 23 octobre, la Dre Alexandra Leary, oncologue médicale à l’Institut Gustave-Roussy. Après plus de vingt ans sans avancée thérapeutique, une nouvelle option donne enfin de l’espoir aux patientes. Son nom : Jemperli (dostarlimab).
En janvier 2025, cette immunothérapie commercialisée par le laboratoire GSK a obtenu un avis favorable à une extension d’autorisation de mise sur le marché européenne (AMM) en association avec une chimiothérapie par carboplatine et paclitaxel, dans le traitement des patientes adultes atteintes d'une forme avancée nouvellement diagnostiquée ou récidivante. « C’est la première fois que l’immunothérapie est officiellement intégrée à ce stade de la maladie », se réjouit la Dre Alexandra Leary.
Un changement de pronostic pour la moitié des patientes
Cet avis favorable a été possible grâce aux résultats prometteurs de l’essai clinique RUBY de phase 3, randomisé, en double aveugle et multicentrique. Conduit sur 494 patientes atteintes d’un cancer de l’endomètre à un stade 3 ou 4, avec un suivi médian de 36 mois, l’association d’immunothérapie et de chimiothérapie a démontré sa supériorité par rapport au groupe placebo et au traitement standard. « Les résultats sont spectaculaires, avec des patientes qui, après deux ans de traitement, n’ont pas de rechute, et un plateau observé qui laisse espérer que certaines patientes pourront guérir de leur cancer métastatique, ce qui n’a jamais été observé jusqu’à présent avec un traitement standard », se réjouit la spécialiste lors de la conférence de presse.
Les scientifiques observent une amélioration de la survie globale avec une différence de seize mois entre les deux groupes. « Chez environ la moitié des patientes incluses dans l’étude, l’immunothérapie change complètement le pronostic. Un bénéfice impressionnant, en termes de survie sans progression et de survie globale, a été rapporté dans cette population, avec un risque de progression ou de décès réduit de 70 %. »
Vers des traitements sans chimiothérapie ?
L’usage du Jemperli est désormais approuvé en première ligne chez toutes les patientes atteintes d’un cancer de l’endomètre nouvellement avancé ou récidivant, en association avec le carboplatine et le paclitaxel. Faisant suite à l’extension de l’AMM, la Commission de la transparence a rendu un avis favorable au remboursement dans cette indication.
« L’immunothérapie étant très efficace pour beaucoup de patientes, la possibilité de s’affranchir de la chimiothérapie est aujourd’hui étudiée. Nous attendons avec impatience les résultats de l’étude DOMENICA, qui a comparé l'efficacité du dostarlimab en monothérapie versus la chimiothérapie standard chez les patientes dMMR/MSI (deux statuts différents de tumeurs, NDLR), en première ligne », conclut la Dre Alexandra Leary.
Un enjeu majeur de dépistage après la ménopause
Pour rappel, le cancer de l’endomètre survient principalement après la ménopause, une période de la vie où les femmes consultent moins. Ce problème de suivi peut parfois entraîner un risque de diagnostic tardif. Cependant, les symptômes étant principalement des saignements, il reste parmi les cancers gynécologiques les plus souvent diagnostiqués précocement.
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Conférence de presse du 23 octobre 2025 avec le laboratoire GSK.