Cancer de la prostate : les conseils d'un urologue pour le diagnostic

Publié par Elodie Vaz
le 18/11/2025
Cancer de la prostate
Istock
Alors que le mois de novembre est dédié à la santé des hommes à travers l'opération Movember, le professeur Xavier Durand, chef du service d'urologie de l'hôpital Saint-Joseph, fait le point sur le diagnostic et les traitements de cette maladie masculine.
 

Parler de santé n’a jamais été simple pour les hommes. Qu’il s’agisse du cancer, de la santé mentale ou de la sexualité, beaucoup préfèrent se taire… quitte à retarder des consultations pourtant essentielles. C’est pour briser ce tabou que le mouvement Movember est né en 2003. Son objectif : mettre en lumière chaque mois de novembre les maladies masculines trop souvent ignorées. Le cancer de la prostate en fait partie. À l’hôpital Saint-Joseph, une journée entière de sensibilisation lui a été consacrée le 12 novembre.

Avec plus de 50 000 nouveaux cas par an, le cancer de la prostate est le plus fréquent chez l’homme en France. Il représente également la 3ᵉ cause de décès par cancer chez cette population.  « Sa progression est lente, ce qui le rend d’autant plus difficile à détecter. Il peut rester totalement silencieux pendant des années »,  explique le professeur Xavier Durand, chef du service d’urologie de l’hôpital Saint-Joseph. Ces symptômes peuvent être liés à plusieurs facteurs de risque : génétiques avec le gène BRCA2 ou encore environnementaux avec le chlordécone.  « Les personnes d'origines afro-caribéennes sont également plus à risque ».

L’importance d’un diagnostic précoce 

Bien que la forme la plus fréquente soit indolente, certaines personnes sont confrontées à une forme agressive. Un constat qui ne trouve pas toujours d’explications pour l’heure du point de vue des scientifiques. « Les cancers avec le gène BRCA2 sont plutôt agressifs », note le spécialiste. D’où l’importance d’un diagnostic précoce, basé sur le toucher rectal et le dosage du PSA. « Il doit être proposé à partir de 50 ans, ou dès 45 ans en cas d’antécédents familiaux et encore plus tôt pour les personnes porteuses du gène  BRCA2. Passé 75 ans, il n’a plus d’intérêt ».

Une fois le diagnostic posé, la prise en charge dépend de l’évolution de la maladie. « Il existe de nombreux traitements parce que ce cancer est très hétérogène », souligne le professeur Durand. Première option : la surveillance active, qualifiée de « sorte de bracelet électronique » pour observer son évolution. « Si le cancer progresse, on intervient » . Pour les risques intermédiaires, la chirurgie occupe une place importante. Elle permet d’analyser précisément le tissu. « Elle a bénéficié de la robotisation, avec une meilleure précision du geste et une récupération plus rapide. » La radiothérapie peut également être combinée à une chimiothérapie. Dans les formes métastatiques, l’hormonothérapie et la chimiothérapie sont utilisées.

Sexualité, continence : accompagner sans tabou

La chirurgie n'est pas sans conséquences, notamment sur la sexualité et la continence. « La continence n’est plus vraiment un problème avec nos techniques chirurgicales : plus de 95 % des patients la retrouvent à 6 mois », rassure le professeur Durand. Les personnes diabétiques, obèses ou présentant une hypertrophie prostatique mettent parfois plus de temps à récupérer.  « En revanche, les troubles de l’érection restent plus fréquents en raison de la proximité de nerfs difficiles à épargner ». Pour accompagner les patients, l’hôpital Saint-Joseph propose une séance de formation animée par un kiné et une sexologue, ouverte au couple, avec un protocole de réhabilitation pour ceux qui le souhaitent.

Intelligence artificielle et imagerie nucléaire : l’avenir du diagnostic

L’avenir, lui, s’annonce riche en innovations. L’intelligence artificielle s’invite déjà dans le diagnostic avec la lecture automatisée de l’IRM et l’analyse des cellules. En chirurgie, la robotique continue de se perfectionner. L’imagerie nucléaire progresse également avec le TEP-scan PSMA, précieux pour localiser précisément les cellules cancéreuses. Et demain ? Des essais cliniques visent à associer diagnostic et traitement : un radiotraceur permettrait à la fois de repérer et de détruire les cellules tumorales. Pour l’instant réservé aux cancers métastatiques, le dispositif affiche des résultats prometteurs.

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Interview avec le professeur Durand, chef de service d'urologie de l'hôpital Saint-Joseph.

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