Antibiotiques : l’OMS estime que 39 millions de décès seront imputables à la résistance aux antimicrobiens d’ici 2050

Publié par Elodie Vaz
le 13/10/2025
Antibiorésistance
Istock
L’Organisation mondiale de la santé alerte, dans son rapport annuel publié le 13 octobre, sur la montée en puissance de l’antibiorésistance. Une épidémie silencieuse qui pourrait coûter la vie à 39 millions de personnes d’ici 2050 sans nouveaux traitements.

Elle est surnommée « l’épidémie silencieuse » et suscite l’inquiétude de nombreux scientifiques. Son nom : la résistance aux antimicrobiens (RAM). Dans son rapport annuel rendu public ce lundi 13 octobre 2025, l’Organisation mondiale de la santé alerte sur la montée croissante de cette résistance, responsable de la mort d’un million de personnes par an. « Elle a augmenté pour plus de 40 % des médicaments que l’on surveille. C’est très préoccupant », explique Yvan Hutin, médecin, épidémiologiste et directeur du département Surveillance, prévention et contrôle de l’antibiorésistance de l’OMS.

L’agence onusienne estime que 5 à 15 % de cette résistance augmentent chaque année. « Plus de 40 % des E. coli et plus de 55 % des K. pneumoniae dans le monde sont aujourd’hui résistantes aux céphalosporines de troisième génération, le traitement de choix de ces infections », s’inquiète le Dr Yvan Hutin. Dans certains pays d’Afrique, cette résistance dépasse les 70 %.

Des infections qui se soignaient bien sont désormais mortelles 

Résultat : des infections qui, auparavant, se soignaient bien sont désormais mortelles. « En 2021, les infections dues aux bactéries ont tué près de huit millions de personnes », rappelle le Dr Silvia Bertagnolio, responsable de la surveillance de la résistance aux antimicrobiens à l’OMS.

L’utilisation abusive des antimicrobiens chez l’être humain, l’animal et les plantes est le principal facteur de cette résistance. « La grande majorité des antibiotiques sont destinés aux animaux pour prévenir les infections et peuvent se transmettre à l’homme par l’eau et l’alimentation », explique sur Medisite Clémentine Delan-Forino, microbiologiste et chercheuse au CNRS.

La recherche au ralenti 

Le manque d’innovation thérapeutique est pointé du doigt par l’autorité sanitaire. La RAM « s’aggrave, mais le nombre de nouveaux traitements et de diagnostics en développement est insuffisant pour contrer la propagation des infections bactériennes résistantes aux médicaments », alerte notamment Yukiko Nakatani, directrice générale adjointe de l’OMS.

En 2023, l’OMS recensait 97 antimicrobiens en phase de développement clinique. En 2025, ce nombre a diminué de sept points. « Parmi les 90 antibactériens en développement, seulement 15 sont qualifiés d’innovants. Pour dix d’entre eux, les données disponibles sont insuffisantes pour confirmer l’absence de résistance croisée, ce qui signifie que la résistance à un antibactérien pourrait également réduire l’efficacité d’un autre traitement », ajoute l’agence dans son communiqué.

L’OMS appelle à réduire notre consommation d’antibiotiques

« Sans un investissement accru dans la recherche et le développement, et sans des efforts ciblés pour que les nouveaux produits et les produits existants atteignent ceux qui en ont le plus besoin, les infections résistantes aux médicaments continueront de se propager », a-t-elle ajouté.

En attendant une accélération de la recherche, pour freiner cette antibiorésistance, l’autorité sanitaire internationale nous demande à tous de réduire notre consommation d’antibiotiques.

Il est également nécessaire d’être vigilant quant à nos habitudes alimentaires pour en limiter l’impact, notamment en évitant de consommer de la viande et du poisson issus de l’élevage.

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