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Les Français ne mangent pas assez de fibres alimentaires : 87 % d’entre eux en consomment moins de 25 g par jour, se situant en-deçà des recommandations du programme national nutrition santé.

Les fibres alimentaires occupent une place encore trop timide dans l’assiette, privant les Français de leurs puissants atouts santé : ces glucides complexes présents naturellement dans les aliments d’origine végétale, qui ne sont ni digérés, ni absorbés dans l’intestin grêle, jouent en effet un rôle dans la digestion. Alliées des intestins, elles régulent le transit et impactent bénéfiquement le microbiote intestinal, participant à son équilibre. Plusieurs études ont aussi montré qu’elles contribuaient à protéger l’organisme de maladies cardiovasculaires.

Manque de fibres : un risque de cancer

A l’inverse, un déficit en fibres entrave non seulement le bon fonctionnement intestinal, mais peut avoir une incidence sur la santé globale, et favoriser certaines pathologies, comme le cancer. Selon des données de 2018 du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC 2018), 4 723 nouveaux cas de cancers sur les 346 000 nouveaux cas déclarés en France en 2015 seraient imputables à une consommation trop faible en fibres, rappelle le réseau Nacre de l’Inrae.

Un régime alimentaire trop pauvre en fibres peut aussi offrir un terrain propice au développement de maladies cardiovasculaire s. Une nouvelle étude française, parue le 31 octobre 2023 dans la revue Cell report, nous en fournit un nouvel exemple. Elle met en évidence un lien entre cette carence alimentaire et un risque accru d’athérosclérose. Cette maladie cardiovasculaire se caractérise par le dépôt d’une plaque d’"athérome", composée de lipides, sur la paroi des artères.

L’athérosclérose peut entraîner des complications graves voire mortelles : en cas de rupture des plaques, il peut se former un caillot sanguin qui bloque la circulation sanguine et entraîne une ischémie (un défaut d’apport sanguin) à risque dinfarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral (AVC), selon l’artère concernée.

Peu de fibres et trop de gras agresse les intestins et les artères

Les chercheurs de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et d’Université Paris Cité faible se sont intéressés à l’impact du manque de l’alimentation et du manque de fibres sur le microbiote intestinal en se basant sur un modèle de souris.

L’équipe dirigée par Soraya Taleb, directrice de recherche Inserm au sein du Paris Centre de recherche cardiovasculaire (Inserm/Université Paris Cité), a analysé sur ces rongeurs l’influence d’un régime gras et pauvre en fibres sur le microbiote intestinal, ainsi que son impact sur l’athérosclérose.

Pour cela, les scientifiques ont comparé les effets de plusieurs régimes alimentaires sur le métabolisme, le microbiote intestinal et le développement de l’athérosclérose.

Une augmentation des marqueurs de maladies cardiovasculaires

Sans surprise, les souris soumises à un régime riche en graisses et pauvre ont affiché une augmentation des facteurs de risque cardiovasculaires, à l’instar d’une prise de poids importante, une hyperglycémie, une résistance à l’insuline, augmentation du poids du foie et de son contenu en triglycérides.

Une carence en fibres facteur d’inflammation

Plus intéressant encore, ils ont découvert qu’une alimentation insuffisante en fibres et trop grasse, pouvait déséquilibrer le microbiote intestinal. Ce bouleversement serait lui-même à l’origine "d’une inflammation systémique", qui aggraverait, par ricochets, le développement des plaques d’athérosclérose dans les artères.

Précisément, ce déséquilibre du microbiote intestinal accentuerait différentes manifestations de l’athérosclérose. Parmi celles-ci : un accroissement de la taille des plaques d’athérome dans l’aorte, ainsi qu’un phénomène inflammatoire systémique. Signe de cette inflammation, le nombre des cellules immunitaires, ayant migré des intestins, pour se loger dans ces plaques était en augmentation.

Les fibres, primordiales pour la santé des intestins et des artères

"Ces résultats indiquent que, chez les souris soumises au régime gras, un microbiote intestinal pathologique accélère le développement de l’athérosclérose, a réagi Soraya Taleb, auteure de l’étude, dans un communiqué. (…) Plus que sa forte teneur en graisses, c’est la faible quantité de fibres (…) qui est à l’origine du déséquilibre du microbiote et donc de l’aggravation de l’athérosclérose". Pour la chercheuse, le constat est clair : "Cela appuie encore davantage l’idée d’un rôle primordial des fibres dans la structuration d’un microbiote sain et dans la prévention des maladies inflammatoires systémiques comme les maladies cardiovasculaires".

Une supplémentation en fibres a permis d’inverser les effets constatés.
Cette étude confirme l’importance de consommer suffisamment d’aliments riches en fibres, en misant sur les légumes et les fruits mais aussi sur les aliments céréaliers complets (céréales complètes, pains complets, pâtes et riz complets, etc) les légumes secs (lentilles, pois chiches, haricots…).

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