Marcher un peu chaque jour pourrait freiner la maladie d’Alzheimer
Et si une simple marche quotidienne aidait votre cerveau à se défendre contre la maladie d’Alzheimer ? C’est ce que suggère une étude publiée le 3 novembre 2025 dans la revue scientifique Nature Medicine, et menée par une équipe du Mass General Brigham et de la Harvard Medical School. Selon ces travaux, « les personnes plus actives réduisaient leur risque de déclin cognitif jusqu’à 54 % ».
Les chercheurs ont suivi près de 300 personnes âgées, encore en bonne santé mentale, mais présentant un risque accru de développer la maladie d’Alzheimer. Leur cerveau montrait déjà la présence de plaques amyloïdes, ces amas de protéines caractéristiques de la maladie. Ces dépôts endommagent les neurones liés à la mémoire et, à terme, entraînent l’apparition d’une autre protéine, la tau, toxique pour les cellules nerveuses.
Pendant environ neuf ans, l’équipe dirigée par la neurologue Dr Wai-Ying Wendy Yau a observé comment l’activité physique influençait cette évolution. Les participants portaient un podomètre, permettant de mesurer précisément le nombre de pas quotidiens, tandis que des techniques d’imagerie cérébrale suivaient l’évolution des protéines amyloïde et tau.
Dès 3 000 pas par jour, des effets visibles
Les résultats sont impressionnants : marcher seulement 3 000 pas par jour, soit une trentaine de minutes de marche tranquille, suffisait déjà à ralentir le déclin cognitif et fonctionnel chez les personnes les plus sédentaires. « Nous montrons que l’amyloïde et l’activité physique semblent agir conjointement pour influencer la protéine tau et le déclin cognitif », explique dans les colonnes du Time le Dr Yau. « Et chez les personnes qui présentent des taux élevés d’amyloïde dans le cerveau et qui sont plus exposées au risque de développer une protéine tau et un déclin cognitif, mais qui ne présentent encore aucun symptôme, notre étude montre qu’une activité physique intense pourrait ralentir la progression de la maladie », ajoute-t-elle.
Les données révèlent que les participants les plus actifs ont réduit leur déclin cognitif jusqu’à 54 % par rapport aux plus inactifs. Le déclin fonctionnel (la capacité à s’habiller, à cuisiner ou à s’occuper de soi) a, lui, ralenti jusqu’à 51 %.
L’espoir d’une prévention accessible
« L’amyloïde permet d’évaluer si une personne est sur la voie de la maladie d’Alzheimer. Mais même avec ce facteur de risque élevé, ces résultats suggèrent que l’activité physique peut moduler le lien entre l’amyloïde et la protéine tau », résume au média américain, le Dr Jasmeer Chhatwal, co-auteur de l’étude. Autrement dit, bouger pourrait atténuer l’effet destructeur des plaques sur les fonctions cognitives.
L’effet bénéfique s’observe surtout chez les personnes inactives qui se mettent à marcher. « C’est encourageant, car ce sont ces personnes qui présentent le risque le plus élevé de déclin cognitif rapide », précise le Dr Chhatwal. Les chercheurs notent toutefois que les gains atteignent un plateau. Au-delà de 5 000 à 7 500 pas par jour, le ralentissement du déclin ne progresse plus vraiment.
Pas un remède miracle, mais un levier
Les auteurs insistent, il ne s’agit pas d’un traitement miracle. « L’exercice physique devrait faire partie intégrante de toute stratégie de prévention », expliquent-ils. Combinée aux nouveaux médicaments qui ciblent les dépôts amyloïdes, une activité régulière pourrait renforcer la lutte contre la progression d’Alzheimer.
Les progrès des tests de détection, comme la TEP ou les analyses sanguines, permettront bientôt d’identifier plus tôt les personnes à risque. Et leur donner la possibilité d’agir avant les premiers symptômes.
« Ces résultats responsabilisent les gens et leur font comprendre qu’il n’y a pas de lien inévitable entre le diagnostic de la maladie d’Alzheimer et un déclin cognitif rapide. Ces résultats confirment que les facteurs liés au mode de vie n’ont pas nécessairement qu’une influence marginale sur le processus global de la maladie d’Alzheimer, mais qu’ils peuvent avoir un effet profond sur la manière dont l’amyloïde entraîne un déclin cognitif », conclut le Dr Chhatwal.
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https://www.nature.com/articles/s41591-025-03955-6
https://time.com/7330730/walking-exercise-alzheimers-disease/