Se parler, s’écouter, se comprendre : la méthode d'un thérapeute pour désamorcer les tensions lors d'un conflit

Publié par Elodie Vaz
le 16/11/2025
Comment désamorcer un conflit ?
Istock
Dans n’importe quelle relation, la dispute est nécessaire. Mais lorsqu’elle devient stérile, le message peine à passer. Pour se libérer de ce blocage, Jérôme de Béthune, médiateur, thérapeute de couple et facilitateur relationnel donne des conseils dans l'émission de radio Belge Tendances Première.
 

Tout commence souvent par un rien qui fait déborder le vase. Une assiette oubliée dans l’évier, des vêtements qui traînent ou un message laissé sans réponse. Des détails du quotidien qui, à force de s’accumuler, peuvent mettre le feu aux poudres. "La mécanique du conflit, ça commence par un petit reproche, et parce qu’on n’en fait rien, ça monte", explique le thérapeute Jérôme de Béthune dans l’émission de radio Belge Tendances Première début novembre.

Ces tensions s’enclenchent souvent à cause de mots qui blessent : un "tu fais toujours" ou un "tu ne fais jamais". Ces formules, anodines en apparence, sont en réalité des détonateurs émotionnels. La communication se crispe, la dispute devient un conflit. Une distinction essentielle. "La dispute touche au quotidien, le conflit atteint les valeurs profondes", explique le spécialiste. "Plus tôt on regarde ce qui se passe, plus tôt on peut désamorcer ce qui, au départ, n’était qu’une chaussette qui traîne", ajoute-t-il.

Le conflit, un signal plutôt qu’une impasse

Plutôt que de le fuir, Jérôme de Béthune invite à regarder le conflit comme un indicateur de déséquilibre. "La situation dans laquelle on est, que ce soit au travail ou à la maison, indique qu’il y a quelque chose qui n’est pas satisfaisant, ni pour l’un ni pour l’autre, et qui demande à changer." 

D’ailleurs, la racine même du mot "conflit" renvoie au mouvement. "C’est un peu comme faire du vélo. Si vous n’avancez pas, vous tombez. Et donc, rester dans le conflit, ce serait un peu comme perpétuellement tomber de son vélo et rester un peu dans la souffrance."

Pour lui, ce moment de tension peut devenir un moteur de changement, à condition d’y mettre de la curiosité et de l’empathie. Se demander ce que vit l’autre, se mettre quelques instants à sa place, permet d’ouvrir un espace de dialogue plutôt qu’un champ de bataille.

Se parler vraiment

Premier réflexe à adopter : se parler en vrai. À l’heure où nos échanges passent souvent par des SMS ou des e-mails, les incompréhensions se multiplient. Une phrase mal interprétée, un ton mal perçu, et la situation s’envenime. "Dans un monde numérique où les messages peuvent amplifier les tensions, prendre le temps de se retrouver face à face permet d’éviter les malentendus et de créer un vrai espace d’échange", rappelle le thérapeute.

Écouter avant de répondre

Mais parler ne suffit pas. Encore faut-il savoir écouter. Jérôme de Béthune propose un exercice simple et redoutablement efficace : la reformulation. "Je n’ai le droit de reprendre la parole que quand j’ai réussi à reformuler ce que vous avez dit de façon complète et satisfaisante pour vous." Cette technique oblige à ralentir, à suspendre le réflexe de répondre trop vite, à véritablement entendre ce que l’autre veut dire.

Cette écoute active transforme le rapport de force en collaboration. "Sans cette écoute, la parole devient un instrument de pouvoir", prévient-il. Chacun cherche alors à convaincre plutôt qu’à comprendre. À l’inverse, la reformulation crée les conditions d’un vrai dialogue, où chacun se sent entendu avant de chercher à avoir raison.

Du conflit au lien

Finalement, transformer un conflit, c’est moins une question de méthode qu’une posture. Accepter de quitter le terrain du reproche pour celui de la relation. Derrière chaque tension, il y a une tentative, parfois maladroite, d’être reconnu, compris ou respecté. Et si la prochaine fois qu’une chaussette traîne, on y voyait non pas une provocation, mais une occasion d’échanger autrement ?

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