Coronavirus : comment acceder a la teleconsultation ?

Le coronavirus continue de tisser sa toile en France. À l'heure où nous écrivons ces lignes, on compte plus de 1 000 cas dans l’Hexagone. Face à cette situation alarmante, le ministre de la Santé a fait part lors de son point presse, dimanche 8 mars 2020 au soir, de sa volonté d’assouplir les conditions de l’utilisation de la télémédecine. Le but ? Faciliter le recours à la téléconsultation afin que les malades évitent de contaminer la salle d’attente de leur médecin traitant et surtout pour orienter les patients plus rapidement.

"Chaque patient pourra avoir accès à une téléconsultation quand il en aura besoin", a annoncé le ministre de la Santé, Olivier Véran.

"Nous recommandons à chaque patient de passer par son médecin traitant pour assurer sa prise en charge et son suivi, néanmoins dans les cas où celui-ci ne serait pas disponible, j'ai décidé de lever l'obligation de passer par son médecin traitant et d'avoir eu une consultation présentielle les douze mois avant la consultation à distance". En effet, en principe, on ne peut réaliser une téléconsultation qu’avec son médecin traitant, et celui-ci doit avoir été rencontré en consultation classique au moins une fois, au cours de l’année écoulée.

Néanmoins aucune date n'a pour le moment été communiquée. Contacté par Medisite, le Ministère de la Santé n'a fourni aucune information plus précise.

Qu’est-ce que la téléconsultation ? Comment peut-elle vous aider à lutter contre le coronavirus ? Comment y accéder ? Quelles sont les modalités de remboursement ? Et surtout, pouvez-vous vous y fier ? Toutes ces questions, nous les avons posé à au Dr Elsa Benitah, médecin généraliste. Réponse dans notre diaporama.

Téléconsultation : qu’est-ce que c’est ?

Autorisée depuis le 15 septembre 2018, la téléconsultation permet tout simplement de consulter un médecin ou professionnel de la santé, depuis votre domicile, via un écran (tablette, ordinateur ou smartphone). "Tout médecin, quelle que soit sa spécialité, peut désormais proposer à ses patients de réaliser une consultation à distance, pour toute situation médicale qu’il jugera adaptée", précisait la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM).

Cette pratique sera facturée au même tarif qu’une consultation en cabinet, dans le montant varie de 23 à 58,50, selon la spécialité, et pris en charge par la Sécurité Sociale à hauteur de 70 %, et par les complémentaires pour les 30 % restant.

Depuis le 15 septembre 2018, de nombreuses plateformes de téléconsultation ont vu le jour : Livi, Qare, HelloConsult, et aussi Doctolib, qui a lancé sa plateforme dédiée.

Comment ça marche ?

Le principe est simple : la téléconsultation est réalisée par un médecin à distance d’un patient et s’effectue par vidéo (critère essentiel pour être pris en charge par l’Assurance Maladie). Normalement, le médecin doit déjà connaître le patient et lui a partagé un lien, l’invitant à se connecter sur un site sécurisé via un ordinateur, une tablette équipée d’une webcam. Vous pouvez donc consulter votre médecin depuis votre salon.

À l’issue de la téléconsultation, votre médecin peut établir une ordonnance, transmise au format papier (par courrier postal) ou électronique. Les soins prescrits sont pris en charge dans les conditions habituelles.

Les téléconsultations, peuvent-elles remplacer les consultations classiques ?

Les téléconsultations ne pourront pas remplacer les consultations classiques. En effet, toujours selon la CNAM, "les consultations complexes ne peuvent se faire sans un examen physique du patient". De plus, le patient "téléconsulte" un médecin qu’il connaît déjà, lequel a donc accès à son dossier médical. Et lorsqu’une personne nécessite un certificat de pratique sportive ou un arrêt de travail, cette dernière doit toujours se déplacer en cabinet.

C’est à ce niveau que le gouvernement souhaite désormais simplifier la pratique. Pour faire face à la menace du coronavirus, le ministre de la santé souhaite que tout le monde puisse téléconsulter, et ce, même un autre praticien que son médecin traitant.

Coronavirus : comment accéder à la téléconsultation

1/5
Coronavirus : comment accéder à la téléconsultation ?

"Pour avoir accès al téléconsultation, il faut, avant tout, avoir accès à un ordinateur ou un smartphone et à une connexion Internet pour télécharger une application de téléconsultations. Pour ma part, j'utilise Maiia, mais il y en a plusieurs sur le marché", partage le Dr Elsa Benitah, médecin généraliste basée au Le Kremlin-Bicêtre (Va-de-Marne, 94)

Vous avez plusieurs manières d'accéder à la téléconsultation.

Pour téléconsulter, vous pouvez prendre rendez-vous auprès d'un médecin comme d'habitude, en spécifiant qu'il s'agit d'une consultation en ligne. Avant l’heure de rendez-vous, le praticien vous enverra un lien Internet qui vous dirige vers un site ou une application, depuis un ordinateur (ou une tablette) équipé d’une webcam et connecté à Internet. La téléconsultation peut se faire seul, à n’importe quel endroit.

La consultation en ligne se déroulera comme une consultation classique : votre médecin vous posera les mêmes questions que si vous étiez physiquement à ses côtés.

Autre possibilité : rendez-vous directement sur une plateforme qui propose la téléconsultation. On cite Doctolib, mais aussi HelloConsult, Qare ou Livi. Il vous suffit ensuite de vous créer un compte. Vous aurez ainsi accès à la liste de médecins consultables en ligne. 

Si en principe, vous ne pouvez téléconsulter que votre médecin traitant, ou un praticien que vous avez rencontré en cabinet au moins une fois, le ministre de la santé souhaite lever cette règle dans le cadre de la lutte contre le coronavirus afin d'être orienté plus vite et de limiter les risques de propagation en salle d'attente. Dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, vous devriez pouvoir téléconsultez un médecin dès que le besoin s'en présente.

"Pour ma part, j'effectue des téléconsultations depuis déjà quelques mois, nous déclare le Dr Benitah". Habituellement, la praticienne utilise cette pratique pour communiquer des résultats de radiologie ou biologie.

"Depuis peu, nous nous organisons différemment en raison du coronavirus, ajoute-t-elle. Nous avons placé une affiche devant l’entrée du cabinet recommandant aux patients présentant des symptômes viraux de prendre rendez-vous en ligne pour des téléconsultations de façon à éviter la propagation du virus dans la salle d'attente et le risque pour nos patients les plus fragiles".

Un diagnostic à distance, est-il fiable ?

2/5
Coronavirus : comment accéder à la téléconsultation ?

"Ni la téléconsultation, ni la consultation classique, ne peuvent diagnostiquer à elles seule un coronavirus, clarifie le Dr Benitah, médecin généraliste. Le coronavirus implique, pour la plupart du temps, les mêmes symptômes que la grippe. On ne peut donc faire de distinguo, sauf si une prise de sang est réalisée".

"Lorsqu'on a une forte suspicion via une téléconsultation, on va contacter le 15 pour leur transmettre nos doutes. Et si les régulateurs envisagent une prise en charge et un test de diagnostic à l'hôpital, le patient sera transféré avec une ambulance".

L'intérêt de la téléconsultation ? "Éviter de faire venir les patients en cabinet et risquer de contaminer la salle d'attente !, explique le médecin généraliste. En outre, grâce à la téléconsultation, on peut aussi surveiller les patients confinés à domicile et suivre leur évolution. En effet, le coronavirus commence souvent par des symptômes bénins qui finissent néanmoins par s'aggraver".

Concrètement : "la téléconsultation permet de questionner le patient : quelles sont les symptômes ? A-t-il récemment voyagé dans une zone à risque ?, décrit le Dr Benitah. Et donc, d'avoir des suspicions. Mais elle ne pourra jamais établir de diagnostic". 

Téléconsultation : comment se faire rembourser ?

3/5
Coronavirus : comment accéder à la téléconsultation ?

"Avant de téléconsulter, le patient remplit son identité, numéro de sécurité sociale et son numéro de carte bancaire, nous décrit le Dr Benitah, médecin généraliste. En fin de consultation, il sera donc prélevé du montant habituel d'une consultation, soit 25 euros".

"Concernant le remboursement, il se fait automatiquement une fois que le médecin aura télétransmis la consultation à la sécurité sociale". En principe, elle vous rembourse la consultation à hauteur de 70 %. C'est votre complémentaire santé qui prend en charge les 30 % restant.

En revanche, à première vue, vous ne pourrez pas obtenir d'arrêt de travail en ligne. "A ce jour, nous ne pouvons pas délivrer d'arrêt de travail en téléconsultation. Mais je pense qu'au vu des annonces du ministre de la santé d'hier, cela devrait changer", estime le Dr Benitah.

Téléconsultation : quelles sont les limites ?

4/5
Coronavirus : comment accéder à la téléconsultation ?

"Ce système de téléconsultation a plusieurs limites, met en garde le Dr Benitah. D'une part, certains patients ne peuvent pas avoir accès à ce service du fait de la barrière de la langue ou d'un âge avancé ne leur permettant pas d'utiliser un smartphone ou un ordinateur".

"Par ailleurs, une téléconsultation ne remplace pas un examen clinique. Elle n'est donc pas toujours pertinente lorsque les symptômes sont inquiétants". Dans ce cas de figure, le praticien sera obligé de fournir un autre rendez-vous en cabinet (ou d'appeler le 15 s'il soupçonne le coronavirus).

En effet, comme expliqué précédemment, le diagnostic de coronavirus n'est pas possible en téléconsultation. Et de manière générale, les consultations complexes ne peuvent se faire sans un examen physique.

Autre limite non négligeable : en téléconsultation, "nous ne pouvons pas délivrer d'arrêt de travail en ligne, déplore le Dr Benitah. Alors que les patients qui téléconsultent en ont souvent besoin. Mais je pense qu'au vu des annonces du ministre de la santé d'hier, cela devrait changer".

Voir la suite du diaporama

Vidéo

5/5

Vidéo : Coronavirus : comment marche la téléconsultation ?

 
Sources

Merci au Dr Elsa Benitah, médecin généraliste

Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.

Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.