Jeûne intermittent : un régime qui nuit à la fertilité des femmes ?Istock

Jeûner pourrait-il nuire à la fertilité des femmes ? C’est en tout cas l’hypothèse avancée par des chercheurs de l’université de l’Illinois à Chicago (États-Unis) dans une étude publiée le 6 octobre dernier dans la revue Obesity. S’il s’est avéré efficace pour perdre du poids, pratiquer le jeûne intermittent pourrait impacter les hormones reproductrices des femmes.

Les chercheurs américains ont en effet constaté que le niveau de déhydroépiandrostérone (DHEA), une hormone que les cliniques de fertilité prescrivent pour améliorer la fonction des ovaires et la qualité des ovules, était significativement plus faible (-14 %) chez les femmes ayant effectué le jeûne alimentaire que chez celles ayant mangé normalement, peu importe qu’elles soient ou non ménopausées. Ils ont en revanche constaté l’effet positif que cela avait sur leur poids : les femmes ayant suivi le régime ont perdu 3 à 4% de leur poids initial.

Jeûne intermittent : une baisse de 14% de DHEA

En pratique, les chercheurs ont suivi un groupe de femmes obèses pré et post-ménopausées pendant une période de huit semaines. Des femmes qui suivaient la méthode de jeûne intermittent baptisé le "régime guerrier" et qui consiste à avoir une fenêtre d’alimentation réduite de 4 ou 6 heures par jour.

Ce mode de jeûne alimentaire consiste en effet à avoir une fenêtre d'alimentation limitée dans le temps de quatre heures par jour, pendant laquelle les personnes peuvent manger sans compter les calories avant de reprendre un jeûne hydrique durant lequel elles ne boivent que de l’eau jusqu'au lendemain.

Les chercheurs ont mesuré les différences de niveaux d'hormones des participants à l’expérience grâce aux données fournies par leurs échantillons sanguins. Objectif : comparer les taux d’hormones entre le groupe de personnes faisant le jeûne intermittent et le groupe témoin qui ne suivait aucune restriction alimentaire.

L’étude, dirigée par Krista Varady, professeur de nutrition à l’université de l’Illinois à Chicago l'UIC, a démontré que la déhydroépiandrostérone ou DHEA, une hormone que les cliniques de fertilité prescrivent pour améliorer la fonction ovarienne et la qualité des ovules, était significativement plus faible chez les femmes pré-ménopausées et post-ménopausées pratiquant le jeûne alimentaire, à la fin de l'essai, avec une baisse d'environ 14%. Bien que la baisse des niveaux de DHEA soit le résultat le plus significatif de l'étude, chez les femmes pré et post-ménopausées, les chercheurs rappellent que les niveaux de DHEA sont restés dans la fourchette normale à la fin de la période de huit semaines.

Fertilité : baisse d'hormone identique chez les jeunes femmes ?

"Cela suggère que chez les femmes pré-ménopausées, la baisse mineure du taux de DHEA doit être mise en balance avec les avantages avérés de la réduction de la masse corporelle en matière de fertilité", a déclaré Krista Varady. "La baisse des taux de DHEA chez les femmes ménopausées pourrait être inquiétante car la ménopause entraîne déjà une baisse spectaculaire des œstrogènes, et la DHEA est un composant primaire des œstrogènes.

Cependant, une enquête menée auprès des participantes n'a signalé "aucun effet secondaire négatif associé à une faible quantité d'œstrogènes après la ménopause, comme un dysfonctionnement sexuel ou des modifications de la peau". Cette étude révélant l'impact du jeûne intermittent sur les hormones reproductives des femmes pré-ménopausées et post-ménopausées pose également question sur les conséquences que ce mode d’alimentation pourrait avoir sur la fertilité des femmes plus jeunes.

Sources

Effect of time-restricted eating on sex hormone levels in premenopausal and postmenopausal females, Obesity, 6 octobre 2022. 

https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/oby.23562

How intermittent fasting affects female hormones, Obesity, 25 octobre 2022.

https://www.sciencedaily.com/releases/2022/10/221025150257.htm 

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