4 clés de cardiologue pour échapper à l’infarctus et l’AVCAdobe Stock
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L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) rappelle que les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité dans le monde. Elles provoquent 31 % des décès prématurés et ces chiffres progressent chaque année..

Parmi elles, on retrouve un ensemble de pathologies qui affectent le cœur et les vaisseaux sanguins. Les maladies cardiovasculaires peuvent concerner les artères coronaires qui alimentant le muscle cardiaque (angine de poitrine, infarctus du myocarde…), le muscle cardiaque et les valves du cœur, l’insuffisance cardiaque, l’hypertension artérielle… ou encore l’accident vasculaire cérébral, mieux connu sous le nom d’AVC (dû à une hémorragie, un hématome ou une atteinte ischémique d’une artère du cerveau ou une embolie d’une artère cérébrale, le plus souvent d’origine cardiaque).

Adopter un mode de vie protecteur est le meilleur moyen de vous prémunir contre ces pathologies. Si l’âge, le sexe et les antécédents familiaux peuvent jouer un rôle dans la survenue des maladies cardiaques, miser sur les bonnes habitudes – notamment en matière d’alimentation – sera votre meilleure arme, nous explique le Dr Michel de Lorgeril, médecin et chercheur au CNRS, spécialiste en cardiologie et auteur de Comment échapper à l’infarctus et à l’AVC (éd. Thierry Souccar).

« Avec mon équipe, nous travaillons depuis 40 ans sur les modèles alimentaires qui permettent de réduire les risques de maladies cardiaques », nous partage l’expert.

Internationalement reconnu pour ses recherches sur les bienfaits de la diète méditerranéenne dés la fin des années 1980 [la célèbre Lyon Diet Heart Study ou Etude de Lyon], il nous fait partager les clés d’un mode vie qui éloigne les cardiopathies.

Le régime méditerranéen, "point crucial de la prévention cardiovasculaire"

« Ce n’est pas seulement contre les maladies cardiaques que le régime méditerranéen porte ses fruits. Notre équipe a mis en exergue ce modèle alimentaire dans les années 90. Lorsque nos résultats sont parus entre 1994 et 1999, nous n’avons pas été pris aux sérieux, se souvient le Dr de Lorgeril. Mais avec le temps, c’est devenu la méthode standard. Nous avons démontré que réduire le cholestérol n’était pas utile pour se prémunir contre les maladies cardiaques. Ce sont les caillots générés par une tendance à l’hypercoagulation qui bouchent les artères, pas le cholestérol. Ce qu’il faut, c’est adopter le régime méditerranéen ».

Certes, comme le Dr de Lorgeril l’explique dans son livre, il faut aussi savoir identifier une prédisposition héréditaire (génétique) à l’hypercoagulation et la neutraliser, généralement avec un médicament approprié.

Depuis, de nombreuses études ont prouvé les vertus du régime méditerranéen pour le cœur mais aussi pour prévenir les cancers, le diabète, l’obésité et les maladies du cerveau. « Il y a moins de cancers dans les régions qui misent sur le régime méditerranéen. C’est le modèle ‘bonne santé’ », ajoute le spécialiste.

Le régime méditerranéen repose sur les aliments consommés fréquemment dans les zones méditerranéennes. Incluant de nombreux produits d’origine végétale, locaux et non transformés, il est considéré comme le meilleur régime à adopter en 2022.

Les aliments phares du régime méditerranéen

« C’est un modèle qui comporte une multitude d’aliments qui, ensemble, vont vous aider à lutter contre les maladies cardiaques. Il suffit de connaître les pays méditerranéens pour les identifier. Si on veut citer les aliments phares, on retrouve la matière grasse idéale, l’huile d’olive, le blé pour l’apport en énergie, les produits de la mer (les poissons gras comme la sardine, le thon, le bar, la daurade, les anchois…), les légumes, les légumineuses et les fruits. Les méditerranéens mangent des fruits de saison et surtout les agrumes (orange, mandarine, citron, ndlr) et le raisin. On peut aussi proposer le vin, une façon simple (fermentation) de conserver le raisin. Le méditerranéen boit du vin, mais il n’est jamais soul. C’est modéré et c’est toujours en mangeant », rapporte le Dr de Lorgeril.

Si le régime méditerranéen est aussi bénéfique à l’organisme, c’est notablement (mais pas seulement) grâce à sa richesse en oméga 3 et en polyphénols. Ils confèrent au régime son caractère longévité et antivieillissement.

Activité physique : deux fois 30 minutes par jour suffisent pour protéger votre cœur

Pour vous prémunir contre les maladies cardiaques, il est essentiel de lutter contre la sédentarité. « La personne qui passe ses journées sur le canapé, devant un écran, va augmenter ses risques de maladies cardiaques, précise le Dr de Lorgeril. L’idée de bouger un minimum n’est pas suffisante. Et promener le chien autour du lotissement ne suffit pas. Il en faut un peu plus pour avoir une activité physique qui protège ».

Selon le médecin, il faudrait pratiquer au moins 30 minutes d’activité physique deux fois par jour. Il propose le vélo, la marche rapide, le jogging, la natation… « pourvu qu’on transpire ! ».

« L’activité physique protège parce qu’elle agit sur les muscles, sur le système cardiovasculaire et sur le système nerveux autonome. Ce qui vous met en danger, c’est que la paroi interne des artères ne soit pas bien fonctionnelle. Et une partie de la dysfonction de cette paroi est due à une dysfonction du système nerveux autonome. En agissant sur ce dernier, l’activité physique participe à la protection », détaille le Dr de Lorgeril.

Une vie sexuelle active

« Il y a tellement de façons d’avoir une vie sexuelle active. C’est un aspect qu’il faut aborder. D’abord, il faut garder en tête qu’un rapport sexuel n’est jamais dangereux sauf si on se trouve dans une phase très négative de la maladie (en insuffisance cardiaque par exemple), nous explique le Dr de Lorgeril. De façon générale, ce n’est pas une activité sexuelle conventionnelle qui va provoquer un infarctus ».

Si de nombreux patients victimes d’accidents cardiaques mettent leur vie sexuelle sur pause par prudence, ce n’est pas ce que préconise notre expert. « C’est dommage, parce qu’une vie sexuelle satisfaisante fait aussi partie de la prévention cardiovasculaire ».

Lutter contre les souffrances plutôt que contre le stress

Le stress est une réponse physiologique à une agression extérieure. « Il fait partie de la vie. À partir du moment où vous avez une vie professionnelle et privée, vous aurez des émotions, donc du stress. Et ce n’est pas forcément un problème. Le problème, c’est les conditions d’existence (vie professionnelle, familiale, conjugale…) qui deviennent source de souffrance, nous explique le Dr de Lorgeril. La souffrance commence quand certains d’entre nous doivent supporter des choses très difficiles, comme un enfant malade, un parent victime d’Alzheimer dont il faut s’occuper ou encore un divorce qui tourne très mal. Certains vont être rongés par des soucis permanents. Il y a des personnes dont la vie est littéralement empoisonnée ».

Ce type de souffrance chronique aura des effets considérables sur le corps. Il peut nuire à la santé de votre cœur. Il peut augmenter le risque de crise cardiaque. Le stress chronique, qui se définit par le fait d’être exposé à un agent stresseur pendant une longue période (des mois, voire des années), peut lui aussi, accroître le risque de coronaropathie.

La souffrance [ou stress, un concept qu’il faut abandonner en cardiologie préventive] chronique, qui se définit par le fait d’être exposé à une ou plusieurs difficultés de condition d’existence pendant une longue période (des mois, voire des années), peut elle-aussi, accroître le risque de coronaropathie. Il faut savoir (apprendre) à neutraliser les effets de cette souffrance comme expliqué par le Dr de Lorgeril dans son livre Comment échapper à l’infarctus (éd. Thierry Souccar).

La première chose à faire ? Parler

« La première chose à faire est de laisser les personnes en souffrance parler. On retrouve souvent des patients victime de crises cardiaques, qui ne comprennent pas ce qui leur est arrivé. Ils ne fument pas, ne font pas de cholestérol, pratiquent du sport…. Or, lorsque vous les entendez, vous comprenez qu’ils vivent des choses très difficiles, parfois, sans même s’en rendre compte. Leur faire prendre conscience de la souffrance permanente dans laquelle ils se trouvent va les aider. Ils vont comprendre qu’il faut trouver des solutions », partage notre expert.

« Si c’est devenu une mode d’aller faire du yoga, ce n’est pas par caprice. C’est un mal-être chronique qui conduit à pratiquer le yoga. Selon moi, la meilleure chose à faire contre les souffrances de l’existence sera la méditation. Certes, ça ne peut convenir à tout le monde, car il y a un long exercice d’apprentissage. Beaucoup plus accessibles sont les exercices de cohérence cardiaque. C’est en fait aux patients de trouver la meilleure solution. L’exercice physique est aussi excellent contre le stress et particulièrement la natation ».

Sources

Merci au Dr Michel de Lorgeril, médecin et chercheur au CNRS, spécialiste en cardiologie et auteur de Comment échapper à l’infarctus et à l’AVC (éd. Thierry Souccar)

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