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Mal dormir pourrait avoir des conséquences bien plus néfastes que ce que vous pensez. D'après les résultats d'une étude menée par une équipe de l’Université de Californie (Berkeley) et publiés dans la revue PLOS Biology, un sommeil perturbé augmenterait en effet le risque de maladies cardiovasculaires. Les scientifiques associent ce sommeil de mauvaise qualité à l'accumulation de plaques graisseuses, également appelées "athérosclérose".

Un sommeil fragmenté serait associé à une inflammation chronique et des lésions athérosclérotiques

D'après le professeur Matthew Walker, spécialiste mondial du sommeil et auteur principal de l'étude, les personnes qui dorment peu ou mal voient leurs plaques graisseuses s'accumuler à l'intérieur des artères, ce qui provoque alors une inflammation.

Pour arriver à cette conclusion, son équipe et lui-même ont analysé le sommeil de 1600 participants. Les chercheurs ont contrôlé l'âge, l'origine ethnique, le sexe, l'indice de masse corporelle (IMC), les troubles du sommeil, la pression artérielle et les comportements à risque, tels que le tabagisme, de ces personnes.

Les participants ont été suivis par tests sanguins (marqueurs de l'accumulation de plaque), mais aussi grâce à différents appareils qui mesurent le sommeil (notamment via une polysomnographie en laboratoire qui enregistre les ondes cérébrales, le niveau d'oxygène dans le sang et la fréquence cardiaque pendant le sommeil). Un détecteur de mouvement porté au poignet pendant plusieurs nuits a également permis aux participants de mesurer les perturbations.

Enfin, l'équipe a utilisé le nombre de cellules sanguines pour détecter les niveaux de neutrophiles et de monocytes.

Plus précisément, ils ont observé comment le sommeil influait sur le nombre de globules blancs inflammatoires (neutrophiles et monocytes), qui était étroitement lié au développement de l'athérosclérose.

Athérosclérose : des globules blancs en cause

En effet, deux d'entre eux - les globules blancs neutrophiles et les monocytes - ont l'habitude de se "rassembler" dans les artères des personnes dont le sommeil est perturbé. Or, leur présence est un facteur clé de l'athérosclérose.

Les scientifiques en ont donc conclu que de mauvaises nuits de sommeil pouvaient favoriser une rigidité artérielle, des niveaux plus élevés d'inflammations et des lésions athérosclérotiques.

La conséquence ? Un risque accru d'accidents vasculaires cérébraux et de maladies cardiaques dangereuses.

Un processus qui "passe inaperçu jusqu'à ce que l'accumulation de plaque, à un âge moyen ou avancé, bloque soudainement le flux sanguin artériel vers le cœur, les poumons, le cerveau et/ou d'autres organes. Le caractère silencieux de la maladie exige de prêter attention à notre hygiène du sommeil, dès le début à la quarantaine", concluent les chercheurs.

D’autant plus que ce lien entre sommeil fragmenté et inflammation chronique peut ne pas se limiter aux maladies cardiaques, mais pourrait aller jusqu'à influer notre santé mentale (troubles neurologiques, dépression, maladie d'Alzheimer…).

Aussi, face à ces nouvelles découvertes, les scientifiques souhaitent sensibiliser le public face aux risques engendrés par un mauvais sommeil. Les organismes de santé publique pourront aussi s'en servir pour améliorer la santé de la population, tout en réduisant l'impact mortel des maladies cardiaques.

"L'amélioration du sommeil peut offrir une nouvelle façon de réduire l'inflammation et donc de réduire le risque d'athérosclérose", résume le professeur Walker.

Athérosclérose : qu'est-ce que c'est ?

Athérosclérose : qu'est-ce que c'est ?© Istock

Les maladies cardiovasculaires sont dues à une accumulation de dépôts de graisses sur les parois des artères. C'est ce que l'on appelle le cholestérol. Ces dépôts forment des plaques appelées plaques d’athérome. Les parois des artères se durcissent. On parle alors d’athérosclérose.

L’athérosclérose ne provoque dans un premier temps aucun symptôme. Puis, le rétrécissement des artères s'aggrave et entraîne un ralentissement de la circulation sanguine et une moins bonne oxygénation des organes (cœur, cerveau, muscles des jambes...).

Des symptômes tels qu’un essoufflement à l’effort ou à la marche, vertiges et douleur thoracique peuvent apparaître alors, et doivent alerter.

Puis, lorsqu'une plaque devient trop instable, elle provoque alors, selon sa localisation, un accident vasculaire cérébral, un syndrome coronaire aigu, une rupture d’anévrisme aortique athéromateux ou une ischémie aiguë de membre inférieur.

Plaques d’athérome : les facteurs de risque

Mais, bonne nouvelle, la maladie est évitable.

L’athérosclérose est favorisée par le tabagisme, la sédentarité, le surpoids, une alimentation trop sucrée, trop grasse... Aussi, il est possible de prévenir la formation de plaques.

En outre, plusieurs facteurs de risque, tels que l’apnée du sommeil, l’isolement ou la précarité sociale et la pollution atmosphérique sont également à prendre en compte. Tous se catalysent les uns les autres avec un risque de complication majoré avec l’âge.

Quoi qu'il en soit, un bilan des facteurs de risque devrait être systématiquement réalisé après 40 ans chez l’homme et 50 ans chez la femme.

Maladies cardiovasculaires : comment réduire ses risques ?

Maladies cardiovasculaires : comment réduire ses risques ?© Istock

D'après le site Améli.fr, vous n'avez pas besoin de suivre un régime strict pour réduire vos facteurs de risque cardiovasculaire. Il vous suffit de suivre quelques conseils diététiques de base :

  • Évitez une alimentationtrop riche en graisses. Préférez par exemple les viandes blanches et les légumes aux charcuteries ou viandes rouges consommées en excès.
  • Méfiez-vous des plats préparés (industriels). Ils sont souvent trop riches en sucres, graisses et sel. Mieux vaut, dans la mesure du possible, préparer vous-même vos propres plats.
  • Attention au grignotage en dehors des principaux repas. Veillez à manger de tout et de façon équilibrée pendant les repas pour ne pas ressentir de sensation de faim.
  • Privilégiez une cuisson à la vapeur plutôt qu'au beurre ou en friture. Méfiez-vous aussi des plats mijotés en sauce, riches en graisses.
  • Adoptez autant que possible un régime alimentaire équilibré, en mangeant fréquemment du poisson, des fruits et des légumes, et en privilégiant l'huile d'olive.
  • Modérez votre consommation d'alcool. Ne dépassez pas 10 verres d'alcool standard par semaine sans dépasser 2 verres standard par jour et ayez des jours dans la semaine sans consommation.

Bon à savoir : en limitant votre apport de graisses et sucres, vous évitez l'excès de poids qui oblige votre cœur à travailler plus, ce qui aggrave le risque d'apparition de maladies cardiovasculaires.

Sources

ATHÉROSCLÉROSE : Un sommeil perturbé suffit à obstruer nos artères, Santé Log, 8 juin 2020.

Réduire le risque cardiovasculaire, Améli.fr, 30 janvier 2020.

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