Couple : qu’est-ce que le “mirroring” qui peut vous détruire à petit feu ?
Pour le meilleur et pour le pire, n’est-ce pas ? Être en couple, c’est s’assurer du soutien de l’autre, pendant les moments plus compliqués. Une difficulté passagère, un moment de doute, une mauvaise nouvelle… le conjoint est là, toujours. Cela vaut également pour nos angoisses, nos peurs plus personnelles.
Mais cette connexion s'assortit parfois d'un effet inattendu qui peut plomber la santé mentale, quand l’un endosse systématiquement le rôle de pilier, quand les inquiétudes ou les coups de blues de l’un sabotent l’énergie mentale ou émotionnelle de l’autre.
“En psychologie, on parle de co-régulation émotionnelle : nous sommes câblés pour ressentir l’état affectif de ceux que nous aimons. Mais cette synchronisation peut devenir un piège si elle entretient la peur, la méfiance ou la rumination”, explique ainsi Christian Richomme, psychanalyste, auteur et thérapeute à Paris, spécialiste dans les troubles de l’anxiété, les dépressions, les addictions et les troubles affectifs qui ajoute : “Dans mon cabinet, je vois de plus en plus de couples qui, à force de vivre dans une proximité émotionnelle constante, finissent par synchroniser leurs angoisses, leurs stress et parfois même leurs troubles psychiques, L’un commence à être anxieux, l’autre suit ; une dépression s’installe chez un partenaire, et l’autre finit par sombrer aussi.”
Un constat appuyé par des chiffres : “43 % des couples disent que l’anxiété de l’un influence directement l’état émotionnel de l’autre” indique encore Christian Richomme qui cite une étude de l’université du Michigan publiée en 2024 et les couples où les deux partenaires présentent un trouble anxieux ont deux fois plus de risque de séparation que ceux où un seul est concerné selon une étude publié dans le Journal of Affective Disorders en 2023.
De fait, comment être heureux quand la personne avec qui on partage sa vie va mal ? Une grande enquête IFOP sur la santé mentale au travail a été rendue publique en février dernier et montre que le stress au travail - pour ne parler que de celui-là - impacte notablement la vie familiale et amoureuse chez une grande majorité de personnes.
Effet miroir : un piège pour la santé mentale du partenaire, vraiment ?
“S’aimer, c’est souvent se ressembler un peu, poursuit Christian Richomme. On adopte des habitudes, des expressions, parfois même les mêmes goûts. Mais il arrive que cette proximité devienne plus profonde, presque invisible : certains couples finissent par partager des troubles émotionnels ou psychiques similaires. Stress, anxiété, insécurité affective… on parle aujourd’hui de mirroring couple, ce phénomène où deux partenaires se reflètent au point de renforcer mutuellement leurs vulnérabilités.”
Au lieu de rendre plus fort, le couple mine et les deux partenaires trinquent. “Pendant des années, j’ai vécu au rythme des humeurs de mon mari, explique ainsi Marielle, 58 ans. Des problèmes dans son travail ou avec sa famille, il se refermait comme une huître, et j’allais mal à mon tour. Il m’a fallu des années pour identifier ses symptômes dépressifs et essayer de prendre de la distance pour me protéger.”
Couple : comment éviter l’effet miroir, toxique ?
Premier point important : il faut identifier le mirroring, reconnaître la contagion émotionnelle et ainsi prendre conscience que l’on absorbe les peurs ou les colères de l’autre. Cette étape est indispensable, car sans elle, aucune issue n’est possible, on reste confiné dans ce cercle vicieux, et dépendant des émotions de l’autre au prochain passage difficile.
Du côté des solutions, Christian Richomme conseille “d’apprendre la co-régulation saine : écouter sans absorber, poser des mots sur ses propres émotions, poser des limites émotionnelles quand l’autre est en crise” mais aussi de toujours conserver des espaces individuels, il s’agit de pouvoir se décharger émotionnellement en dehors du couple. Ce peut être au travers d’activités personnelles ou même d’une thérapie si le besoin s’en fait ressentir ou que ces solutions ne fonctionnent pas.
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Communiqué de presse