Covid-19 : pourquoi les vaccins à ARNm n’offrent pas de protection à long terme ?Adobe Stock

144 205 décès liés au coronavirus ont été recensés dans les hôpitaux et les Ehpads depuis le début de l’épidémie de Covid-19 en France, d’après les données des autorités sanitaires. Un chiffre élevé qui reste à relativiser puisque selon de nombreux épidémiologistes, il serait bien plus haut sans les vaccins. Une étude parue fin août 2021 montre que la vaccination aurait permis de sauver près de 47 400 personnes dans l'Hexagone.

Deux vaccins à ARN messager sont largement utilisés : le vaccin Comirnaty de Pfizer-BioNTech, avec plus de 109 573 000 injections, et le vaccin du laboratoire Moderna avec plus de 23 571 000 injections réalisées au 7 avril 2022. Des chiffres qui dépassent de loin celui de la population française. En cause ? L’ouverture de nouvelles doses de rappels pour faire face à la baisse de l’immunité initialement induite par le sérum.

Vaccin anti-covid : la protection induite par la 4ème dose baisse rapidement

Les vaccins à ARN messager préviennent les formes graves du Covid-19 mais n’empêchent pas les infections qui provoquent le plus souvent des symptômes légers à modérés. Par ailleurs, plusieurs études ont montré que la troisième injection (ou première dose de rappel) du vaccin de Pfizer protégeait l’organisme moins de six mois, ce qui sous-entend qu’il faudrait continuellement refaire de nouvelles injections pour rester immunisé. Actuellement, une quatrième dose de vaccin est justement proposée aux Françaises et Français âgés de 60 ans et plus.

S’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur l’efficacité de ce nouveau rappel vaccinal en France, des travaux menés en Israël, où cette quatrième injection est proposée depuis le début de l’année, nous permettent d’en savoir plus. D’après une étude publiée dans The New England Journal of Medecine le 13 avril dernier, cette quatrième dose serait efficace à 52 % contre l'infection, à 61 % contre l'infection symptomatique, à 72 % contre l'hospitalisation, à 65 % contre l'admission en soins intensifs, et à 76 % contre le décès. Selon une autre étude israélienne, publiée le 5 avril dans la même revue scientifique, “la protection contre l’infection confirmée s’estompe rapidement” avec la quatrième dose, mais reste stable contre les formes graves pendant six semaines.

Vaccin à ARNm et baisse d’immunité : la faute aux ingrédients du sérum ?

Dans un article publié par The Conversation, les immunologistes Prakash Nagarkatti et Mitzi Nagarkatti expliquent qu’une des raisons pour lesquelles les vaccins à ARNm n'ont pas réussi à induire une réponse soutenue des anticorps et de la mémoire immunitaire, serait l’absence d’adjuvants dans ces sérums. “Les vaccins traditionnels tels que ceux contre la diphtérie et le tétanos utilisent des adjuvants pour stimuler la réponse immunitaire. Ce sont des composés qui activent l'immunité innée constituée de cellules appelées macrophages. Ce sont des cellules spécialisées qui aident les cellules T et les cellules B, induisant finalement une réponse anticorps plus forte”, écrivent-ils. “La prochaine phase de développement de vaccins devra se concentrer sur la façon de déclencher une réponse anticorps de longue durée qui durerait au moins un an.”

Rappel vaccinal : le risque d’un épuisement immunitaire ?

Selon les deux spécialistes, des recherches plus approfondies sont aujourd’hui nécessaires afin d’explorer les potentiels effets induits par une stimulation répétée de l’organisme. “En plus de l'incapacité des vaccins Covid-19 actuels à fournir une immunité à long terme, certains chercheurs pensent qu'une exposition fréquente ou constante à des molécules étrangères présentes dans un agent infectieux peut provoquer un ‘épuisement’ immunitaire”, expliquent-ils. “Un tel phénomène a été largement rapporté avec l’infection par le VIH et le cancer. Dans ces cas, parce que les lymphocytes T ‘voient’ les molécules étrangères tout le temps, ils peuvent s’user et échouer à débarrasser le corps du cancer ou du VIH.”

À ce propos, Guy Gorochov, immunologue, se veut plus rassurant. Il reconnaît dans Ouest-France qu'une hyperstimulation du système immunitaire, comme avec le sida peut arriver car c'est "un virus dont on ne peut pas se débarrasser" et "le système immunitaire est alors stimulé en permanence, ce qui entraîne son vieillissement précoce". Mais l'immunologue assure que ce n'est pas la même chose avec une stimulation plus forte et régulière mais pas constante comme c'est le cas avec la vaccination. "Ce n’est pas la même chose, bien au contraire, cela éduque notre système immunitaire", tient-il à marteler. Avec la vaccination, contrairement à une faible stimulation permanente, "le système immunitaire réagit avec un niveau d’alerte beaucoup plus élevé au contact du virus, reconnaissant que c’est un danger pour l’organisme". Le vaccin devrait donc encore nous protéger si on en croit son analyse.

Sources

https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2201688  https://theconversation.com/why-we-cant-boost-our-way-out-of-the-covid-19-pandemic-for-the-long-term-181027  

https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/infographies-covid-19-morts-hospitalisations-age-malades-l-evolution-de-l-epidemie-en-france-et-dans-le-monde-en-cartes-et-graphiques.html 

https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2021-12-17/les-rappels-de-vaccin-anti-covid-peuvent-ils-epuiser-le-systeme-immunitaire-a-long-terme-ac7af9cf-d534-41c9-a824-ad8e1f91a73f

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