Coronavirus : en combien de temps meurt-on ? Istock
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Maladie extrêmement contagieuse, la Covid-19 reste une maladie bénigne dans plus de 80 % des cas, voire beaucoup plus si on compte les cas passés inaperçus ou asymptomatiques. Chez les patients dont la santé n’était déjà pas au beau fixe, elle peut rapidement s’aggraver et nécessiter une hospitalisation en urgence. Pour environ 0,1 à 1 % des patients, selon les études, elle peut entraîner le décès.

En combien de temps celui-ci survient-il et, à l’inverse, quelle est la durée moyenne avant la guérison ? On fait le tour de la question avec le Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste à l'hôpital Hôtel-Dieu (AP-HP) de Paris et auteur de Coronavirus - Comment se protéger ? (éd. Archipoche – ses droits sont reversés à l’Institut Pasteur).

Quel est le temps d’incubation du coronavirus SARS-CoV-2 ?

Le période d’incubation du SARS-Cov-2, le coronavirus à l’origine de la maladie appelée COVID-19 désigne le temps qui s’écoule entre le moment où le virus pénètre dans l’organisme et l’apparition des symptômes. Elle est actuellement estimée entre 2 et 12 jours par l’Organisation Mondiale de la Santé. “Elle durerait en moyenne 6 jours”, précise le Dr Kierzek.

“Le patient est probablement contagieux pendant la période d’incubation”, ajoute l’expert. En effet, pendant l’incubation, la personne contaminée est porteuse du virus, et peut donc potentiellement le transmettre.

Combien de temps dure la maladie Covid-19 ?

Entre 80 et 85 % des patients, voire beaucoup plus, présentent une forme bénigne de la maladie. Ces cas guérissent spontanément au bout de 10 à 12 jours en moyenne. “Le traitement est symptomatique, autrement dit, il faut prendre son mal en patience”, indique le Dr Kierzek.

Il est recommandé de rester chez soi, de prendre du paracétamol et de consulter son médecin si les symptômes s’aggravent. “En revanche, il faut absolument éviter les anti-inflammatoires non-stéroïdiens ou les corticoïdes en automédication, car ils aggravent l’infection”.

Le médecin urgentiste précise que l’on observe “une sorte de rebond à J+6”. Les symptômes, qui avaient potentiellement diminué, ressurgissent. “Il peut s’agir des signes classiques, comme la toux ou la fièvre, mais c’est aussi là qu’apparaissent l’anosmie (perte de l’odorat) et l'agueusie (perte du goût), par exemple”. Pour les patients les plus fragiles, “c’est aussi à ce moment que les complications respiratoires peuvent survenir”.

Les cas graves peuvent rester plus de 20 jours en réanimation

Bien que rares, les formes sévères de l’infection à coronavirus nécessitent une hospitalisation. “Chez ces patients, la maladie évolue en syndrome de détresse respiratoire aiguë et va donc durer plus longtemps : les cas les plus graves peuvent passer plus de vingt jours en réanimation”.

La plupart d’entre eux sont des personnes qui présentent des facteurs de risque, comme le diabète, l’hypertension, les maladies chroniques, l’obésité ou encore un âge avancé. “80 % des décès surviennent chez les plus de 60 ans”, rappelle le médecin.

Attention, toute personne âgée infectée ne va pas forcément en mourir. “C’est l’âge physiologique qui est important". Un homme de 85 ans en parfaite santé s’en sortira peut-être mieux qu’un diabétique de 60 ans, en situation d’obésité. “Les facteurs de fragilité le sont pour n’importe quelle infection”.

Quant à ce qui pourrait expliquer pourquoi certains patients, jeunes et en parfaite santé, se retrouvent en réanimation, le médecin explique : “tout comme il existe une forme maligne de la grippe, il peut exister une forme maligne du coronavirus”. Ce dernier rappelle que la grippe est une maladie grave, qui fait 10 à 15 000 morts selon les saisons.

Le taux de mortalité du coronavirus pourrait être surestimé

"On estime le taux de cas sévères autour de 1 %. Quant au taux de mortalité, il serait entre 0,05 et 1 %" énonce le Dr Kierzek. "Mais pour en être sûr, il faudrait faire un test sérologique dans la population, or ce n’est pas le cas. On ne sait absolument pas combien de gens sont vraiment contaminés", rappelle l’expert.

"Selon certains modèles, 70 % de la population aurait déjà contracté le virus, mais nous n’en sommes pas sûrs. Il est donc difficile de déterminer un taux de mortalité vraiment fiable. À l’heure actuelle, on fait des estimations sur des data que l’on n’a pas". Pour le médecin, le taux de mortalité le plus plausible serait plutôt de 0,1 % - un chiffre sensiblement proche de celui de la grippe.

Le coronavirus : “une crise de la pénurie”

"Le pronostic est plutôt bon en sortie de réanimation ; l’enjeu est plutôt celui des capacités de nos services de soins", explique le médecin. "Autrement dit : quelles sont nos capacités en réanimation ?" Les personnes dans un état grave mobilisent des lits dans ces services, or en France, "nous n’avons pas suffisamment de lits disponibles, si beaucoup de personnes sont touchées en même temps".

Il précise que le coronavirus a deux spécificités : un taux d’attaque (c’est-à-dire une contagiosité) extrêmement important et une évolution assez brutale.

Ainsi, le risque de mourir du coronavirus est extrêmement faible pour les patients ne présentant pas de facteurs de risque et qui sont bien pris en charge. Mais en raison de la forte contagiosité du virus, il est possible qu’il y ait trop de malades graves se présentant en même temps en regard de la capacité d’accueil des hôpitaux. "100 000 lits ont été supprimés en 20 ans", déplore l’urgentiste. "Le coronavirus est une crise de la pénurie - de masques, de tests, de lits… ".

Sources

Merci au Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste à l'hôpital Hôtel-Dieu (AP-HP) de Paris et auteur de Coronavirus - Comment se protéger ? (éd. Archipoche – ses droits sont reversés à l’Institut Pasteur).

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