E171 : le gouvernement va finalement suspendre cet additif controverséIstock

Le cri d'alarme des organisations non gouvernementales (ONG) n'aura pas été vain. Quelques jours après avoir annoncé sur le plateau de l'émission de France 5 "C à vous" que l'E171 ne sera pas suspendu, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire en a finalement décidé autrement : l'utilisation de cet additif alimentaire à base de dioxyde de titane, soupçonné d'être cancérigène, sera bel et bien interdite dans l'Hexagone.

Un renoncement, puis un engagement

C'est en effet le 8 janvier 2019 que Bruno Le Maire avait expliqué refuser de signer l'arrêté ministériel énonçant la suspension de la mise sur le marché de l'additif E171, ce malgré le vote de la loi Alimentation en novembre 2018 qui mettait en avant cette mesure. Pourquoi ? A cause "d'évaluations différentes" des acteurs de santé sur les risques imputés au colorant, qui traduisaient un manque de "cohérence". Bruno Le Maire souhaitait alors attendre les résultats de nouvelles expertises avant de se prononcer.

Mais trois jours plus tard, après s'être entrenu avec des ONG et associations fermement opposées à l'utilisation du E171, le ministre de l'Economie "s'est engagé à signer le 15 avril 2019 l'arrêté pour suspendre [cet additif]", affirme le magazine 60 Millions de consommateurs. La date précise de la mise en place de cette mesure n'est toutefois pas connue.

Un revirement de situation qui laisse les associations perplexes

Un revirement de situation que les associations attendaient, mais qui laissent également celles-ci perplexes : "On passe du Dr Jekyll à Mr Hyde, d'un jour où sur un plateau de télé, un ministre de l'Économie nous annonce qu'il ne signerait jamais l'interdiction du dioxyde de titane, à aujourd'hui un ministre qui revient sur ses propos et qui nous annonce que sous 3 mois, l'interdiction aura bien lieu", résume à France Inter Stephen Kerkove, de l'association Agir pour l'environnement. Mais d'après lui, "ce qui l'a fait changer d'avis, c'est la mobilisation citoyenne et la levée de boucliers d'un certain nombre de parlementaires qui avaient voté dans le cadre de la loi alimentation pour une interdiction".

Doliprane®, Nurofen®... le E171 est également présent dans certains médicaments largement utilisés

Si cette interdiction ne semble viser que les produits alimentaires, rappelons que le E171 est également présent dans les cosmétiques et certains médicaments couramment utilisés. C'est notamment le cas pour l'Efferalgan®, le Spasfon®, le Nurofen 400®, le Doliprane 200mg® et l'Euphytose®. La présence de dioxyde de titane est indiquée sur les notices. "Par principe de précaution, mieux vaut donc essayer de remplacer tout médicament incorporant du dioxyde de titane par son équivalent sans dioxyde de titane", affirme 60 Millions de consommateurs.

Sources

"LOI n° 2018-938 du 30 octobre 2018 pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous (1) - Article 53". Legifrance.

"E171 : l’additif alimentaire controversé ne sera pas suspendu". Le Monde. 10 janvier 2019.

"Nanoparticules : le E171 sera bien suspendu". 60 Millions de consommateurs. 11 janvier 2019.

"Machine arrière sur les additifs : Bruno Le Maire annonce une suspension du E171". France Inter. 11 janvier 2019.

"Médicaments : des nanos dans l'Efferalgan et le Nurofen". 60 Millions de consommateurs. 22 mars 2018.

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