
- 1 - Les chercheurs identifient le rôle du sommeil paradoxal dans la survenue d’Alzheimer
- 2 - Le sommeil paradoxal est essentiel pour consolider les souvenirs
- 3 - Alzheimer : plusieurs toxines produites si le sommeil paradoxal est retardé
- 4 - Attention aux somnifères qui retardent le sommeil paradoxal et augmentent le risque d’Alzheimer
Vous êtes plutôt petit ou gros dormeur ? Du genre bûche, impossible à réveiller, à plutôt réveillé par un simple battement d’ailes ? Votre sommeil ne ressemble jamais à celui d’un autre, et peut même largement évoluer au cours de votre vie ou en fonction de vos habitudes, de vos contraintes, de vos difficultés de vie. Le sommeil est complexe, multi-visages et personnel même s’il répond à de grands principes scientifiques.
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Les chercheurs identifient le rôle du sommeil paradoxal dans la survenue d’Alzheimer
Ce sont des chercheurs de l’université de Pékin qui ont étudié de très près le sommeil de 128 personnes âgées de 70 ans en moyenne et dont près de la moitié avaient la maladie d’Alzheimer, un tiers présentait des signes légers de déclin cognitif et les autres ne présentaient aucun signe de troubles cognitifs.
Dans un article paru le 27 janvier dernier dans la revue scientifique Alzheimer's and Dementia : The Journal of the Alzheimer's Association, le Dr Yue Leng, professeur au département de psychiatrie et des sciences du comportement de l’université de Californie à San Francisco aux Etats-Unis décortique les résultats de l'étude et met en avant le rôle du sommeil paradoxal (moment où l’on rêve) dans le déclin cognitif.
De fait, si on admet que le sommeil paradoxal joue un rôle dans l’apprentissage et la consolidation de la mémoire, les liens entre sommeil paradoxal et démence ont été bien moins étudiés jusque-là.
Le sommeil paradoxal est essentiel pour consolider les souvenirs
Pour rappel, le sommeil paradoxal (on parle aussi de sommeil REM, pour Rapid Eye Mouvement, car l’activité oculaire est rapide sous les paupières) est la troisième et dernière phase du cycle lent profond. C’est une phase de forte activité cérébrale, ce qui explique que c’est une période charnière pour les rêves. Sachant que nous alignons trois à six cycles complets de sommeil par nuit, chaque cycle dure en moyenne de 90 à 120 minutes.
Or, les chercheurs de cette étude ont remarqué que le sommeil paradoxal arrivait plus tardivement chez les personnes présentant une démence : en moyenne 193 minutes après qu’elles se soient endormies (contre 98 minutes pour les personnes sans troubles cognitifs).
Alzheimer : plusieurs toxines produites si le sommeil paradoxal est retardé
“Le retard du sommeil paradoxal perturbe la capacité du cerveau à consolider les souvenirs en interférant avec le processus qui contribue à l'apprentissage et à la mémoire”, explique le Dr Leng. Si le sommeil est insuffisant ou retardé, il peut augmenter la production de cortisol, l'hormone du stress. Cela peut altérer l'hippocampe du cerveau, une structure essentielle à la consolidation de la mémoire.”
Autre conséquence d’un sommeil paradoxal retardé : deux protéines, l’amyloïde et la tau, dont on sait qu’elles sont impliquées dans la survenue de la maladie d’Alzheimer se retrouvent à des niveaux plus élevés chez les personnes dont le sommeil paradoxal arrive plus tardivement dans la nuit.
Attention aux somnifères qui retardent le sommeil paradoxal et augmentent le risque d’Alzheimer
Vous vous dites : comment agir sur le sommeil paradoxal ? Les chercheurs chinois et américains qui ont participé à ces travaux s’accordent sur des mesures simples pour favoriser un sommeil récupérateur chez les seniors et conserver un bon sommeil paradoxal : traiter des problèmes comme l’apnée du sommeil et éviter de trop boire (pour ne pas avoir à se lever, ce qui perturbe les cycles de sommeil).
Les scientifiques recommandent également de se méfier de certains antidépresseurs et sédatifs qui peuvent réduire le sommeil paradoxal. A contrario, la mélatonine “peut stimuler le sommeil paradoxal et des études sur des souris ont montré qu’elle diminue l’accumulation de protéines tau et amyloïdes”, concluent-ils.