Déclaré mort, il se réveille pendant qu’on lui prélève des organes

Publié par Sandrine Coucke-Haddad
le 27/11/2025
prélèvement organes
Istock
Un homme, supposément décédé, s'est réveillé sur la table d'opération pendant que des chirurgiens lui prélevaient des organes. Simple accident ? Pas si sûr. Une enquête est ouverte car les doutes les plus grands existent sur un vaste réseau de prélèvements d’organes.

L’affaire fait le plus grand bruit aux Etats-Unis. Une commission de la Chambre des représentants a même lancé une enquête approfondie sur un réseau de prélèvement d’organes du New Jersey soupçonné de pratiques pour le moins suspectes. C’est la chaîne de télévision américaine CNN qui a révélé cette affaire, relayée par nos confrères de 20 Minutes. 

Selon CNN, rapporte 20 Minutes, plusieurs lanceurs d’alerte affirment que l’organisation aurait manipulé des documents, tenté de procéder au prélèvement d’organes sans consentement explicite et engagé des actions médicales considérées comme inacceptables”. Concernant plus précisément le cas de cet homme qui s’est réveillé sur la table d’opération, “d’après les témoignages recueillis par la commission et rapportés par la chaîne, la direction aurait encouragé l’équipe à poursuivre malgré la situation, jusqu’à ce que le personnel de l’hôpital mette fin à l’intervention. Certains documents liés à ce cas auraient ensuite été supprimés ou modifiés.” 

 

Don d’organes : l’opacité de certaines agences étrangères

Cette affaire n’est que le dernier épisode de manquements graves plusieurs fois constatés avec les agences de de prélèvements et de dons d’organes aux États-Unis.  Depuis plusieurs mois, le Congrès tente de réformer tout le système de prélèvement d’organes tant l’opacité des pratiques outre Atlantique pose question : dossiers qui disparaissent, organes concédés en dehors des listes d’attente, pratiques dangereuses, pour ne citer que quelques problèmes. Cette affaire, qui n’est pas la première du genre (CNN rapporte le cas d’un autre homme s’étant réveillé sur la table d'opération dans les mêmes conditions il y a 4 ans à Richmond dans le Kentucky), questionne également sur les procédures de constatation des décès, qui peuvent varier d’un hôpital à l’autre. 

 

Se réveiller pendant un prélèvement d'organes : est-ce possible en France ? 

En France, le processus de prélèvement d’organes est encadré par un protocole médical d'une extrême rigueur pour le diagnostic de mort encéphalique. Celui-ci repose sur un examen clinique attestant l'absence totale de conscience et de réflexes du tronc cérébral. Mais ce constat doit être légalement confirmé par des examens complémentaires : soit deux électroencéphalogrammes nuls et aréactifs espacés d'au moins quatre heures, soit une angiographie prouvant l'arrêt de la circulation sanguine dans le cerveau. S'agissant plus directement du prélèvement d'organes, pour éviter tout conflit d'intérêt, la loi impose que l'équipe qui constate le décès soit toujours différente de celle qui réalise le prélèvement. Cette procédure rigoureuse rend impossible en France des scénarios parfois médiatisés à l'étranger, comme cette sordide affaire survenue aux Etats-Unis. 

De plus, quel que soit le type de don, l'Agence de la Biomédecine (ABM) est le garant de la sécurité et de l'équité du système. Elle gère la répartition des greffons selon des critères médicaux et d'urgence, avec une priorité pour les enfants et les malades dont le pronostic vital est engagé à très court terme. Le triptyque gratuité, anonymat et traçabilité constitue un rempart efficace contre les trafics, assurant une sécurité totale du don d'organes. 

 

 

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CNN

20 Minutes

legifrance.gouv.fr

dondorganes.fr

agence-biomedecine.fr

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