Couple : 8 choses qui se passent dans le corps lors d'un coup de foudre
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Vous avez su, dés le premier regard, que cette personne changerait votre vie à jamais. C’était comme quelque chose d’évident et en même temps, si inattendu. Lorsque vous l’avez rencontré, votre cœur battait plus vite. Vous étiez comme subjugué et vous aviez l’impression de planer, d’être heureux tout simplement. Mais que vous arrivait-il ? Il s’agissait d’un coup de foudre.

Le coup de foudre inspire de nombreux producteurs hollywoodiens. Dans les comédies romantiques, il est souvent le début d’une belle histoire, et c’est pour ça qu’il est fantasmé par les célibataires. Mais il faut savoir qu’il arrive souvent au moment où l’on s’y attend le moins.

Plusieurs études se sont intéressées au coup de foudre, notamment ces travaux parus en 2010 au sein du Journal of Sexual Medicine. Ce serait un processus extrêmement court qui se jouerait en un cinquième de seconde. "Lors de cette phase amoureuse, pas moins de 12 zones cérébrales sont activées et impliquées dans les fonctions liées à l’élan pulsionnel amoureux", nous explique un expert en la matière, Sébastien Garnero, DR en psychologie, sexologue, psychologue clinicien, psychothérapeute, enseignant à l’université de Paris. Et ce n’est pas tout.

Un mécanisme psychologique et neurophysiologique va se déclencher dans notre corps, notre esprit et notre cerveau

"Dans le coup de foudre amoureux, c’est tout d’abord le regard qui est saisi comme un éclair fulgurant au travers de la foudre qui s’abat sur celui qui le vit. Puis c’est la magie de la voix qui succède au regard amoureux, nous décrit Sébastien Garnero. La métaphore du coup de foudre renvoie à la rapidité de ce moment caractéristique de ce type d’élan amoureux qui frappe par sa soudaineté".

En effet, un regard peut suffire pour qu’une personne soit saisie par l’image d’un autre. "D’où l’expression dans la plupart des langues de ‘tomber amoureux au premier regard’, souligne notre expert. Stendhal a d’ailleurs envisagé le coup de foudre comme une forme de cristallisation amoureuse où on est focalisé, obsédé, envouté, par cet autre inconnu, dans un élan passionnel".

C’est une très forte émotion qui naît par ces premiers regards échangés, et c’est tout notre monde qui bascule , absorbé, hypnotisé par l’autre. On parle d’un état de sidération amoureuse, où plus rien ne compte sauf cette personne rencontrée.

"C’est alors qu’une myriade de mécanisme psychologique et neurophysiologique va se déclencher dans notre corps, notre esprit et notre cerveau », nous explique Sébastien Garnero. Mais il faut aussi un certain contexte émotionnel pour avoir un coup de foudre".

Il se trouve, selon notre spécialiste, que bien souvent, la plupart des personnes qui vivent cet état spécifique se trouve dans un moment particulier de leur vie. Rupture de vie, carrefour existentiel, période de changements… Ces facteurs, dont nous n’avons pas toujours conscience, nous fragilisent ou forment un "manque" de quelque chose ou de quelqu’un.

Coup de foudre : un sentiment d’énergie et d’euphorie décuplé

Pourquoi et Qui est ce partenaire dont on tombe "amoureux au premier regard"…? "C’est bien là tout le mystère de cette passion amoureuse qui va dépendre de notre histoire, des premiers attachements, des expériences affectives égrenées au fil de notre vie, nous répond Sébastien Garnero. Plusieurs hypothèses, et pistes de réflexions tentent de répondre à ces questions du point de vue de la psychologie des interactions précoces et de l’attachement : l’indicateur du regard de la petite enfance, de ce premier temps inaugural du lien et de la relation affective avec l’autre ; mais aussi de la voix, de la prosodie, de la tonalité, de son timbre unique et de sa musicalité ; des contacts physique peau à peau des premiers attachements ; des modèles de liens affectifs tissés au fil de nos expériences émotionnelles ; des traits, de la mimique, de la personnalité des personnes essentielles dans notre vie".

Votre cœur bat la chamade, vos pupilles se dilatent

Un coup de foudre va déclencher l’activation d’un ensemble de processus psychologiques : "des pensées, cognitions et émotions orientées vers l’objet de désir. ‘C’est lui ou elle…’, on ne pense qu’à cette personne, décrit notre psychologue. Va suivre, un désir d’union, de symbiose psychique, physique et sexuelle. Puis très rapidement une dépendance émotionnelle et en même temps un sentiment d’énergie, d‘excitation psychique, d’euphorie, d’énergie décuplée".

En présence de votre âme-sœur votre cœur bat la chamade, vos pupilles se dilatent et on observe parfois une légère vasodilatation au niveau des joues. "Si le cœur bat plus fort, c’est à cause d’une légère tachycardie qui a tendance à survenir suite au processus psychologique que le coup de foudre engendre, nous détaille l’expert. Ces phénomènes psychiques et physiques sont en partie dues à notre cerveau et nos hormones".

Le coup de foudre va activer un certain nombre d’hormones

Le coup de foudre va s’incarner par l’activation de plusieurs hormones, neuromédiateurs du désir, du plaisir, suscitant à entrer en contact avec ce nouvel objet du désir.

"Au tout début du coup de foudre, c’est tout d’abord l’effet de rencontre avec cet autre qui va déclencher une réaction d’alerte via la Noradrénaline, neurotransmetteur du stress via le système sympathique adrénergique et responsable des manifestations physiques initiales. Elle va nous permettre de quitter notre zone de confort habituelle, pour aller vers l’autre et initier cette rencontre amoureuse", décrit Sébastien Garnero.

La noradrénaline va augmenter notre excitation et notre hypervigilance lors de la rencontre. Elle est directement en lien avec les sensations physiques et psychiques que l’on ressent en présence de l’autre aimé, notamment dans cette phase inaugurale. À titre de précision, la noradrénaline est proche de l'adrénaline, autre neurotransmetteur du système nerveux sympathique et a des effets différents selon les récepteurs qui la captent.

"Puis grâce à l’action conjuguée de la dopamine, au lieu de provoquer la fuite face à cette nouvelle rencontre, l’hormone du plaisir et du désir qu’est la dopamine va nous ‘doper’ et nous motiver encore plus, pour passer le cap du stress initial de ce début de rencontre", complète notre spécialiste.

"Ainsi, l’hypothalamus va libérer en quantité importante de la dopamine dans l’optique d’inhiber et de désactiver provisoirement la réaction initiale du stress ou de la fuite, mais aussi de la raison". C’est une des raisons pour lesquelles on dit parfois que l’amour est irrationnel et rend aveugle…

On peut parfois ne plus ressentir le besoin de dormir et de manger

Lorsque l’être convoité répond positivement – si le coup de foudre est réciproque - l’excitation psychique s’empare de nous. Selon Sébastien Garnero, c’est dû à l’effet de la phenyléthylamine (PEA), neurotransmetteur alcaloïde, proche des amphétamines, mais naturelles. "Elle est produite au niveau du système limbique [partie du cerveau en lien avec les émotions, ndlr], raison qui explique que l’on peut parfois ne plus ressentir le besoin de dormir, de manger et se trouver dans une forme d’énergie décuplée". D’où l’expression de vivre "d’amour et d’eau fraîche".

En claire, lors des différentes phases successives qui forment le coup de foudre, plusieurs hormones vont entrer dans le jeu, à savoir la noradrénaline, dopamine, phényléthylamine, et différentes zones cérébrales en lien avec l’activité perceptive et émotionnelle. Et lorsque la relation va se concrétiser et amener à la rencontre sexuelle, d’autres neuromédiateurs vont entrer en ligne de compte : l’ocytocine, vasopressine (attachement affectif, lien émotionnel), la prolactine (qui participe au bien être, à l’attachement, l’affectivité et à la tendresse), la sérotonine (régulation émotionnelle, sentiment de bonheur, l’humeur positive) et aussi les endomorphines (sensations de plénitude intense, de puissants relaxants…).

Les partenaires vont présenter un taux de NGF dans le sang plus élevé que la moyenne

"Sur un autre plan, on s’est aperçu que lorsqu’une passion amoureuse est partagée après un coup de foudre, les partenaires vont présenter un taux de NGF (nerve growth factor) dans le sang plus élevé que la moyenne des autres personnes. La NGF est un facteur de croissance nerveuse, neurotrophine, entre autres, impliquée dans les mécanismes de survie des neurones, de sensibilité à la douleur et processus inflammatoires", ajoute Sébastien Garnero.

Les zones profondes du cerveau sont stimulées

Il se trouve ainsi que la NGF, en augmentant son taux chez les amoureux, stimule les zones profondes du cerveau et pourrait protéger des phases de doute, de dépression, et de remise en question. "Dans cette perspective, la flamme de l’élan amoureux initial serait auto entretenue par l’implication en cascade d’une pluralité de processus psycho-physiologiques complexes", estime notre psychologue.

Coup de foudre : comment il nous renvoie à nos premiers instants de vie

"Il faut toutefois retenir que, même si certains phénomènes inhérents aux processus neurophysiologiques et psychologiques du coup de foudre commencent à être expliqués, l’énigme de la rencontre amoureuse singulière entre deux êtres demeure et reste mystérieuse".

Cela peut vous sembler déroutant, car cela dépasse votre capacité de compréhension, mais cela permet aussi de conserver la magie de l’amour et du coup de foudre. "On dit d’ailleurs que ‘l’amour est la seule maladie dont on n’aime pas à guérir", conclu Sébastien Garnero.

"La force de cette fascination lors des premiers échanges, de cette découverte de l’amour au premier regard nous renvoie probablement aussi à ces premiers instants de vie où nous découvrons le monde avec la pureté du premier regard, des premiers contacts peau à peau avec l’objet maternel. Nous sommes probablement bouleversés, par ce que nous revivons lors de la fulgurance de ce premier regard amoureux. Cette curiosité extraordinaire et hypnotique pour l’autre aimé lors du coup de foudre, nous ouvre la voie à une forme de renaissance à deux".

Sources

Merci à Sébastien Garnero, DR en psychologie, sexologue, psychologue clinicien, psychothérapeute, enseignant à l’université de Paris.

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