Troubles de l’érection : ils ne sont pas une fatalité après 60 ans !Istock
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Medisite : Les problèmes érectiles sont-ils une fatalité après 60 ans ?

Docteur Sébastien Garnero : On sait que les troubles de l’érection après 60 ans sont relativement fréquents et touchent environ un homme sur deux. Ils ont tendance à augmenter au fil du temps avec l’âge, même si on est aujourd’hui en meilleure santé plus longtemps qu’il y a un demi-siècle. Les problèmes érectiles sont souvent plurifactoriels, et donc liés à une multitude de facteurs (vasculaires, circulatoires, hormonaux, neurologiques...).

Érection : pourquoi ça coince ?

Les principales causes des troubles érectiles après la soixantaine incluent le plus souvent des problèmes comme l’athérosclérose, le diabète, l’hypertension, certains effets iatrogènes de médicaments, des changements hormonaux (DALA : déficit androgénique lié à l’âge), et des difficultés psychiques (stress, anxiété , dépression…).

En effet, avec l’âge, plusieurs facteurs organiques ou psychiques peuvent interagir de façon complexe et entraîner des troubles érectiles chez certains hommes. À titre d'exemple, l’athérosclérose, par l’accumulation de plaques dans les artères, peut restreindre drastiquement le flux sanguin au niveau pelvien vers le pénis. De plus, sur le plan hormonal, dans le DALA, la baisse significative de la testostérone peut entraver les processus érectiles en générant une chute du désir sexuel.

D’autres facteurs bien connus sont le diabète, les troubles cardiovasculaires, l’hypertension, l’obésité morbide, le tabagisme, les problèmes d'alcool, mais aussi les effets secondaires ou iatrogènes de certains médicaments. Si on les associe, ils peuvent aussi entraîner des troubles érectiles. Sur le plan psychique, le stress, la dépression et l’anxiété participent également à l’aggravation des problèmes érectiles. La plupart du temps, une évaluation médicale plurielle (cardiologique, urologique, sexologique, psychologique…) est d’ailleurs nécessaire.

Troubles de l’érection : des facteurs psychiques en cause

Souvent, le pourcentage d’hommes touchés par des problèmes érectiles a tendance à augmenter avec l’âge. Néanmoins, même s’il peut être important d’observer que le vieillissement organique est un facteur en lui-même de perturbation des fonctions érectiles, d’autres aspects de la santé physique et psychique jouent également des rôles cruciaux dans la préservation de la fonction érectile.

On ne peut donc pas dire que les problèmes érectiles sont une fatalité, mais plutôt une éventualité. Bien que le risque d’avoir des problèmes érectiles ait tendance à augmenter au fil du temps et au travers du vieillissement, a contrario, on voit également dans la pratique que de nombreuses personnes, même à des âges avancés, conservent une fonction érectile relativement satisfaisante pour avoir des rapports. Ils ont à peu près tous un facteur commun au moins en lien avec la conservation de leurs capacités érectiles la plupart de ces hommes ont toujours, plus ou moins, eu une activité sexuelle active, et continuent à l’entretenir soit seul, soit en couple. On retrouve chez une grande majorité d’entre eux une hygiène de vie assez saine (activités physiques régulières , alimentation équilibrée, assez bonne gestion du stress, intérêt pour leur santé et la sexualité…).

Dysfonctions érectiles : le besoin d’une approche médico-psycho-sexologique

Tous ces éléments constituent de bons outils de prévention par rapport à d’éventuels problèmes érectiles. Dans tous les cas de figure, consulter des spécialistes de la problématique sexuelle (sexologue, urologue, psychologue…) est tout à fait important. La prévention et le traitement des problèmes d’érection après 60 ans impliquent en effet, souvent, des approches plurielles et variées médico-psycho-sexologiques.

Medisite : Les problèmes érectiles peuvent-ils constituer un motif de rupture ?

Docteur Sébastien Garnero : Pour certains couples, les problèmes érectiles qui durent dans le temps peuvent à terme devenir un motif de rupture. Plusieurs raisons en sont souvent à l’origine, comme une forme d’incompatibilité dans les attentes sexuelles qui génère parfois trop d’insatisfactions, de frustrations ; dans l’abstinence ou l’impossibilité d’une sexualité pénétrante ; autour de conséquences connexes qui amènent au fil du temps des différences trop importantes dans les besoins et les désirs. Quand les deux partenaires amoureux n’arrivent plus à se connecter physiquement et psychologiquement, cela entraîne souvent une perte d’intimité, de complicité, des tensions internes au couple, parfois une certaine agressivité larvée, puis une distanciation, et malheureusement, dans certains cas, une séparation.

Sexualité : la communication est indispensable

Cependant, on peut noter que de nombreux couples après 60 ans réussissent à dépasser les problèmes érectiles. On retrouve chez ces couples des éléments communs comme :

  • une bonne qualité relationnelle
  • une communication souple et ouverte
  • un soutien affectif mutuel
  • une capacité à trouver des solutions

Ainsi, même quand il existe des troubles érectiles plus ou moins sévères, ils sont intégrés par le couple qui développe des solutions plurielles pour surmonter ce problème et le dépasser. Voilà pourquoi les problèmes érectiles ne devraient pas être systématiquement considérés comme un motif de potentielle rupture.

Les troubles érectiles peuvent être délicats et complexes à gérer dans une relation affective, même pour un couple expérimenté ayant par ailleurs une bonne communication. De plus, il est essentiel de savoir que chaque relation amoureuse est unique et tout à fait singulière et nécessite des solutions personnalisées. Ainsi, bien souvent, le recours à un professionnel de santé spécialisé dans le domaine de la sexualité et de la psychologie s’avérera d’une grande aide pour certains couples en crise.

De l'impact du stress sur l’érection

Medisite : Le stress généré par les problèmes érectiles a-t-il, à son tour, un impact sur l’érection ?

Docteur Sébastien Garnero : Effectivement, le stress et l’anxiété sont des éléments causes, et aussi conséquences ayant un impact sur la sexualité dans l’ensemble de la réponse sexuelle pour les deux sexes ; chez l’homme en particulier, notamment au niveau de l’érection. Le stress et l’anxiété soit de performance ou de l’échec ont un impact négatif et inhibiteur sur le plan de l’érection.

On comprend aisément que les facteurs psychiques sont à l’œuvre dans ce cercle vicieux où le stress et l’anxiété s'auto-alimentent, et, au fil du temps, accentuent les troubles de l’érection, créant ainsi une spirale d’échec. Certains hommes finissent par redouter, éviter tout rapport sexuel.

L’anxiété affecte la réponse sexuelle

Le stress et l’anxiété participent d’un point de vue neurophysiologique à la libération de certains neuromédiateurs, notamment l’adrénaline (epinéphrine) et le cortisol, directement en lien avec le système neurovégétatif sympathique adrénergique, directement activé par le stress psychologique. Ceci va affecter la réponse sexuelle par l’inhibition, et donc la fonction érectile. Les principaux mécanismes en lien avec le stress et l’anxiété sont :

  • la vasoconstriction, avec réduction de l’afflux sanguin vers le pénis donc problème érectile pour avoir ou maintenir une érection
  • l’augmentation trop importante et régulière du cortisol, qui peut perturber l’équilibre hormonal et amener une baisse de la testostérone (hormone mâle impliquée dans libido, désir sexuel, activation acte sexuel…) et donc provoquer des difficultés érectiles
  • l’augmentation des tensions musculaires générales inutiles, en particulier au niveau pelvien qui peut altérer le relâchement nécessaire à l’activité sexuelle
  • des effets globaux sur le système nerveux sympathique, en lien les mécanismes de survie et d’urgence dans les réponses au stress, entraînant en cascade des réactions d’inhibition de la réponse sexuelle

“Privilégier le plaisir et la sensualité plutôt que l’enjeu de la performance sexuelle”

On peut souligner que les effets du stress et de l’anxiété peuvent être transitoires, ponctuels, temporaires ou chroniques. Cela génère des effets inhibants qui vont le plus souvent altérer la fonction érectile de l’homme. Ainsi, un stress relativement chronique peut contribuer à des problèmes érectiles persistants lorsqu’il n’est pas bien géré ou non traité. On perçoit d’ailleurs qu’en dehors des facteurs organiques liés à l’âge ou à des problématiques de santé, le facteur stress/anxiété peut à tout âge être un agent d’inhibition désactivant les processus d’excitation et d’érection.

Dans cette perspective, une approche psycho-sexologique du stress et de l’anxiété s’impose comme un axe thérapeutique incontournable dans les problématiques érectiles chez l’homme quel que soit l’âge. D’ailleurs, développer un arsenal d’outils (hypnose, relaxation, méditation, techniques de respiration et de gestion du stress…) est indispensable, sans compter un nouveau positionnement par rapport à la sexualité en privilégiant le plaisir et la sensualité plutôt que l’enjeu de la performance sexuelle.

Le tournant de la “révolution Viagra”

Medisite : Existe-t-il une “nouvelle sexualité” après 60 ans, où l’on s’habitue à avoir des rapports sexuels autrement, sans forcément pénétrer ?

Docteur Sébastien Garnero : La sexualité évolue avec l’âge et l’expérience depuis le début du développement psycho-affectif sexuel. Puis, au fil du temps, de nouveaux apprentissages enrichissent les pratiques. Ainsi, il n’est pas rare de développer différentes formes de pratiques sexuelles après 60 ans. Le plus souvent, même si une sexualité pénétrante demeure beaucoup plus longtemps qu’auparavant, notamment depuis le tournant de la “révolution Viagra”.

Pour de nombreux hommes après 60 ans, l’accès à ce type de traitement médicamenteux a eu un impact positif sur la qualité de vie personnelle et de couple. Cependant, on peut noter que l’efficacité de ces médicaments est relativement variable d’une personne à l’autre, et que même s’ils ont un effet facilitateur sur l’érection, ils ne résolvent pas obligatoirement l’ensemble des problématiques érectiles.

L’essentiel, c’est la complicité

Sur un autre plan, des changements physiologiques et psychologiques liés à l’âge peuvent amener certains hommes et couples à diversifier leur sexualité et à enrichir leur intimité sexuelle de pratiques nouvelles non pénétrantes favorisant les caresses sensuelles, les baisers, l’exploration mutuelle des zones érogènes plus larges, d’intégrer des fantaisies et fantasmes dans leurs rencontres amoureuses.

La connexion affective et émotionnelle peut également évoluer sur une plus grande complicité au travers de ce renouveau sexuel au sein du couple. L’essentiel est de trouver ce qui convient le mieux aux partenaires dans une logique de plaisir et sensualité et de s’adapter aux changements au fil du temps. La sexualité peut prendre une pluralité de formes, l’essentiel reste que les partenaires se sentent complices et connectés sur le plan émotionnel.

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