Precarite alimentaire : des pistes pour bien manger sans se ruiner

Remplir son frigo est devenu un véritable casse-tête. L’enquête des " Fractures françaises " de 2024 montre que 55 % des habitants de l’Hexagone rencontrent des difficultés à subvenir aux dépenses courantes. " L’alimentation est devenue la première variable d’ajustement dans le budget ", souligne, lors d’une conférence de presse sur la précarité alimentaire le 12 décembre, Caroline Rio, diététicienne-nutritionniste en libéral et pour le Centre de ressources et d’informations nutritionnelles. L’accessibilité à une alimentation de qualité devient un enjeu de santé publique majeur, que le chef anti-gaspi Nabil Zemmouri, alias Chef-N-Zem sur les réseaux sociaux, combat depuis plus de 10 ans.

Les personnes vivant sous le seuil de pauvreté sont les plus touchées : étudiants, retraités, chômeurs, salariés, agriculteurs... Plus de 8 millions de personnes sont concernées. Les familles monoparentales représentent la catégorie de ménages où la proportion de personnes en situation de précarité alimentaire est la plus élevée (+ 18 % en 2023). Contraints de faire un choix entre leur santé et les autres charges de la vie courante, cette première variable est souvent laissée de côté.

"60 % des personnes qui ont recours à l’aide alimentaire sont en CDI"

Dans ce contexte, l'insécurité alimentaire quantitative (ne pas avoir assez à manger) est passée de 9 % en 2016 à 16 % fin 2022. Quant à l’insécurité alimentaire qualitative (consommer des aliments de mauvaise qualité ou ceux non souhaités), elle touche 51 % de la population en 2023, contre 42 % en 2016. "La précarité alimentaire est le regroupement de ces deux notions : une situation dans laquelle une personne ne dispose pas d’un accès garanti à une alimentation suffisante et de qualité durable", explique Caroline Rio.

Le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire a été multiplié par 3 en 11 ans. "Aujourd’hui, le profil des personnes a changé, avec 60 % des bénéficiaires de cette béquille en CDI", déplore Caroline Rio. Selon l’Igas (Inspection générale des affaires sociales), 5,5 millions de personnes en bénéficient, un chiffre sous-estimé par rapport aux besoins réels.

Cette précarité impacte indirectement la santé, à cause d'une qualité nutritionnelle médiocre. L’OMS lui donne un nom : le double fardeau de la malnutrition. Il fait référence à la coexistence de la dénutrition et de l’obésité. " Les aliments les plus denses en nutriments sont aussi les plus chers, ce qui amène à consommer des produits plus gras et plus sucrés", précise Caroline Rio. L’Unicef parle de triple fardeau en considérant " la faim insoupçonnée " qui s’observe chez des enfants souffrant de carences en vitamines, faisant réapparaître des maladies disparues dans les pays riches, comme récemment le scorbut.

En cuisine aussi, "rien ne se perd et tout se transforme"

Le prix est aussi le premier frein à la consommation de produits bio. L’enquête des Fractures françaises rapporte que 49 % des non-consommateurs de bio en 2023 se contentent des aliments non issus de cette catégorie pour une question de coût.

Le Chef-N-Zem, qui cumule aujourd’hui plus de 2,5 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux, a été le premier chef à démocratiser la cuisine anti-gaspi. Son objectif : lutter contre le gaspillage alimentaire et aider toutes les personnes, peu importe leurs revenus, à bien manger. Sur les réseaux, il donne des idées de recettes et des conseils pour ne rien jeter et faire des économies. "Comme le disait le chimiste Lavoisier, en cuisine aussi, rien ne se perd, tout se transforme", sourit Nabil Zemmouri lors de la conférence de presse sur la précarité alimentaire.

Voici un diaporama de quelques idées.

Le lait

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Cet allié du quotidien a le bénéfice d’être peu coûteux et de procurer les nutriments nécessaires comme le calcium et les protéines. "Il peut se préparer de toutes les façons possibles et accompagner de nombreux plats", explique Nabil Zemmouri.

Les œufs

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Sur les sept premiers mois de l'année 2023, de janvier à juillet, les ventes d'œufs, tous modes d’élevage confondus, ont bondi de près de 4 %, selon une étude de l'Institut technique agricole. Leur fort taux de protéines pour un faible coût par rapport à la viande joue en leur faveur.

La cuisine du placard

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Privilégier les produits non périssables (produits céréaliers, légumes secs, tomates pelées…). "Penser à faire des inventaires et des semaines blanches pour vider les stocks", précise Caroline Rio.

Achat

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Privilégier les fruits et légumes de saison ou avoir recours aux conserves ou surgelés.

Le fait maison

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Cela demande du temps, mais cuisiner soi-même peut être simple et moins cher.

La cuisine du frigo

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Bien ranger le frigo avec les dates de péremption les plus proches devant permet d’éviter le gâchis alimentaire et la surconsommation.

Réflexe anti-gaspi

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Précarité alimentaire : des pistes pour bien manger sans se ruiner

Apprendre des astuces pour maximiser l’usage d’un aliment pour ne rien jeter.

Limiter le coût de l'électricité ou du gaz

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Faire cuire plusieurs plats lorsque le four est allumé et utiliser des couvercles sur les casseroles.

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