La production mondiale de plastique frôle les 500 millions de tonnes chaque année. Une fabrication qui engendre une pollution aux microplastiques néfastes pour la biodiversité et la santé humaine. L’usage des plastiques biodégradables est mis en avant comme une solution à la pollution de ces polymères. Certains d’entre eux sont dits 100 % biodégradables, se détériorant sous l’action des micro-organismes ; compostables, se dégradant sous certaines conditions ; et biosourcés, c’est-à-dire fabriqués en partie avec des ressources renouvelables. Mais sont-ils vraiment si inoffensifs ? Un avis de l’Anses, publié en 2022, estime que ces matières sont susceptibles de contribuer à la pollution de l’environnement et des aliments cultivés, et de présenter un risque pour la santé humaine.
Une pollution qui provient notamment des microplastiques issus de leur dégradation. "Les constituants concernés peuvent être des polymères, des monomères résiduels, des additifs ou des charges inorganiques présentant des dangers potentiels aussi bien pour la santé humaine que pour l’environnement", explique au média Reporterre, Stéphane Leconte, coordonnateur de l’expertise à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
Les sacs biodégradables dans le compost comportent des risques pour la santé si ce compost est utilisé pour le potager
Plus récemment, une équipe du CNRS a lancé un programme qui compare la façon dont les sacs biodégradables se dégradent dans les sols. Arthur Compin, ingénieur au Centre de recherche sur la biodiversité et l’environnement du CNRS, et membre de l’équipe qui anime le programme Plastizen, estime qu’il faut environ 400 ans pour qu’ils se dégradent dans la nature. "Ce sont des estimations, cela n’a encore jamais été testé puisque ces plastiques sont apparus dans les années 1950", précise-t-il sur France Info.
Les conclusions de Plastizen montrent que les plastiques dits biodégradables ne se dégradent pas dans tous les cas de figure. "Cela dépend des conditions, surtout de l’humidité et de la température", explique Arthur Compin. "Ce sont les bactéries et les champignons qui dégradent les sacs. Comme ce sont des organismes vivants, ils ont besoin d'une température moyenne, ni trop basse ni trop élevée, et d'humidité."
L’Anses conseille de ne pas utiliser ces types de plastiques, même ceux présentant un libellé "biodégradable", dans le compost de jardin. Pour faire ses courses, il est également conseillé d’utiliser plutôt des sacs en tissu, des filets ou, à défaut, des sachets en papier, et de bien rincer les fruits et légumes pour limiter le contact sur les aliments.
