Encore une preuve scientifique qui met en lumière la dangerosité du glyphosate, un herbicide fréquemment utilisé en Europe et dans le monde. Le 10 juin, une équipe de chercheurs de l’Institut Ramazzini, en Italie, publie une étude dans la revue Environmental Health, mettant en évidence le risque de cancer associé à l’utilisation de cette substance considérée « sans effet » sur la santé par la réglementation européenne. « Nous avons observé une augmentation statistiquement significative, dépendante de la dose reçue, de la tendance à développer des tumeurs bénignes ou malignes sur plusieurs tissus. » En tout, près de 14 tumeurs ont été constatées sur plus d’une centaine de rats.
Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont administré à des rats mâles et femelles, du 6e jour de gestation jusqu'à l'âge de 104 semaines, du glyphosate pur et deux autres formules à base de cette substance : le Roundup Bioflow, utilisé dans l'Union européenne, et le RangerPro, utilisé aux États-Unis.
Trois niveaux d'exposition à l'herbicide
Les animaux ont été soumis à trois niveaux d’exposition : le premier, considéré acceptable pour les humains par les autorités européennes (0,5 mg/kg de poids corporel/jour), une dose intermédiaire (5 mg/kg de poids corporel/jour) et une troisième, la plus élevée (50 mg/kg de poids corporel/jour), considérée comme sans effet sur les rongeurs par l’Union européenne.
Dans les trois groupes de traitement, une augmentation statistiquement significative de l'incidence des tumeurs bénignes et malignes, liée à la dose, a été observée sur plusieurs sites anatomiques, par rapport au groupe d'animaux n'ayant pas été exposés. « La plupart de ces tumeurs sont rares chez les rats (< 1 %) », précisent les chercheurs. Elles ne sont donc pas liées au vieillissement normal de cette catégorie de rongeurs.
Les réactions de deux ONG
Ces résultats ne permettent pas de conclure sur la cancérogénicité chez l'humain. Cependant, les chercheurs estiment qu'ils concordent avec des études épidémiologiques ayant établi une corrélation dans la vie réelle entre l'exposition au glyphosate et l'apparition de cancers.
Suite à la publication de l'étude, l'organisation Pan Europe et l'ONG française Générations Futures réagissent. « Le glyphosate ne répond clairement pas aux exigences de sécurité du droit européen », a déclaré le 13 juin Angeliki Lysimachou, responsable scientifique de l'organisation Pan Europe, dans un communiqué commun avec l'ONG française Générations Futures.
En France, ce débat s'inscrit dans un contexte où le président Emmanuel Macron, initialement favorable à une interdiction du glyphosate avant d'assouplir sa position, s'est justifié mardi de ce choix en pointant la difficulté à « trouver un substitut ».
14 tumeurs bénignes et malignes identifiées
Pour information, cet herbicide est interdit à la vente pour un usage domestique, mais il reste autorisé sous conditions aux agriculteurs. Les agences européennes estiment qu’il n’a pas de potentiel cancérogène, ce qui a ouvert la voie à sa réautorisation en 2023 pour une durée de dix ans. À savoir qu'en mars 2015, le Centre national de recherche contre le cancer a classé le glyphosate « cancérogène probable » pour l’homme. Cette étude apporte une pièce importante dans le débat autour des effets sur la santé du glyphosate.
Pour continuer, voici un diaporama des 14 tumeurs détectées par les scientifiques.
La peau
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Les cancers de la peau, ou cancers cutanés, sont des tumeurs malignes d'histologie variée, développées aux dépens des cellules de la peau. On en distingue trois types : les épithéliomes, eux-mêmes composés de deux grands groupes de carcinomes : le carcinome basocellulaire et le carcinome spinocellulaire, les mélanomes et les sarcomes.
Les tissus hémolymphoréticulaires (leucémie)
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« Environ la moitié des morts des suites de leucémies observées chez les animaux traités se sont produites sur des rats de moins de 1 an d’âge, ce qui correspond à 35-40 ans pour un humain », dit Daniele Mandrioli, directeur du centre de recherche sur le cancer de l’Institut Ramazzini et coordinateur de ces travaux.
Le foie
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Le nombre de nouveaux cas de cancer du foie est estimé, en 2023, à 11 658 (8 874 chez l'homme et 2 784 chez la femme). L'âge médian au diagnostic est de 70 ans chez l'homme et de 73 ans chez la femme.
La thyroïde
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Le cancer de la thyroïde était relativement rare il y a 25-30 ans, mais le nombre de diagnostics a beaucoup augmenté depuis.
Le système nerveux
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Les cancers du système nerveux central regroupent les cancers se développant dans le cerveau et dans la moelle épinière.
Les ovaires
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Le cancer de l'ovaire est diagnostiqué chez quelque 4 500 femmes par an en France, ce qui en fait un cancer peu fréquent. Son pronostic reste sévère malgré les progrès réalisés ces dernières années.
La glande mammaire
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En 2023, 61 214 nouveaux cas de cancer du sein ont été détectés en France métropolitaine.
Les glandes surrénales
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Le corticosurrénalome est une tumeur très rare (1 à 2 cas par an par million d'habitants), selon l'Institut Gustave Roussy.
Les reins
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Selon Santé publique France, en France, le nombre estimé de nouveaux cas de cancer du rein était de 15 323, dont 67 % chez l'homme en 2018.
La vessie
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Selon Cancer Environnement, en 2022, en France, le nombre de nouveaux cas de cancer de la vessie s’élevait à près de 20 000 (16 300 chez l'homme et 3 700 chez la femme).
Les os
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Les tumeurs osseuses cancéreuses les plus courantes chez l'adulte sont le chondrosarcome, l'ostéosarcome et le sarcome d'Ewing.
Le pancréas
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Avec environ 16 000 nouveaux cas en 2023, l'incidence du cancer du pancréas est en nette progression depuis les années 1990, sans raison clairement identifiée jusqu'à présent.
L’utérus
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Le cancer du col de l'utérus est un cancer de la femme jeune : 67 % des cancers du col de l'utérus ont été diagnostiqués chez des femmes de moins de 65 ans, selon Santé publique France.
La rate
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La rate est impliquée dans de nombreux cancers en lien avec les cellules sanguines ou le système lymphatique. Les plus courants sont les leucémies ou le lymphome non hodgkinien. Les cellules cancéreuses sont amenées dans la rate par le sang, où elles finissent par former une tumeur.
