Comment adapter votre alimentation pour bannir le cadmium, selon un expert international
Medisite : Quels sont les risques avérés du cadmium ?
Joseph Pizzorno : En tant que communauté de recherche, nous travaillons encore sur les effets généralisés de ce métal. Nous savons déjà que le cadmium empoisonne les cellules de l'os, qui produisent de nouvelles cellules. Par exemple, les femmes souffrant d'ostéoporose présentent des niveaux plus élevés de cadmium.
Mais le principal problème, c’est qu'il est très toxique pour les reins, qu’il endommage. Il y reste en moyenne 16 ans ! C’est considérablement plus que le mercure (trois mois), ou même que le plomb (deux à sept ans). Donc, à mesure que les niveaux de cadmium augmentent, les reins se détériorent plus rapidement. En fait, cette toxine est l'une des raisons pour lesquelles nous rencontrons une épidémie d'insuffisance rénale dans le monde occidental. Et le problème, c’est qu’au cours de notre évolution, nous n'avons pas été exposés au cadmium auparavant, car il n'a été libéré que par des processus industriels.
Quelles habitudes alimentaires adopter pour éviter le cadmium ?
JP : Il s'avère que la grande majorité de l'exposition au cadmium provient de la consommation d'aliments cultivés avec des engrais phosphatés. Dans l’agroalimentaire, l'un des pires est le soja. Ses fèves, lorsqu'elles sont cultivées avec des engrais riches en phosphate, ont des niveaux très élevés de cadmium. Le mieux serait donc de ne consommer que des aliments issus de l'agriculture biologique. Si vous faites ça, vos niveaux de cadmium diminueront !
Le cadmium endommage les reins en provoquant du stress oxydatif sur les mitochondries. Donc l'une des façons de protéger ces minuscules structures de nos cellules, c’est avec des nutriments qui réduisent le stress oxydatif : des antioxydants. Par exemple, la coenzyme Q10 est incroyablement importante Cet antioxydant est synthétisé par l’organisme à partir de divers nutriments : des acides aminés, des vitamines du groupe B, la vitamine C, des oligo-éléments et des minéraux. La vitamine E, aussi, et je parle des huit versions de la vitamine E, est très efficace pour protéger les mitochondries ! Consommer des aliments bio, riches en vitamines, oligo-éléments et minéraux vous aidera.
L’alimentation est-elle le seul levier ?
JP : Non : une autre principale source du cadmium, c’est la cigarette. Le tabac a des niveaux élevés, à cause des engrais phosphatés utilisés pour le cultiver. J'ai suivi un programme de bien-être en entreprise au Canada, où j'ai mesuré les niveaux de cadmium chez 4 500 travailleurs du secteur pétrolier, et je pouvais vous dire qui fumait ou non : les fumeurs avaient deux fois plus de cadmium dans le corps. Le mieux est donc d’arrêter de fumer : vous verrez aussi vos niveaux de cadmium diminuer !
Sinon, pour faire diminuer ces taux plus vite, c'est à travers la transpiration. Je dis souvent que la peau est comme au troisième rein, car lorsque nous transpirons, nous éliminons beaucoup de toxines, le cadmium et bien d'autres. Le sauna, par exemple, c’est très efficace ! En revanche, les niveaux de cadmium ne sont pas forcément moins élevés dans les pays chauds, où les gens transpirent davantage : ces niveaux sont en réalité corrélés au degré d'industrialisation du pays.
Le message que je continue d'essayer de transmettre aux gens, c'est de ne pas croire que les maladies sont forcément de famille. En réalité, 15 % des maladies sont dues à la génétique. Donc 85% sont dues à l'alimentation, au mode de vie et à l'environnement. Dans mon livre Toxiques, je détaille un protocole de huit semaines pour préparer son corps à la détoxification, puis pour la mettre en place. Beaucoup de gens l’ont, mais ce n’est pas suffisant : ne vous contentez pas de le lire, faites ce programme, ça fonctionne très bien !
Afficher les sources de cet article
Interview du Dr Joseph Pizzorno, auteur du livre Toxiques, éditions Thierry Souccar