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Et si votre manière de respirer était aussi unique que votre empreinte digitale ? C’est ce que suggèrent des chercheurs de l’Institut Weizmann des sciences, en Israël, dans une étude publiée le 12 juin dans la revue Cell. Ils ont mis au point un appareil capable de détecter les particularités de votre souffle. Cette "empreinte respiratoire" pourrait aider à diagnostiquer et suivre des problèmes de santé comme l’obésité ou la dépression.

L’existence d’une signature respiratoire n’est pas nouvelle. Au début des années 1980, des études démontrait déjà que la respiration contenait des indices sur le métabolisme. Cependant, les résultats n'étaient pas suffisants.

Jusqu'à l'arrivéé du professeur Timna Soroka et son équipe. Leur dispositif capte de fines variations dans la respiration. Jusqu’à présent, il était difficile de recueillir ce genre de données, car les appareils de mesure n’étaient pas adaptés à une utilisation en dehors d’un hôpital. Or, dans ces conditions, les observations sont souvent courtes et peu représentatives de la vie quotidienne.

Pour y remédier, les chercheurs ont demandé à 97 personnes de porter leur appareil pendant 24 heures. Ils ont ensuite analysé 24 paramètres respiratoires comme le volume d’air inspiré ou la fréquence des pauses dans le souffle. Entraîné sur ces données, un algorithme a réussi à reconnaître chaque participant avec 97 % de précision. Et ces résultats sont restés stables deux ans plus tard.

L’indice de masse corporelle (IMC) pourrait être lié au "cycle nasal"

Mais pas question d’utiliser cet outil comme une nouvelle méthode d’identification, précise au média américain New Scientist, le professeur Noam Sobel, membre de l’équipe. Le but n’est pas de surveiller les gens, mais d’apprendre à mieux comprendre leur état de santé à travers leur respiration.

Par exemple, l’indice de masse corporelle (IMC) pourrait être lié au "cycle nasal", un phénomène naturel où une narine devient plus ouverte que l’autre, puis alterne toutes les quelques heures. Ce rythme est influencé par notre système nerveux : le système sympathique (lié au stress) et le parasympathique (lié au repos). En observant le débit d’air dans les narines, les chercheurs peuvent estimer cet équilibre, qui semble avoir un lien avec le poids.

Un lien entre la respiration et les troubles psychiques

Une question intrigue la communauté scientifique. Est-ce que notre façon de respirer pourrait influencer notre poids, plutôt que l’inverse ? « Si c’est vrai, on trouvera le souffle qui fait maigrir et on prendra notre retraite sur une île », plaisante le professeur Noam Sobel.

Les chercheurs ont aussi découvert des liens entre certains types de respiration et des troubles psychiques. Par exemple, les personnes souffrant de dépression ont tendance à inspirer plus rapidement. L’équipe cherche maintenant à savoir si ces changements dans le souffle sont une conséquence ou une cause de ces troubles. Si c’est le second cas, des exercices respiratoires pourraient devenir des traitements efficaces.

Un capteur nasal pour adapter les soins des patients

« Nous pensons que cette approche de la mesure des schémas de débit d'air nasal à long terme peut fournir des informations sur des maladies de toutes sortes, en particulier celles qui impliquent les moteurs neuraux de la respiration. C'est pourquoi nous envisageons d'appliquer les empreintes respiratoires à divers domaines de la médecine et de la recherche fondamentale »

« On peut imaginer un avenir où chaque patient aurait un petit capteur nasal pour suivre l’évolution de sa respiration, adapter les soins et mieux comprendre son état de santé », imagine le professeur Torben Noto, un spécialiste en intelligence artificielle, qui a contribué aux mesures utilisées dans l’étude. Cet appareil pourrait aussi alerter les gens quand leur respiration sort de la normale.