Raideurs matinales : combien de temps durent-elles ? Ce signe d'alerte à ne pas ignorer

Publié par Sandrine Coucke-Haddad
le 22/11/2025
raideurs articulations
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Vos articulations sont raides au lever ? C’est un problème courant et le plus souvent banal et sans conséquence sur la santé. Mais si ces raideurs durent plus de trente minutes, ce peut être le signe d’un problème plus sérieux.

Se réveiller avec les articulations grippées, comme si elles avaient besoin d'un temps de chauffe pour fonctionner, est une expérience banale. Ce "dérouillage matinal" est souvent associé à une fatigue passagère ou à l'âge. Pourtant, sa durée est un indicateur bien plus révélateur qu'il n'y paraît. Lorsque cette sensation de limitation des mouvements s'éternise au-delà de trente minutes, elle cesse d'être une simple gêne pour devenir un symptôme à ne jamais prendre à la légère. Elle peut en effet signaler l'installation d'une pathologie inflammatoire nécessitant une prise en charge.

Mécanique ou inflammatoire : le facteur temps est décisif

La distinction fondamentale entre une raideur mécanique et une raideur inflammatoire repose presque entièrement sur le chronomètre. Une raideur d'origine mécanique, typiquement causée par l'arthrose, une maladie qui touche dix millions de Français d’après l’Inserm, due à l'usure du cartilage, est de courte durée. Elle n'excède que rarement trente minutes, et souvent bien moins. La douleur qui l'accompagne s'aggrave avec l'effort physique au cours de la journée et se calme avec le repos. Il n'y a généralement pas de réveil nocturne lié à ces douleurs articulaires. C'est le tableau classique de l'articulation qui "grince" un peu au démarrage avant de retrouver sa souplesse.

Une raideur prolongée, symptôme d'un processus inflammatoire

Le scénario est tout autre face à une raideur d'origine inflammatoire. Ici, une raideur matinale de plus de trente minutes est la norme, et elle peut s'étendre sur plusieurs heures. De manière paradoxale, la douleur est plus intense au repos et s'améliore avec le mouvement. Elle est souvent assez forte pour provoquer des réveils en seconde partie de nuit. Comment est-ce possible ? Ce phénomène s'explique par le fait que lorsque l’on est immobile, les substances inflammatoires produites par un système immunitaire déréglé s'accumulent dans l'articulation. Le mouvement aide à "drainer" ce liquide et à soulager la gêne. Ce dérouillage matinal prolongé est en outre souvent le premier signe d’un rhumatisme chronique.

Quand le corps envoie d'autres signaux d'alerte à ne pas ignorer

La durée de la raideur est un signe à prendre en compte , mais il en existe d’autres, qui peuvent faire soupçonner une inflammation. Une raideur prolongée accompagnée d'un gonflement de l'articulation, d'une chaleur locale ou d'une rougeur est très évocatrice d'une arthrite, c'est-à-dire une inflammation articulaire active. D’autres symptômes peuvent évoquer une polyarthrite rhumatoïde (qui est une arthrite inflammatoire), comme une atteinte symétrique des articulations, touchant par exemple les deux poignets ou les deux genoux simultanément. Une fatigue intense et inhabituelle, une légère fièvre, une perte de poids ou d'appétit sont aussi des signaux généraux qui peuvent accompagner l'installation d'une maladie inflammatoire.

Pourquoi faut-il agir vite pour obtenir un diagnostic ?

Vous êtes confronté à des raideurs qui s'installent plus de trente minutes ? Prenez rendez-vous avec son médecin traitant. Il pourra vous orienter vers un rhumatologue pour des examens plus poussés. Les principales affections concernées sont les rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC), comme la polyarthrite rhumatoïde, qui touche environ 1 % de la population et trois fois plus de femmes que d'hommes, mais aussi les spondyloarthrites ou le rhumatisme psoriasique. Le temps est un facteur clé, car un diagnostic posé idéalement dans les six semaines suivant l'apparition des premiers signes permet d'initier un traitement efficace pour freiner l'évolution de la maladie, prévenir la destruction des articulations et limiter le risque de handicap fonctionnel.

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