
365 millions de personnes sont concernées par l’arthrose à travers le monde. Dans 35 à 45 % des cas, il s’agit d’arthrose des mains. Autrement dit, des excroissances osseuses sur les articulations des doigts. Ces dernières se raidissent alors (idem pour la base du pouce), et deviennent parfois douloureuses. Pour soulager cette maladie, les options thérapeutiques ne sont pas légion. Toutefois, de nouvelles recommandations de prise en charge par les médecins ont été discutées par la Société française de rhumatologie (SFR) avec la Société française de médecine physique et de réadaptation (SOFMER), au cours d’un congrès tenu fin 2024. Le compte rendu de ces discussions a été notamment diffusé sur Medscape, site d’information pour les médecins et professionnels de santé.
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"Ces nouvelles recommandations sont choisies sur la base de littérature et de réunions d'un groupe de travail qui suit le processus reconnu pour faire des recommandations. Ici, les discussions ont été faites entre les deux sociétés savantes SFR et SOFMER. Les recommandations ne changent pas tous les ans, elles sont mises à jour quand il y a suffisamment d'avancées", nous explique Pr Jérémie Sellam, professeur de rhumatologie à Sorbonne Université exerçant dans le service de rhumatologie de l'hôpital Saint-Antoine à Paris, et membre de la SFR.
Une prise en charge au cas par cas
En préambule, les recommandations insistent sur un point : l’arthrose est une maladie hétérogène, qui requiert donc une prise en charge individuelle, au cas par cas. Cela dépend de la sévérité, de la présence d’une poussée inflammatoire et/ou douloureuse, des comorbidités et des attentes du patient. Il ne s’agit donc pas de faire essayer toutes les recommandations à tout le monde dans l’espoir que ça marche ! En connaissant votre profil, vos antécédents médicaux et le stade de votre arthrose, votre médecin fera une prise en charge individuelle et adaptée.
Arthrose 2025 : les recos non pharmacologiques
Le traitement de l'arthrose de la main se base d'abord sur des approches non médicamenteuses. En ce sens, voici dans un premier temps les recommandations non pharmacologiques proposées par la SFR et la SOFMER.
- Des exercices doivent être proposés à tous les patients : mobilisation articulaire, renforcement musculaire, préhension, proprioception (la perception, consciente ou non, de la position des différentes parties du corps).
- Des conseils ergonomiques et des aides techniques peuvent être proposés.
- Des orthèses de repos doivent être proposées dans la rhizarthrose et peuvent être proposées dans l’arthrose des doigts. La balance bénéfice/risque est très favorable.
- Au niveau des approches complémentaires aux conseils principaux cités ci-dessus, le congrès évoque que l’application locale de chaleur pourrait être envisagée pour atténuer ou supprimer la douleur à court terme.
Prise en charge arthrose : les recos pharmacologiques
Du côté des recommandations pharmacologiques, voici ce que préconisent la Société française de rhumatologie (SFR) et la Société française de médecine physique et de réadaptation (SOFMER).
- Les anti-inflammatoires non stéroïdiens topiques, qui s’appliquent donc sur la peau
- Les anti-inflammatoire oraux peuvent être proposés, “notamment en cas de poussée douloureuse et pour la durée la plus courte possible”, précise Medscape.
- En cas de poussées inflammatoires polyarticulaires, les médecins pourront proposer des corticoïdes oraux. Les recommandations invitent toutefois à faire attention aux éventuelles comorbidités cardiovasculaires, rénales et gastrointestinales, qui peuvent être incompatibles avec la prise de ces traitements, très puissants et pouvant entraîner de nombreux effets secondaires en cas de prise intense et régulière.
- Contre la douleur de l’arthrose, le paracétamol peut être envisagé, mais pour une durée limitée seulement. Du reste, les opioïdes faibles (comme le tramadol), ne seront généralement pas prescrits.
- La chondroïtine sulfate 800 mg/j, complément alimentaire qui apaise les symptômes de l'arthrose.
Ces prises en charge qui ne seront pas proposées par votre médecin
Certaines méthodes de prise en charge de l’arthrose ont été écartées des recommandations officielles, faute d’étude prouvant leur efficacité.
- Du côté des retours non pharmacologiques complémentaires à une prise en charge plus classique, la SFR et la SOFMER excluent les ondes électromagnétiques, le laser, l’acupuncture ou encore les bandes adhésives de contention, qui “ne doivent pas être proposées” par les médecins.
- Par ailleurs, les injections (ou infiltrations) directement dans les articulations ne sont généralement pas recommandées pour traiter l’arthrose de la main. Une seule exception est faite : lorsqu’il y a une inflammation aiguë (poussée inflammatoire) dans les articulations des doigts (interphalangiennes), on peut alors proposer une infiltration de corticoïdes (anti-inflammatoires puissants), car cela a montré un bénéfice dans une étude clinique sérieuse publiée en 2015. En revanche, pour une autre forme fréquente d’arthrose de la main, la rhizarthrose (arthrose à la base du pouce), les études n’ont pas démontré d’efficacité des infiltrations, donc elles ne sont pas conseillées dans ce cas.
- Enfin, au vu des données actuelles et donc, faute d’étude fiable, la colchicine, l’hydroxychloroquine, la méthotrexate et les traitements anti-cytokiniques ne devraient pas être proposés lors de vos prochains rendez-vous avec votre rhumatologue ou médecin traitant.