Quelles sont les étapes pour oser dire non avec justesse ?Istock

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Apprendre à dire non n’est pas une simple question de volonté. C’est une pratique intérieure, une manière de retrouver sa juste place dans les relations. Cela demande de ralentir, d’écouter ce qui se passe en soi et d’oser poser une parole authentique. Voici les repères fondamentaux proposés par Fabrice Midal, un philosophe français, pour apprendre à dire non sans culpabilité, mais avec responsabilité.

Pourquoi avez-vous envie de dire non, au fond ?

Avant de parler, il faut écouter. Pas les autres, mais vous. Ce non que vous sentez monter, qu’est-ce qu’il raconte ? De la fatigue chronique qui vous épuise à force de toujours rendre service ? Un malaise flou, mais persistant, qui vous envahit dès que vous entendez cette demande ? Un agacement, une crispation dans la poitrine, une boule au ventre ? Tous ces signaux sont valables. Ils sont des messagers, pas des caprices.

Il ne s’agit pas de dire non par réflexe ou pour imposer un pouvoir. Il s’agit de comprendre ce qui coince : êtes-vous en train de dépasser vos limites ? Vous sentez-vous trop disponible parce que vous ne savez pas poser de cadre ? Êtes-vous dans un rôle de sauveur que vous n’avez jamais demandé ? Plus vous comprenez d’où vient votre inconfort, plus votre non pourra être sincère et ajusté.

Votre non est-il juste ? Ou vous juge-t-on à votre place ?

Nous avons souvent été élevés avec cette idée implicite : dire non, c’est être égoïste. Ce serait manquer de gentillesse, voire de loyauté. Alors, au lieu de poser des limites, on se tait. On dit oui du bout des lèvres, mais on rumine en silence. Résultat : on se fatigue, on s’abîme, et parfois, on finit par exploser.

Mais poser un non n’a rien d’égoïste. Au contraire, c’est souvent le geste le plus honnête que l’on puisse poser. C’est dire : « Je ne peux pas tout faire », « Je ne suis pas disponible maintenant », « Je me respecte assez pour m’écouter ». C’est affirmer sa dignité sans piétiner celle de l’autre. Si votre non protège votre espace, votre énergie vitale, votre santé mentale… alors il est profondément juste.

On l’oublie souvent, mais dire non, ce n’est pas rejeter l’autre : c’est parfois la seule manière de rétablir une relation saine.

Qui ce non va-t-il vraiment aider ?

On l’oublie souvent, mais dire non, ce n’est pas rejeter l’autre : c’est parfois la seule manière de rétablir une relation saine. Dans son livre, Fabrice Midal raconte sa relation avec Laure, cette amie à qui il avait toujours dit oui, jusqu’au jour où il s’est senti vidé, épuisé, piégé. Son non, qu’il a d’abord prononcé avec difficulté, a mis fin à cette relation déséquilibrée. Mais au lieu de la briser, il l’a transformée. Un an plus tard, ils se sont retrouvés. Et c’est parce qu’il avait su poser une limite claire qu’ils ont pu reconstruire une relation plus vraie, plus libre, plus vivante.

Votre non peut avoir cet effet-là : redonner à l’autre sa responsabilité, éviter qu’il devienne dépendant ou intrusif, poser des repères clairs. Un non bien placé sauve plus de relations qu’il n’en détruit.

Comment dire non avec respect, sans violence ?

Le « non » n’a pas besoin d’être hurlé pour être entendu. Il n’a pas besoin d’être accompagné d’un discours de justification interminable. Il peut être dit avec simplicité : « Je ne suis pas en mesure de vous aider cette fois. », « Je ne peux pas accepter. », « Je préfère décliner cette invitation. »

Ce qui compte, c’est le ton. Un non ferme, mais paisible, est infiniment plus puissant qu’un oui arraché dans la culpabilité. Plus vous dites non avec clarté, plus vous invitez l’autre à vous prendre au sérieux. Et surtout, vous vous donnez à vous-même un espace d’air, un souffle, un respect intérieur. Un non posé avec calme est un acte de paix. Un oui plein de ressentiment, lui, finit toujours par se retourner contre soi ou contre l’autre.

Souvent, le mot « non » fait peur parce qu’il marque une frontière. Mais cette frontière est nécessaire : elle délimite l’espace dans lequel vous pouvez respirer, aimer, aider sans vous oublier. Comme le rappelle Fabrice Midal avec douceur et lucidité, savoir dire non, ce n’est pas devenir dur ou froid, c’est retrouver sa liberté. Et cette liberté est contagieuse : elle donne aux autres, aussi, le droit d’être eux-mêmes.

Sources

Fabrice Midal - La magie de l’ordinaire, édition Flammarion 

https://editions.flammarion.com/la-magie-de-lordinaire/9782080465887