

Sur le quai du métro, à la terrasse d’un café ou dans une file d’attente, les occasions de se lancer dans une conversation avec un inconnu sont nombreuses. Et selon plusieurs études en psychologie, se connecter à l’autre de manière significative a tendance à rendre les gens plus heureux. « Nous avons constaté que les interactions occasionnelles avec des personnes dont nous ne sommes pas émotionnellement proches ont un effet positif sur la satisfaction de vie », explique Esra Ascigil, auteure principale d'une récente étude turque.
Comment le fait de se lancer dans une conversation avec une personne avec laquelle on n’a peut-être aucun atome crochu peut-il rendre heureux ? Cette question a été posée à la Dre Gillian Sandstrom, psychologue à l’Université de Sussex au Royaume-Uni. Selon elle, lorsque les gens discutent alors qu’ils ne se connaissent pas, ils se sentent plus proches de leur environnement. « Interagir avec des inconnus contribue à donner le sentiment d'être connecté et que d'autres personnes vous voient. Cela affecte non seulement nos sentiments, mais aussi notre corps et notre santé physique », explique-t-elle.
Les bienfaits des échanges avec des inconnus
La spécialiste en psychologie elle-même a testé cette technique, et ça marche. « C'est presque toujours agréable. Parfois, il n'y a rien de spécial. Mais j'ai appris beaucoup de choses, j'ai entendu des histoires amusantes, j'ai reçu des conseils et des recommandations. J'ai l'impression de faire partie d'une communauté, je me sens même plus en sécurité », explique la Dre Sandstrom.
Les freins à la discussion à l'autre
Pourtant, ce n’est pas si simple d'aller vers un inconnu pour papoter avec lui, surtout dans les grandes villes. Plusieurs raisons expliquent cette appréhension. La première : la peur. « Les données montrent que ce qui inquiète le plus les gens, en dehors du fait d'être rejetés, c’est d’avoir une conversation gênante », explique la Dre Sandstrom. La deuxième appréhension : les différences culturelles. Selon l’endroit où la personne a grandi, la réaction ne sera pas la même.
Dans l’enfance, l'inconnu est perçu comme un danger. Quel parent n’avertit pas son enfant du risque qu’il encourt à parler à une personne qu’il ne connaît pas ? Cette mise en garde laisse forcément des traces à l’âge adulte.
Pour surmonter ces inquiétudes, la Dre Sandstrom donne des conseils dans un article de la BBC pour engager une discussion rapide avec un inconnu. En voici un diaporama.
Trouver un point commun

« C'est pourquoi les gens parlent du temps qu'il fait. C'est ce que nous partageons tous. Ou, si vous êtes dans un parc et que vous voyez des fleurs printanières, vous pouvez le faire remarquer à quelqu’un d’autre. »
Soyez curieux, posez une question

« Le plus souvent, je demande simplement aux gens ce qu'ils font. J'ai vu une personne avec un appareil photo qui prenait un mur en photo, et je lui ai demandé : “Qu'est-ce que vous faites ?” Il s'agit d'être attentif et de remarquer les choses. Tant que vous posez la question sur un ton léger, et non comme si vous accusiez quelqu’un de quelque chose, les gens sont généralement heureux de discuter. »
Dans un musée ou un lieu d'intérêt

« Demandez à un membre du personnel ce qu'il préfère dans ce lieu. Il pourrait attirer votre attention sur des choses que vous n'aviez pas remarquées auparavant et vous raconter une belle histoire. »
Venir en aide à une personne en difficulté

« Les gens sont heureux de donner des recommandations et de partager des conseils si vous le leur demandez. D’un autre côté, vous pouvez aussi proposer. Si vous voyez quelqu’un en difficulté, vous pouvez lui dire : Hé, tu as besoin d’aide ? »
Complimentez les gens

« Je ne recommande pas de complimenter quelqu’un sur son apparence physique, parce que cela peut être un peu effrayant. Mais si vous faites un commentaire sur quelque chose qu’il a choisi comme des bijoux ou des cheveux bleus, cela fait du bien de l’entendre de la part de quelqu’un qui n’a aucune raison de vous le dire. »
Des mots contre la solitude

Une enquête canadienne sur les liens sociaux a mis en évidence les bienfaits de parler à des inconnus. L’enquête s’intéressait aux connexions humaines durant la COVID-19. Résultat : solitude, anxiété et épuisement professionnel se sont réduits.
Commencer par aborder une personne qu’on a l’habitude de croiser dans un trajet quotidien

C’est une première étape pour faciliter cette approche. La personne reconnaîtra le visage et sera moins surprise.