Santé cardiovasculaire des femmes : un médecin décrypte 6 idées reçues

Publié par Pauline Capmas-Delarue
le 22/09/2021
Adobe Stock
Chaque année, 147 000 personnes meurent d’une maladie cardiovasculaire en France, dont 54 % de femmes. Pourtant, de nombreuses idées reçues persistent les concernant, ce qui nuit à leur prise en charge et retarde les diagnostics. Le Dr Jean-Michel Lecerf, chef du service Nutrition de l’Institut Pasteur de Lille, fait le point sur ces clichés.

Aujourd’hui, une femme sur trois décède d’une maladie cardiovasculaire en France. Et ce, de plus en plus tôt ! Alors que “seulement” 5 % des jeunes femmes mourraient d’un infarctus en 1991, ce chiffre s’élève aujourd’hui à 11 %. En cause, nos modes de vie moderne, qui alimentent un certain nombre de facteurs de risque modifiables, mais aussi la prévalence d’idées reçues sur ces maladies, en particulier lorsqu’elles concernent la gent féminine.

Invité par la marque Primevère pour animer un webinar sur cette thématique, le Dr Jean-Michel Lecerf, chef du service Nutrition & Activité physique de l'Institut Pasteur de Lille, décrypte ces fameuses idées reçues qui retardent les diagnostics de maladies cardiovasculaires chez les femmes. Nous vous les listons dans ce diaporama.

Maladies cardiovasculaires : des facteurs de risques modifiables

Athérosclérose coronarienne, cardiopathie ischémique, infarctus du myocarde… Et si ces maladies du cœur pouvaient être évitées ? “80 % des facteurs de risque des pathologies cardiovasculaires sont modifiables”, pointe le Dr Jean-Michel Lecerf. Autrement dit, on peut agir dessus ! Parmi eux, on peut citer :

  • l’alimentation ;
  • la sédentarité ;
  • le surpoids et l’obésité ;
  • la prise de poids abdominal à la ménopause ;
  • le stress ;
  • l’hypertension artérielle ;
  • l’hypercholestérolémie ;
  • le diabète ;
  • le tabagisme ;
  • la consommation d’alcool.

Ces facteurs de risque sont largement favorisés par nos modes de vie. Ainsi, la prévalence de l’obésité a plus que doublé dans l’Hexagone, en une vingtaine d’années. En 1991, cette maladie métabolique concernait 8,3 % des Françaises. Aujourd’hui, elle touche 17,4 % d’entre elles. “Or, l’obésité fait le lit des maladies cardiovasculaires”, rappelle le médecin nutritionniste.

En parallèle, la généralisation du travail de bureau a fait exploser la sédentarité. Autre exemple frappant : 24 % des jeunes femmes fument, en France. Si un léger recul du tabagisme a été observé sur l’ensemble des femmes entre 2018 et 2019, passant de 22,9 % à 20,7 %), cette habitude désastreuse pour la santé est à la hausse chez les 45-64 ans.

Les symptômes cardiovasculaires doivent être pris au sérieux

Pourtant, arrêter de fumer, manger varié, équilibré et dans des proportions adaptées, pratiquer une activité physique régulière et marcher au moins trente minutes par jour, ou encore apprendre à gérer son stress sont autant d’actions qui réduisent vos risques de mourir d’une crise cardiaque.

De même, il ne faut pas hésiter à consulter son médecin traitant en cas de symptômes caractéristiques d’une affection coronarienne, tels que l’essoufflement à l’effort, les palpitations, la fatigue, une douleur dans le haut du dos ou encore les troubles digestifs.

En raison des idées reçues qui persistent à ce sujet, de nombreuses femmes ont tendance à se croire à l’abri des maladies cardiaques, quand d’autres minimisent leurs symptômes ou craignent de ne pas être prises au sérieux. “La douleur est souvent mieux supportée chez les femmes que chez les hommes, elles ne sont cependant pas souvent prises au sérieux et elles pensent que la prévention c’est pour plus tard”, déplore le Dr Lecerf. Pourtant, plus le diagnostic est précoce, meilleure sera la prise en charge.

Afficher les sources de cet article

Webinar Primevère : Santé cardiovasculaire des femmes, intervention du Dr Jean-Michel Lecerf, chef du Service Nutrition & Activité Physique du Centre Prévention Santé Longévité, de l'Institut Pasteur de Lille. 

En 2019, le tabagisme est en baisse chez les femmes mais marque le pas pour les personnes précaires, Drogues.gouv.fr, 27 mai 2020. 

Les femmes sont protégées par leurs hormones

1/6
hormones word wooden cubes on a white background
Istock

“Il est vrai que leurs hormones sont plutôt favorables sur le plan des maladies cardiovasculaires, mais ça ne suffit pas à protéger. D’autant qu’à la ménopause, les choses s’inversent”, décrypte le Dr Jean-Michel Lecerf. 

Elles ont surtout du bon cholestérol

2/6
good hdl and bad ldl cholesterol written on blackboard by unrecognizable doctor with stethoscope
Istock

“Avoir du bon cholestérol ne suffit pas à protéger contre le mauvais cholestérol”, met en garde le spécialiste. 

Le sport protège, y compris si on a du cholestérol

3/6
woman tying laces preparing for training, wearing sneakers, crop, closeup
Istock

“Le sport ne protège pas quand on a d’autres facteurs de risque, même s’il reste très bon pour la santé”, précise le Dr Lecerf. 

Les Oméga 3 ne sont pas si utiles

4/6
black slate table with product rich in omega 3 and vitamin d written word omega 3 by white chalk
Istock

Vous pensez que l’on parle tellement des Oméga 3 qu’ils en deviennent suspects ? Ces derniers sont pourtant bien utiles dans la prévention contre les maladies cardiovasculaires. 

Ce n’est pas la peine de faire un bilan si je n’ai rien

5/6
heart on heart rhythm background concept
Istock

“Au sein de l’Institut Pasteur, on fait des bilans très tôt et l’on dépiste énormément de maladies cardiovasculaires, y compris chez les femmes jeunes (moins de 35 ans)”, souligne l’expert. En effet, certains symptômes cardiovasculaires sont silencieux. Chez les femmes, ils sont aussi souvent minimisés, par elles-mêmes, par leur entourage et même par le corps médical. Or, ils nécessitent d’être pris au sérieux. 

Les problèmes cardiovasculaires ne concernent pas les femmes jeunes

6/6
shot of handsome young male doctor checking beautiful young woman patient heartbeat using stethoscope in medical office
Istock

Les femmes de moins de 35 ans sont, elles aussi, concernées par les problèmes cardiovasculaires. En particulier, si elles présentent un ou plusieurs facteurs de risque comme un IMC élevé, une vie sédentaire, le tabagisme ou encore des taux de cholestérol LDL élevés. 

Google News