Régimes : le rôle caché de neurones dans la reprise de poidsAdobe Stock
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Pour beaucoup de personnes ayant suivi un régime, c’est la douche froide : les efforts réalisés pour perdre les kilos perdus se retrouvent balayés par un hôte indésirable : le fameux effet yo-yo. Ce phénomène qui joue les trouble-fête, en débarquant sournoisement à la suite d’un régime hypocalorique, pèse sur la balance : il se traduit par une reprise de poids parfois même supérieure à celui perdu. Mais il plombe aussi le moral des concernés, charriant son lot de frustration et d’impuissance. Une déconvenue et une sensation d’échec qui peuvent ternir l’image de soi, la confiance et l’estime de soi et faire basculer dans une spirale négative de dévalorisation menant à la dépression.

Cet effet yo-yo n’est qu’un risque parmi d’autres effets indésirables pour l’organisme liés aux régimes amaigrissants, et contre lesquels mettent en garde les professionnels de santé : les restrictions caloriques importantes et la reprise de poids peuvent affecter les reins, les muscles (en réduisant la masse musculaire), les os, en exposant au risque de fracture.

Le cœur pourrait aussi pâtir d’une diète amaigrissante et de l’effet yo-yo consécutif : une étude (dont Medisite s’était fait l’écho) de l’American Heart Association concluait qu’une perte de poids suivie d’une reprise rapide des kilos exposerait à des risques cardiovasculaires. "Perdre 4,5 kilos et les regagner au cours de la même année augmenterait les risques cardiovasculaires chez la femme", précisaient ces travaux publiés en 2019.

D’où vient l’effet yo-yo ?

L’organisme n’aime pas les variations brutales de poids et nous le fait savoir. On sait également expliquer le processus physiologique à l’œuvre dans l’effet yo-yo. Quand une personne entreprend un régime caractérisé par un apport caloriques au rabais, l’organisme se met au ralenti.

Votre métabolisme (dépense énergétique au repos) ralentit pour faire face à cette privation de nourriture. Il consomme moins d’énergie au repos. Dès lors que l’on commence à remanger normalement, le corps stocke plus facilement et fait également plus de réserves en anticipant de potentielles périodes de disette.

Effet yo-yo : des neurones responsables d’une faim excessive

Si ce retour de boomerang est connu, le mécanisme cérébral sous-jacent à cet effet yo-yo était jusqu’ici peu documenté. On en sait désormais davantage grâce à une étude de l'Institut Max Planck pour la recherche sur le métabolisme et de la Harvard Medical School. Cette équipe de chercheurs vient de percer à jour le rôle de neurones dans ce phénomène de reprise de poids éclair.

D’après les résultats de leur étude, détaillés dans la revue Cell Metabolism, le retour intempestif des kilos découlerait d’un changement de communication dans le cerveau qui se met en place pendant le régime.

Pour décrypter ce phénomène, les chercheurs ont réalisé une expérience sur des souris qui ont été mises au régime. Les circuits cérébraux qui faisaient l’objet de changement chez les rongeurs sous l’effet de cette restriction calorique ont été passés à la loupe. Un groupe de neurones situés dans l'hypothalamus (une partie du système nerveux central qui intervient dans le contrôle de la faim, ndlt) a particulièrement retenu l’attention des chercheurs : les neurones AgRP. Ces neurones sont connus pour contrôler la sensation de faim.

Inhiber ces voies neuronales pour contrer l’effet yo-yo ?

Chez les souris mises au régime, les voies neuronales qui stimulent ce type de neurones envoient des signaux plus forts. Ce phénomène cérébral a été observé longtemps après le régime et s’est traduit par un appétit plus important. Les rongeurs ont mangé beaucoup plus après leur diète et ont repris du poids plus rapidement.

Pour s’assurer que ce phénomène était réversible, les scientifiques ont inhibé spécifiquement les voies neuronales qui activent les neurones AgRP chez les souris. Une démarche couronnée de succès : la prise de poids était alors moins importante après le régime.

Pour les chercheurs, la mise au jour de ce mécanisme cérébral laisse augurer de nouvelles stratégies thérapeutiques pour contrer le tant redouté effet yo-yo. "Cela pourrait nous permettre de diminuer l'effet yo-yo", entrevoit Henning Fenselau, chercheur à l'Institut Max Planck pour la recherche sur le métabolisme, qui a dirigé l'étude. "À long terme, notre objectif est de trouver des thérapies pour l'homme qui pourraient aider à maintenir la perte de poids après un régime".

Sus à l’effet yo-yo : comment mincir sans regrossir (ni s’affamer)

En attendant la mise au point de ces thérapies, reste des solutions plus sûre, efficaces et qui ont fait leurs preuves pour éviter l’effet yo-yo chez ceux qui souhaitent se délester de quelques kilos.
Il est ainsi conseillé de maintenir une alimentation équilibrée (et plaisir) en évitant le grignotage, de prendre le temps de mâcher et de manger lentement et en pleine conscience (en étant à l’écoute de ses sensations, et sans être devant un écran).
Pour des résultats durables et visibles sur la silhouette, ces bonnes habitudes alimentaires doivent se conjuguer avec une pratique régulière d’activité physique (pour prévenir la fonte de la masse musculaire).

Enfin, plutôt que de recourir aux méthodes minceur discutables aux promesses vaines, il peut être également judicieux de se faire accompagner par un médecin nutritionniste et/ou diététicien.

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