
Bouffées de chaleur, irritabilité, prise de poids, déprime… une majorité de femmes vivent une ménopause difficile. Sans parler de l ’après-ménopause, notamment des risques accrus d’ostéoporose ou de certains cancers (cancer du sein) à cause de la chute des hormones féminines.
Dans ces conditions, prendre un traitement hormonal substitutif (on parle aussi d’hormonothérapie) à la ménopause apparaît comme une solution de choix : il réduit les risques d’ostéoporose notamment et lisse les effets de la ménopause. Mais depuis des années, ce type de traitement est soumis à caution.
“Les principaux éléments du débat sont les effets possibles sur la santé du cerveau et des seins, ainsi que les risques de cancer, qui contrecarrent les avantages avérés des hormones pour soulager les symptômes courants de la ménopause tels que les bouffées de chaleur, les sautes d’humeur et la sécheresse vaginale”, expliquent les chercheurs qui ont mené cette étude publiée ce 15 janvier dans la revue Menopause.
Leur but ? Établir des liens clairs entre hormonothérapie et cancer du cerveau, des tumeurs qui touchent le système nerveux central.
Progestatifs : des risques accrus de tumeurs cérébrales (méningiome)
Quels sont les risques d'un traitement hormonal pour la ménopause ?
Il y a quelques semaines, nous nous étions fait le relais de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) qui alertait (à retrouver ici) sur le sur risque de méningiome, une tumeur - le plus souvent bénigne - qui se loge dans les méninges, ces membranes qui entourent le cerveau. Plus particulièrement, l’ANSM pointait certains progestatifs comme l’Androcur® “qui augmente le risque de méningiome de 20 %, le Lutényl® et le Lutéran®, respectivement de 3.5% et 5.6%. Ces deux derniers médicaments n’étant ainsi plus recommandés par l’ANSM dans la prise en charge de la ménopause.”
Qu'est-ce qui peut provoquer une tumeur au cerveau ?
Depuis juillet 2024, deux nouveaux progestatifs ont vu leur condition de prescription se durcir, à cause des mêmes effets : le Depo Provera (150 mg/3 ml) et le Colprone (5 mg). Les médecins (généraliste ou gynécologues) qui prescrivent ces progestatifs doivent obligatoirement informer leurs patientes du risque élevé de développer un méningiome, notamment en cas d’usage prolongé.
L’étude publiée dans le revue Ménopause ne s’intéresse pas au méningiome mais à une autre tumeur cérébrale potentiellement en lien avec des médicaments hormonaux : le gliome.
Le gliome est un type de tumeur cérébrale courant, qui se développe à partir des cellules gliales. “La majorité des tumeurs au cerveau sont des gliomes”, note ainsi l ’Institut national du cancer (Inca). Les glioblastomes et les astrocytomes sont des tumeurs de la famille des gliomes. Quel lien avec les hormones des femmes ? Ce “type de cancer présente systématiquement une disparité entre les sexes d’environ 6:1 ( 6 fois plus de risques chez les femmes que chez les hommes, NDLR), détaille l’équipe qui a mené l’étude. On a émis l’hypothèse que cette disparité résulte de la contribution potentielle des hormones sexuelles exogènes et endogènes.” Ce n’est d'ailleurs pas la première fois que la question intéresse les médecins. Différents travaux ont déjà cherché à comprendre et détecter un potentiel lien, sans jusque-là aboutir à des résultats francs. Ici, les chercheurs ont analysé les données de plus de 75 000 femmes qui avaient été suivies pendant près de 12 ans. Cet échantillon suffisamment large permet d’écarter tout lien entre le THS et les gliomes, même si la prudence reste de mise dans l’attente d'autres études qui pourront asseoir ses résultats. “Cette étude a révélé que, bien qu’il existe une différence connue entre les sexes dans l’incidence des gliomes, les femmes étant six fois plus susceptibles de développer la maladie que les hommes, il ne semble pas y avoir de lien entre le gliome et le recours à l’hormonothérapie chez les femmes ménopausées. Cependant, des études prospectives de plus grande envergure avec une durée de suivi plus longue sont nécessaires pour confirmer ces résultats”, a ainsi déclaré la Dre Stephanie Faubion, directrice médicale de la Menopause Society.Tumeurs cérébrales : le gliome plus courant chez les femmes
Hormones et gliomes : des liens qui ne sont plus flous