Le nombre d’empoisonnements au paracétamol est à la hausse. Une étude australienne montre, en effet, une hausse des problèmes de santé liés à ce médicament dans le pays, au cours des dix dernières années. Ces observations ont été publiées dans le Medical Journal of Australia.

Le paracétamol est l’un des analgésiques les plus utilisés

Une équipe de chercheurs de l’Université de Sydney a constaté un nombre croissant d’empoisonnements au paracétamol en Australie, au cours de la dernière décennie. Des complications liées à un dépassement de la dose quotidienne recommandée, et entraînant de graves lésions du foie chez les patients concernés.

Le paracétamol, indiqué en cas de fièvre ou de douleur, est l’un des analgésiques les plus couramment utilisés en Australie - lieu où la recherche a été réalisée - mais aussi dans l’hexagone. Les Français sont même les plus gros consommateurs de cet antidouleur en Europe, avec une utilisation qui a grimpé de 53 % en dix ans.

Plus de 95 000 hospitalisations liées au paracétamol en Australie

Afin d’évaluer le nombre d’admissions à l’hôpital et de décès liés à des surdoses de paracétamol en Australie, les chercheurs ont examiné les données des hospitalisations nationales, les dossiers des coroners et les appels des centres antipoisons depuis 2007 et 2008. Résultat : ils ont enregistré plus de 95 000 hospitalisations liées au paracétamol.

Rien qu’entre 2016 et 2017, on recense 11 754 admissions à l’hôpital pour overdose de paracétamol, contre 8 147 entre 2007 et 2008 - soit une augmentation de 44 %.

Pendant la dernière décennie, le nombre de lésions hépatiques résultant d’une surdose de cette molécule a doublé. Cela s’explique par le fait que les individus consomment plus de comprimés lorsqu’ils font une surdose par rapport aux années précédentes, ce qui augmente le risque d’insuffisance hépatique. Au cours de cette période, plus de 200 personnes sont mortes d’une intoxication au paracétamol dans le pays-continent.

Paracétamol : des risques de complications hépatiques et rénales

Si elle est utilisée correctement, sans dépasser la dose maximale recommandée - soit quatre grammes par jour chez l’adulte, avec des doses administrées toutes les quatre à six heures - cette substance est, a priori, sans danger. Mais en cas de surdosage, même faible, elle peut être très nocive.

En effet, le foie transforme le paracétamol en métabolite toxique, qui peut détruire ses cellules s’il est présent en trop grande quantité. C’est pourquoi il est déconseillé aux personnes atteintes d’une maladie hépatique. Par ailleurs, les gros consommateurs de ce médicament souffriraient aussi davantage de problèmes rénaux.

Les chercheurs appellent à la restriction de l’accès au paracétamol

Le problème est d’autant plus sérieux que le paracétamol est disponible en vente libre dans les pharmacies françaises - et même dans les supermarchés, dans certains pays.

Une grande partie des surdoses est d’ailleurs accidentelle : les patients n’ont pas toujours conscience qu’ils dépassent largement la dose recommandée. Certains combinent plusieurs médicaments, sans forcément savoir que l’un ou plusieurs d’entre eux contient du paracétamol. Dans d’autres cas, cette substance que l’on trouve dans la plupart des foyers peut être utilisée dans le cadre d’une tentative de suicide

Afin de limiter les risques d’overdose, les chercheurs demandent aux autorités sanitaires de prendre des mesures pour restreindre l’accès au paracétamol. Cela pourrait passer par la réduction de la taille des boîtes disponibles sans ordonnance.

Paracétamol : comment reconnaître une surdose ?

Le surdosage peut survenir après une consommation unique aigüe d’une grande quantité de ce médicament ; mais aussi après l’ingestion répétée d’une quantité supérieure à la dose recommandée.

Les patients qui ont ingéré de grandes quantités de paracétamol peuvent être asymptomatiques ou ne présenter que des symptômes digestifs légers. Mais dans certains cas, une intoxication non traitée peut entraîner des lésions hépatiques diverses au cours des deux à quatre jours suivant l'ingestion de comprimés. Cela peut conduire à une insuffisance hépatique, pouvant mettre la vie en danger.

Dans les cas les plus graves, l’insuffisance hépatique peut nécessiter une greffe du foie, voire occasionner la mort. À l'échelle mondiale, le paracétamol est la principale cause d'insuffisance hépatique aiguë.

D’où l’importance de bien lire la composition des médicaments que vous utilisez, et les informations sur l’emballage, permettant de définir le bon dosage à adopter. Des précautions encore plus importantes dans le traitement des enfants et des nourrissons.

Sources

Paracetamol poisoning soars over the past decade in Australia, News Medical, 2 septembre 2019. 

Paracetamol poisoning‐related hospital admissions and deaths in Australia, 2004–2017, MJA, 2 septembre 2019. 

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