Dry Juanuary : Image d'illustrationIstock
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Depuis ce fameux jour d’octobre, le sourire ne quitte plus les lèvres de François-Xavier. Au téléphone, sa voix pleine d’espoir laisse transparaître son combat quotidien. "Je suis un alcoolique abstinent". On comprend vite, à travers ses premiers mots, le quotidien de vivre avec cette maladie. "C’est ma troisième tentative, mais celle-ci est différente des autres. Aujourd’hui , j’ai adapté ma vie à ma maladie", confie l’homme de 44 ans. "Pour la première fois, au Nouvel An, "Sam", c’était moi", sourit-il.

Pourtant, les occasions de replonger sont nombreuses : soirées entre amis, repas de famille, apéros après une dure journée de boulot. Partout et à tout moment, la tentation réapparaît de manière insidieuse. "Pour ne pas céder, il faut se rappeler la destruction que cette maladie provoque", témoigne le père de deux enfants.

Au téléphone, François-Xavier se remémore le jour où tout a basculé, ce fameux point de rupture. C’était il y a 20 ans. "J’étais sur le point d’entamer une carrière professionnelle de foot. Et un jour, je me suis blessé aux genoux", se souvient-il. Une mauvaise rééducation a contraint le jeune homme, à peine sorti de l’adolescence, à renoncer à son rêve le plus fou.

S’en est suivie une descente aux enfers, une vie sans but ni sens. "J’ai commencé à faire la fête, je sortais beaucoup et l’alcool coulait à flot". Petit à petit, le corps s’habitue, il apprécie et puis, un jour, il en redemande. "L’alcoolisme est arrivé crescendo, je ne me suis pas mis à l'ivresse de suite", explique François-Xavier. La maladie s’enracine et le consume en silence.

Un verre, puis deux, puis trois…

En 2012, sa femme claque la porte, ne supportant plus cette vie festive où chaque verre l’éloigne de plus en plus de son mari. "Ce jour-là, elle m’a dit que pour revoir ma fille, il fallait que j’arrête de boire". Ce coup de massue l’oblige à jeter son dernier verre de whisky et toutes les bouteilles qui avaient pris résidence dans son appartement. Une première tentative qui a duré 8 ans.

Il réussit tant bien que mal à s’extraire de cette addiction. Jusqu'à ce fameux jour de juin. "J’étais en échec avec ma deuxième femme, la mère de mon fils de 8 ans". Triste et désemparé, il décide tout de même de participer à la fête des voisins. "J’ai commencé à prendre un verre, puis deux, puis trois…", se rappelle-t-il.

Une deuxième tentative

Le corps n’oublie jamais et les mauvaises habitudes le rattrapent, laissant petit à petit le vide s’installer. Un vide qu’il tente de combler avec son alcool préféré. "Je ne buvais pas tous les jours. Il pouvait se passer un mois sans une goutte d’alcool, mais je savais qu’il y avait un problème".

Il commence alors une thérapie avec un psychologue mais, ne trouvant pas le bon, cette initiative se noie vite dans un énième verre. Les jours passent et son deuxième mariage se transforme lui aussi en échec.

Un jour de 2018 : deuxième séparation. Le combat avec l’alcool devient alors secondaire, passant derrière cette lutte acharnée entre lui et la mère de son fils. Un conflit qui se conclut par un divorce prononcé en 2023.

La rencontre avec l’addictologue

Courant 2024, François-Xavier rejoint l’association "Vie Libre". Un choix qui changera sa vie. Il prend alors conscience de sa maladie et n’a plus honte d’en parler. Il rencontre des personnes comme lui avec qui partager ses doutes et ses peurs. Il découvre une spécialité médicale qui peut enfin l’aider à sortir de cet enfer. "J'ai fini par pousser cette fameuse porte : l’addictologue. La meilleure décision de ma vie."

Avec cette nouvelle thérapie, il s’accroche à sa vie, à ses enfants, à sa fille qu’il revoit depuis peu. Tout est à reconstruire, mais son quotidien est plus structuré. Et il a des projets. Enfin. "Aujourd’hui, j'aimerais devenir patient expert pour témoigner de ce qui m'est arrivé pour aider ceux qui ne voient pas le bout du tunnel."

Cette vie plus lumineuse a laissé place à de nouvelles passions. "Je fais de la musculation et cette année, avec ma nouvelle compagne, nous avons fait la Loire à vélo". Trois mois le séparent de sa dernière tentative, et François-Xavier retrouve le sourire d’une personne épanouie qui entame le premier jour du reste de sa vie.

Sources

Témoignage avec François Xavier, alcoolique abstinent