Covid enceinte : Adobe Stock
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"A 30 ans, mariée et de nouveau enceinte après une fausse couche qui m'a laissé meurtrie, je vis ma grossesse dans la peur constante de reperdre mon bébé. Il n’y a qu’au dernier trimestre que je parviens à me laisser aller, que je me sens enfin heureuse et prête à accueillir mon bébé. Nous sommes en plein Covid et ma gynécologue me laisse prendre la décision de me faire vacciner ou non. Nous en parlons avec mon mari qui est vacciné et nous choisissons d’attendre l’accouchement, notamment à cause des nombreux changements de position au sujet de la vaccination de la femme enceinte et car je ne veux pas prendre le risque de le perdre puisque j’ai bien en tête qu’enceinte nous ne pouvons prendre quasiment aucun médicament dès lors que cela peut être dangereux pour le bébé.

Je suis en 100% télétravail, je fais très attention et ne vois que ma mère qui m’aide dans les derniers préparatifs et qui est elle aussi vaccinée. Je me dis qu’il faudrait vraiment ne pas avoir de chance pour l’attraper à mon dernier mois de grossesse. C'est pourtant ce qu'il s'est passé... Alors enceinte de 8 mois, je reçois un appel de ma mère me prévenant qu'elle est positive. Je deviens cas contact et me fais tester. Je suis positive à mon tour. N’ayant pas de symptômes, je ne m'inquiète pas... Quelques jours plus tard, je commence à avoir les symptômes d'un banal rhume.

Puis, je perds le goût et l'odorat, je me dis alors que c’est la suite de la maladie et que c'est bientôt la fin. Deux jours plus tard, j'ai des quintes de toux énormes au point d'avoir dû mal à respirer. Ma famille me conseille d'appeler le SAMU. Je suis rapidement prise en charge et hospitalisée dans l'hôpital où je suis censée accoucher dans quelques semaines. A ce moment-là, je ne réalise pas que ma vie peut être en danger…"

Covid et grossesse : une césarienne en urgence

"Alors que je suis hospitalisée, les médecins me font une radiographie des poumons et l'imagerie est différente des autres patients Covid. On a su par la suite que le covid m’avait en plus déclenché une pneumonie. Je commence à avoir de la fièvre et les médecins décident rapidement de pratiquer une césarienne en urgence, car ils ne peuvent pas me soigner tant que je suis enceinte. Comme la santé du bébé est satisfaisante, je ne suis pas inquiète et je vis l'instant présent. Évidemment, je suis un peu sous le choc car je ne m'attendais pas à accoucher plus tôt que prévu, mais je ne me rends pas compte de la gravité de la situation. Comme toute future maman, je me suis focalisée sur la valise de maternité qui n'était pas prête !

Par chance, l'équipe médicale autorise mon mari à venir me voir 10 minutes avant que je sois emmenée au bloc opératoire. La césarienne s'est bien passée, j’en garde un merveilleux souvenir grâce à ma gynécologue et à toute l’équipe présente. Ils ont été incroyables et vraiment aux petits soins avec moi. lls me posent mon fils Elyo sur l'épaule quelques minutes avant qu'il ne rejoigne son papa, c’est une image que je n’oublierai jamais. A la fin de l'opération, je suis directement emmenée en réanimation mais encore à ce moment-là je ne réalisais pas que cela signifiait que mon état était préoccupant."

Covid-19 : "Mon état s'est dégradé en 5 jours"

"J'avais toujours d'importantes quintes de toux et j'avais de plus en plus de mal à reprendre mon souffle. Ce que je ne savais pas c'est que l'oxygène qu'on me donnait était déjà au maximum. Je vais de plus en plus mal et je refuse même un jour de voir ma grande sœur avec mon bébé tellement je suis épuisée, à bout de force... Je ne parle plus, je ne mange plus, je dors à peine 1 heure par nuit. Je communique avec mes proches par message et je finis par les supplier de me faire intuber, car je n'en peux plus. Je suis intubée le jour même à 18 heures. Juste avant l’opération, je me sens sereine et soulagée, je me dis que je vais pouvoir enfin me reposer. Une demi-heure après, mon mari reçoit un appel du médecin de réanimation le prévenant qu'il doit revenir à l'hôpital de toute urgence et qu’il faut prévenir mes proches car l’intubation n’a pas fonctionné.

Quand ils arrivent, je suis entre la vie et la mort, sur le ventre, le teint gris, du sang coule de mon nez et ma saturation en oxygène est à 29 SpO2 (la saturation en oxygène normale pour une personne en bonne santé est comprise entre 95% et 100% SpO2). On a su après par les médecins qu’avant leur arrivée, j’étais descendue à 7 Sp02. Tous mes proches sont autour de moi, me prennent les mains, m’embrassent et me disent de me battre, que je vais y arriver.

Par miracle, ma saturation remonte jusqu’à 49 SpO2. Le dernier recours des médecins a été de contacter en parallèle l’hôpital Henri Mondor à Créteil, qui gère les cas les plus graves d'infection de Covid, afin de me placer sous ECMO.”

Cas grave de covid : une course contre la montre

"J'ai eu la chance de remplir les critères et de pouvoir recevoir le protocole d'Henri Mondor dans l'hôpital où j’étais hospitalisée. Il s’agit d’une technique d’oxygénation par membrane extracorporelle appelée ECMO qui permet une assistance respiratoire (ou cardiaque) lorsque les poumons ne sont pas capables d’assurer un échange gazeux compatible avec la vie…

Les médecins spécialistes préviennent mes proches que je peux mourir d'une minute à l'autre. Chaque étape était une petite victoire : la pose de la machine, le fait de me transporter dans l’ambulance et le trajet jusqu’à l’hôpital Henri Mondor.. Mon état s’étant stabilisé, j'ai finalement pu être transférée à l’hôpital Henri Mondor. J'ai subi une batterie d'examens à mon arrivée qui a confirmé que mes poumons étaient atteints à 100%. Finalement, une petite lueur d'espoir est apparue quand le médecin a annoncé à ma famille qu’aucun autre organe n’avait été touché par le manque d’oxygénation. Le protocole prévoyait que je pouvais rester jusqu’à 1 mois et demi dans le coma sous machine ECMO, puis que je pouvais ensuite rester 1 mois et demi supplémentaire dans le coma sous intubation. Finalement, j'ai très bien répondu au protocole et au bout de seulement 10 jours j'étais sevrée de la machine.

Deux jours plus tard, les médecins m’extubaient. Incroyable ! Quand je me suis réveillée, étant sédatée avec des doses importantes, je délirais. Je me souvenais que j'avais eu un bébé mais je pensais qu'il s'appelait Marius. Je disais que ma belle-sœur s'était suicidée... J'ai mis 3 jours à retrouver mes esprits. Une chose est restée constante, j'ai vu mes proches autour de moi alors que j'étais dans le coma sur le point de mourir. Je suis persuadée que je me suis vue mourir et que je suis revenue à la vie !"

Coma post covid : un nouveau combat au réveil

"Après 10 jours de coma, je me suis réveillée en comprenant difficilement ce qui m’était arrivé. En réanimation, nous sommes sous surveillance h24, et beaucoup de personnes venaient me voir pour se présenter et me féliciter car je revenais de loin. Au début, j'étais perdue, je n’y prêtais pas attention puis j’ai commencé à interroger mes proches pour savoir si quelque chose de grave s’était passé, si j’avais failli mourir. Ils me disaient de me reposer, qu’on aurait tout le temps d’en discuter plus tard.

J’ai insisté auprès de mon frère qui m’avait alors répondu simplement oui sans rentrer dans les détails puis j’ai demandé à mon mari de m’aider à recoller les pièces du puzzle jusqu’à mes derniers souvenirs et de me raconter tout ce qu’il s’était passé après et ce fut un véritable choc. Je réalisais alors que j’avais été séparée de mon bébé depuis presque trois semaines et en plus du traumatisme psychologique, je découvrais que j’avais perdu la totalité de mes muscles.

J’ai dû réapprendre à marcher, à tenir un verre, bref réapprendre tous les gestes du quotidien. En plus, je me sentais en décalage avec mes proches car pour eux, l’enfer prenait fin puisque j’étais réveillée et vivante alors que pour moi, tout était à refaire psychologiquement et physiquement. J'avais l'impression que je n'aurais plus jamais la même vie."

Post covid : une longue rééducation physique et mentale

"A l'hôpital, j'ai commencé les séances de kinésithérapie sur un rythme de deux fois par jour. L’envie de retrouver mon bébé était ma priorité alors je me suis battue pour retrouver mon autonomie. C’est, je crois, ce qui m’a permis de récupérer très vite, à tel point que même les médecins ont été impressionnés par la rapidité de ma rémission. J'ai pu sortir le 4 octobre, soit un mois après mon entrée à l’hôpital. Je sortais enfin retrouver mon bébé sans savoir que oui le plus dur était peut-être passé, mais que des moments extrêmement difficiles m’attendaient encore. Après ma sortie, j'ai continué à avoir deux séances de kiné par semaine.

J’ai la chance d’être tombée sur un kiné formidable qui m’a poussé à me dépasser et à me fixer des objectifs comme reprendre la conduite. J'ai rapidement retrouvé ma mobilité, car le corps est tout simplement incroyable mais aussi parce que je suis jeune avec une bonne hygiène de vie ce qui a joué énormément en ma faveur. Si sur le côté physique je m'en sortais, le côté psychologique ne suivait pas. Je pleurais presque tous les jours, je ressassais sans cesse le traumatisme que j’avais vécu et je ne voyais pas d’issue pour me sortir de ce mal-être. C'est ma petite sœur qui a convenu d’un rendez-vous avec une psychothérapeute. Ayant été suivie par une psychologue dès mon réveil, je ne voyais pas en quoi aller voir une autre psy allait m’aider, car j’arrivais parfaitement à extérioriser ce que je ressentais.

J'avais l'impression d'avoir besoin de quelque chose de différent. Je suis quand même aller au rendez-vous et j'ai su sur place qu'il s'agissait d'une séance d'EMDR (une pratique qui repose sur le mouvement de l'œil, un balayage de droite à gauche pendant que la personne se reconnecte à l'événement traumatisant par la pensée). J'ai alors fait confiance à cette femme douce et souriante, spécialiste des traumatismes et après la première séance je n'étais déjà plus la même. Au fil des séances, mon cerveau a pu assimiler et accepter ce qui m’était arrivé et j’ai repris peu à peu goût à la vie. Aujourd'hui, je parle beaucoup de cette approche autour de moi, car elle peut réellement sauver des gens."

Hospitalisation longue : se réapproprier son corps et son foyer

“Le retour à la maison a été une nouvelle étape pour moi. Ma mère et ma belle-mère se relayaient chaque nuit pour nous aider à gérer Elyo. Au début, je ressentais un mélange étrange de sentiments. J'étais excitée à l'idée de retrouver mon fils et en même temps j'avais peur d’avoir perdu mon instinct maternel et que mon bébé ne sache pas que j'étais sa mère. Heureusement, j'étais suivie par une psychologue à l'hôpital qui me rassurait.

Lorsque j’ai revu Elyo, c'était une évidence, c'était mon bébé, comment avais-je pu en douter ? Une fois réellement rentrée à la maison, je me sentais comme une étrangère, spectatrice de ma vie. J'étais encore très faible, je ne pouvais donc pas porter Elyo, ni tenir son biberon. Mon mari a été formidable, il m'a inclus dans des moments qui ne demandaient pas d'efforts physiques, par exemple, en me demandant de choisir chaque jour la tenue d'Elyo. J'ai retrouvé petit à petit ma place de mère. Fin octobre, nous avons demandé à nos mères de nous laisser gérer seuls les nuits afin que nous puissions reprendre une vie normale à trois avec notre fils. Si j'arrivais à m'occuper de plus en plus d'Elyo, je n'étais pas capable de me lever la nuit, comme si mon corps refusait de bouger.

Je me suis rendue compte que chaque geste du quotidien demandait au corps un effort immense. Au fil des semaines, je me sentais de mieux en mieux, chaque jour je réalisais un nouvel objectif, et au mois de janvier j'avais réellement récupéré toutes mes capacités. Je me suis battue, avec l’aide de mes proches et aujourd'hui, je suis fière de dire que mon combat est terminé, je me sens super bien, j’ai repris le travail dans les meilleures conditions possibles grâce à ma responsable, je profite à fond de ma deuxième vie et je peux enfin le dire : j’ai retrouvé ma vie d’avant mais en mieux avec Elyo auprès de moi. Je suis évidemment reconnaissante d'être en vie, car je sais que tout le monde n'a pas eu cette chance...”

Une seconde vie entourée de bienveillance

"J'ai toujours eu cet état d’esprit de me dire qu'il fallait profiter de la vie car on ne sait pas de quoi demain est fait, mais aujourd'hui, cela a pris une autre dimension, je savoure l’instant présent. Je prends beaucoup de plaisir à admirer la nature et la simplicité des choses.

Quand j'entends des personnes se plaindre de futilités, je leur dis que tout cela est secondaire, que la seule chose qui compte c’est notre vie de famille et nos proches. Il faut accorder plus d'importance à ce qui est essentiel. J'ai aussi une chance inouïe d'être bien entourée que ce soit par ma famille, mes amis, mes collègues de travail mais aussi par les professionnels de santé qui ont tous été incroyables. Je mesure la chance que j’ai eu de croiser sur mon chemin les bonnes personnes. Je suis retournée à l'hôpital du Mondor pour les remercier car ils m’ont tout simplement sauvé la vie. J'ai parfois encore du mal à réaliser que je suis là, je suis vraiment miraculée !"

mots-clés : Covid, Témoignage
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