
À première vue, ce sont des chiens ordinaires, mais en réalité ces toutous sont des héros du quotidien avec un but bien précis : repérer les crises d’épilepsie de leur maître avant qu’elles ne se déclenchent. "Elle peut me prévenir à tout moment, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7", explique à France 3 Normandie, Florence, 37 ans, qui souffre de cette pathologie.
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Crise d'épilepsie : symptômes, causes, traitementsUn talent ? Un don ? Une compétence ? Pas vraiment. Les chiens sont en fait formés pour détecter une odeur spécifique qui est inodore pour les humains. Cette émanation survient avant et pendant la crise d’épilepsie. "Dès qu’il la sent, il me donne des coups de museau, et moi je peux me mettre en sécurité. Cela peut être jusqu'à 9 heures avant la crise ! Là, j'anticipe et je prends mon traitement", raconte Stéphanie 30 ans, qui souffre de crises pouvant se déclencher jusqu’à quatre fois par mois.
Un détecteur de crise
Afin de prévenir l’entourage familial ou professionnel et donner l’alerte rapidement, il peut aussi appuyer sur un bouton installé au domicile ou sur le lieu de travail. "Il sait aussi m’apporter mon téléphone si j’ai besoin d’appeler pour avoir de l’aide", raconte Stéphanie, propriétaire de Oggy.
Ces animaux extraordinaires sont formés à l'assistance de personnes en situation de handicap ou de vulnérabilité par l’association Handi’chiens. "Ma maman a récupéré des cotons avec de la transpiration que je dégageais pendant mes crises. Des échantillons ont été envoyés ensuite à l’association pour apprendre à Lolly à reconnaître cette signature olfactive" témoigne Florence à France 3.
"Depuis qu’elle m’accompagne, je passe beaucoup plus de temps à l'extérieur qu'à l'intérieur. Cela nous fait du bien à tous les deux"
En bon super héros, à la fin de la formation, une cape bleue où est indiqué sur leur dos : chien d'assistance d’alerte d’épilepsie leur est remis. En 2023, Oggy, ce labrador retriever de six ans a même été récompensé d’un trophée du chien héros par l'association Centrale canine pour avoir détecté les crises de Stéphanie. Depuis qu’ils sont binôme, il n’a jamais manqué d’avertir la jeune femme.
Avant d’avoir Oggy dans sa vie, Stéphanie avait peur de sortir de chez elle. "Depuis qu’elle m’accompagne, je passe beaucoup plus de temps à l'extérieur qu'à l'intérieur. Cela nous fait du bien à tous les deux", confie-t-elle à France Bleu en 2023.
Une maladie encore trop stigmatisée
Les chiens sont là pour alerter et secourir mais aussi pour déstigmatiser cette pathologie. "Une fois, j’avais eu une crise dans la rue et une dame me criait dessus en me disant qu’il fallait me brûler parce que j’étais possédée", se souvient la jeune femme.
Le manque de connaissances de cette pathologie peut justifier ce genre de situation. D’où l’importance de cette journée mondiale pour informer sur les signes et les gestes à faire. "Il n’y a rien de particulier à faire à part mettre la personne en position latérale de sécurité et attendre que ça passe en surveillant. Normalement, les crises se terminent toutes seules en moins d’une minute. Si les convulsions durent plus de cinq minutes, alors il faut appeler les secours", explique à Actu.fr en 2022, le Dr Jérome Aupy, neurologue au CHU de Bordeaux.
Une maladie qui compte 600 000 malades en France
Les crises d’épilepsie surviennent suite à une activité cérébrale excessive résultant d’une "hyperexcitation" des neurones du cortex cérébral. Les origines peuvent être multiples : génétique, traumatique, métabolique ou auto-immune.
En France, 600 000 personnes sont touchées par cette maladie neurologique et environ 50 % des épilepsies se déclarent avant l’âge de 10 ans.
Aujourd’hui les traitements médicamenteux sont efficaces pour plus deux tiers des patients. "Mais environ 30% des patients sont néanmoins pharmaco-résistants. Une intervention chirurgicale doit être envisagée pour ces patients, car quand le foyer générateur des crises peut être identifié et opéré, ils peuvent ne plus faire aucune crise", souligne l'Institut du cerveau sur leur site.