
La liste des organes touchés par les méfaits de l’alcool s’allonge encore. Alors qu’un lien direct entre la consommation de cette boisson et le cancer avait été établi pour le côlon-rectum, l’œsophage, le foie, la cavité buccale, le pharynx, le larynx et le sein, une étude publiée le 20 mai dans la revue PLOS par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) confirme « une association modeste mais significative » entre la consommation d’alcool et un nouveau cancer : le pancréas.
L’étude s’appuie sur l’analyse de 30 cohortes issues de quatre continents (Europe, Amérique du Nord, Asie, Australie), regroupant environ 2,5 millions de personnes âgées en moyenne de 57 ans. Ces données, collectées entre 1980 et 2013, montrent que 10 067 participants ont développé un cancer du pancréas. La consommation d’alcool a été évaluée à un moment donné de la vie adulte.
Chaque augmentation de 10g/jour augmente le risque de cancer du pancréas de 3 %
Les résultats, portés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), révèlent qu’à chaque augmentation de 10 g/jour de la consommation d’alcool, soit un verre standard d’alcool pur, le risque de cancer du pancréas augmente de 3 %. Chez les femmes, une consommation de 15 à 30 g/jour est associée à un risque accru de 12 % par rapport à une faible consommation (0,1 à 5 g/jour). Chez les hommes, consommer 30 à 60 g/jour élève le risque de 15 %, et plus de 60 g/jour le fait grimper à 36 %.
Un lien sous-estimé jusqu’à présent
Des études antérieures avaient suggéré un lien possible entre l’alcool et le cancer du pancréas, surtout au-delà de 30 g/jour, soit environ deux verres d’alcool. Mais ce lien chez les non-fumeurs ou les femmes n’avait pas été assez étudié. « La consommation d’alcool est un cancérogène connu, mais jusqu’à présent, les preuves de son lien spécifique avec le cancer du pancréas n’étaient pas concluantes », explique le Dr Pietro Ferrari, chef de la branche Nutrition et métabolisme du CIRC et auteur principal de l’étude.
L’expert précise : « Notre analyse a montré que l’association entre l’alcool et le risque de cancer du pancréas était observée même chez les non-fumeurs, ce qui indique que la consommation d’alcool est en soi un facteur de risque indépendant pour le cancer du pancréas », précise le Dr Ferrari dans un communiqué. « D’autres recherches sont nécessaires pour mieux comprendre le rôle de la consommation d’alcool tout au long de la vie, par exemple au début de l’âge adulte, et l’influence de modes de consommation spécifiques, tels que la consommation excessive d’alcool », ajoute-t-il.
Cancer du pancréas : le 12ème le plus fréquent dans le monde
Le cancer du pancréas est le 12ᵉ cancer le plus courant dans le monde, associé à un taux de mortalité élevé lorsqu’il est diagnostiqué aux stades avancés. Il représentait 5 % de tous les décès liés au cancer dans le monde en 2022.
Les symptômes peuvent varier en fonction de la localisation exacte de la tumeur. « Une tumeur de la tête du pancréas donne davantage de symptômes digestifs, tels que des vomissements ou des ictères. À l'inverse, une tumeur située dans le corps ou la queue du pancréas n’entraîne pas d’ictère ni de démangeaisons », indique la Fondation pour la recherche sur le cancer.
Les taux d’incidence et de mortalité du cancer du pancréas sont 4 à 5 fois plus élevés en Europe, en Amérique du Nord, en Australie et en Asie de l’Est par rapport à d’autres régions. Le tabagisme, l’obésité, la pancréatite chronique et le diabète sucré sont quelques-uns des principaux facteurs de risque de cancer du pancréas.