Tous égaux face au cancer du foie ? Non selon cette étude, qui révèle des écarts importants pour l’accès aux soins

Publié par Sandrine Coucke-Haddad
le 17/09/2025
cancer foie
Istock
Un communiqué de l’AP-HP (Assistance Publique - Hôpitaux de Paris) publié le 8 septembre dernier révèle un écart important des chances de survie face au cancer du foie selon l’accès aux soins. Huit cents malades pourraient être sauvés chaque année.

 

Le cancer primitif du foie est la sixième cause de cancer et la troisième cause de décès par cancer dans le monde. Et les médecins s’inquiètent d’une prévisible explosion des cas dans les années à venir. Un rapport de la Commission du Lancet sur le carcinome hépatocellulaire (CHC) paru en juillet dernier souligne qu’en l’absence de mesures de prévention, le nombre de nouveaux cas de cancer du foie pourrait presque doubler d’ici 2050

Au total, 60 % des cancers du foie pourraient être évités grâce à une meilleure prévention des facteurs modifiables : hépatites virales, maladie stéatosique métabolique (MASLD/MASH) et bien sûr alcool, indique la Société Française d’Alcoologie qui relaie la rapport de la Commission du Lancet. 

Cancer du foie : 15 millions de morts en 2050

Des mesures ciblées pour limiter les risques de cancer du foie aboutiraient à une réduction annuelle de 2 à 5 % du taux d’incidence standardisé sur l’âge, ce qui permettrait d’éviter jusqu’à 17 millions de cas et 15 millions de décès d’ici 2050, à l’échelle de la planète. 

Pour l’heure en France, ce sont encore près de 12 000 nouveaux cas qui sont diagnostiqués chaque année selon les chiffres partagés par La Ligue contre le Cancer

En grande majorité des hommes (8874 cas chez l’homme contre 2784 chez la femme pour 2023) avec un taux de survie moyen qui reste faible, 12 % à 5 ans. Mais qui est très inégal en fonction du profil des patients selon cette étude publiée dans le numéro de septembre 2025 de la revue JHEP Repots, Innovation in hepatology. 

Certaines personnes meurent plus vite d’un cancer du foie : pourquoi ? 

Les équipes du service de chirurgie digestive, hépatobiliaire et endocrinienne et du service des maladies du foie de l’hôpital Cochin – Port-Royal AP-HP, de l’université Paris Cité, du Centre Inria de Paris et de l’Inserm (Unité HeKA) ont mené une étude sur l’impact des inégalités sociales sur l’accès aux traitements curatifs et la survie des patients atteints d’un cancer primitif du foie en France. Pour ce faire, ils ont étudié le profil de plus de 62 000 patients atteints de cancer du foie entre 2017 et 2021. 

Les résultats ne laissent pas la place au doute : les patients les moins favorisés socialement selon quatre critères (chômage, travail manuel, niveau d’éducation et niveau de revenus) “ont moins souvent accès à des traitements curatifs et présentent un risque de décès plus élevé, indépendamment de la distance au centre de soins ou de la densité médicale de leur région.” En revanche, si ces patients ont accès aux centres de soins spécialisés, “leurs chances d’accéder à un traitement curatif sont comparables à celles des patients favorisés, et leur risque de mortalité ne diffère plus”. Les auteurs estiment qu’en centralisant mieux les soins, on pourrait augmenter de 25 % l'efficience de la prise en charge pour les moins favorisés et ainsi sauver 800 vies chaque année

Traitement et prévention : comment améliorer la survie en cas de cancer du foie ? 

Cette étude souligne que tous les Français n’ont pas les mêmes chances face au cancer, sachant que d’autres travaux avaient déjà montré des disparités selon les régions. On sait aussi que les mesures de prévention et les dépistages peuvent aussi être très variables selon l’origine sociale des citoyens. C’est particulièrement vrai pour des cancers dépendant de l’hygiène de vie comme le cancer du foie, alors que l’on  sait que la consommation excessive d’alcool ou l’incidence des maladies métaboliques touchent les plus défavorisés. 

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