Le 22 avril 2016, Vincent Lahouze, 28 ans, raconte sur Facebook et sur son blog comment il a mit fin à une aggression dans le métro. Alors qu'il prenait les transports en commun, il remarque ce qui, de loin, ressemblait à "un jeune couple en train de se disputer". "L’homme se tenait à quelques centimètres de la jeune femme, la main sur son poignet et il semblait être parti dans un long monologue pour la convaincre de rester", raconte le jeune homme. Mais il se rend vite compte qu'il y a un problème : "quelque chose dans le regard de l’homme m’a fait changer d’avis". Du coup, il se rapproche pour mieux évaluer la situation : "la jeune femme avait le visage tourné vers la vitre, elle semblait tétanisée".

Le jeune homme, originaire de Toulouse, écoute la conversation des deux protagonistes. Et ce qu'il entend sortir de la bouche de l'homme est glaçant : "Toi j’vais te baiser tu sais oh oui j’vais te baiser salement et tu vas aimer ça hein bien sûr que tu vas aimer ça mmh allez t’écoutes ce que j’dis petite pute réponds petite salope j’sais que tu en as envie je l’ai vu dans ton regard de petite chienne en chaleur fallait pas porter une jupe si t’es pas intéressée ouais toi j’vais te baiser…". La femme, "pétrifiée", n'ose pas bouger.

A part Vincent Lahouze, personne ne semble se rendre compte de ce qui se passe sous ses yeux. Et le jeune homme ne sait pas comment réagir. Pendant quelques instants, il se demande que faire : "Que faire, détourner le regard, (réagis) se persuader qu’ils sont en couple, (réagis), que ce ne sont pas mes histoires, partir, prendre le métro suivant, (réagis) après tout, je ne suis pas à quelques minutes près, (oui mais la jeune femme ne semble pas bien aller du tout) je vais descendre, je ne vais pas m’en mêler, (RÉAGIS PUTAIN)", écrit-il. Il prend alors son courage à deux mains, et fait semblant de connaître la jeune femme : " je me suis assis à côté d’eux et tout en croisant le regard de la jeune femme, je lui ai dit, "Hey Camille! Ça faisait un bail que je ne t’avais pas vue! Comment ça va, ma cousine?" puis me tournant vers l’homme, avec un grand sourire,"je ne vous dérange pas, j’espère?" ".

Son intervention a permis à "Camille" de reprendre des couleurs, et elle répond à Vincent Lahouze comme si de rien n'était. Déconfit, l'agresseur finit par s'en aller : "L’homme a immédiatement retiré sa main, comme si les fils de sa marionnette venaient de se couper, comme s’il venait de se brûler au contact de la peau de la jeune femme. Sans un regard, il s’est levé, et il est sorti de la rame sans se retourner." Le jeune homme s'assure que celle qu'il a sauvée va bien, puis s'en va. Il tient à préciser dans son billet qu'il n'a rien tenté avec la jeune femme : "Pour parer à toute remarque bien conne, non je n’ai pas pris son numéro de téléphone, non je ne lui ai même pas demandé comment elle s’appelait. L’important était qu’elle aille bien, point."

Sa réaction a suscité beaucoup d'émotion sur les réseaux sociaux. En quelques jours, sa publication été partagée plus de 250 000 fois, et "aimée" plus de 180 000 fois.

Comment réagir si on assiste à du harcèlement dans les transports en commun ?

En avril 2015, une étude du Haut Conseil à l'égalité entre les hommes et les femmes dévoilait que 100% des utilistatrices des transports en commun ont déjà été victimes de harcèlement. Cela peut aller de la simple remarque aux agressions physiques. Si les victimes n'osent pas toujours réagir, il en va de même pour les éventuels observateurs de la scène. Pourtant, quelques gestes ou mots peuvent tout changer, et ils sont expliqués sur le site du Ministère des Droits des Femmes.

- Si vous êtes témoin d'une agression, vous pouvez vous rapprochez et demander à la personne si elle est en difficulté. Vous pouvez aussi parler à l'agresseur ou la victime, comme l'a fait Vincent Lahouze. Vous pouvez aussi choisir d'interpeller d'autres personnes pour qu'elles agissent avec vous, si vous ne vous sentez pas capable de le faire seul(e).

- Si vous êtes victime d'une agression, n'hésitez pas à signifier votre refus de la situation haut et fort. Cela pourra déconcerter votre agresseur et attirer l'attention d'autres personnes autour de vous. Si possible, essayez de vous dégagez de la proximité physique de votre agresseur. Surtout, rappelez-vous que, quelle que soit votre attitude ou votre tenue vestimentaire, vous n'êtes en aucun cas responsable de ce qui vous arrive.

Dans les deux cas, si la situation est urgente, adressez-vous un agent des transports en commun, ou servez vous de l'interphone situé dans les wagons. Vous pouvez également composer le 17 (police nationale), le 112 (numéro d'urgence européen) ou envoyer un SMS au 114 si vous êtes sourd(e) ou muet(te), ou si vous avez des difficultés à parler.

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