
Avec près de 60 000 nouveaux cas par an, le cancer de la prostate, qui touche en priorité les hommes de plus de 65 ans, est le premier des cancers masculins en France. S’il se soigne plutôt bien, il reste, comme tous les cancers, liés à des traitements lourds et longs. Dans ces conditions, raccourcir la durée des traitements est un véritable enjeu pour les professionnels de santé. Les bénéfices sont nombreux et évidents pour les patients : moins de fatigue et d’effets secondaires, reprise de l’activité professionnelle plus rapide, moins d’impact de la maladie sur le cours de la vie et les projets, etc. Les bénéfices sont aussi grands pour les soignants et les hôpitaux : moins de délais d’attente, coûts réduits, meilleure organisation, etc.
Cancer : des traitements allégés à l’étude
Depuis quelques années déjà, les chercheurs cherchent à alléger les traitements notamment pour les cancers qui se soignent très bien, dont le pronostic est très bon et dont les alternatives thérapeutiques sont souvent nombreuses. Quand on sait que les traitements sont parfois plus difficiles à supporter pour les patients que la maladie elle-même, cette nouvelle étape est sans aucun doute l’avenir en oncologie. Ceci est particulièrement vrai pour la radiothérapie qui bénéficie aussi de belles avancées technologiques.Plus précises, plus puissantes, les machines peuvent ainsi cibler plus efficacement les tumeurs et agir en moins de temps.
Ce traitement de courte durée affiche une survie globale à 10 ans de 81 % contre 79 % pour le traitement standard !
Une révolution dans la prise en charge, à condition toutefois, que ces sessions moins longues soient aussi efficaces que les traditionnelles. Un essai clinique de phase III, mené à l’Université de Lund (Suède) après un suivi de 10 années et présenté lors du Congrès de la Société européenne de radiothérapie et d'oncologie (ESTRO) qui s’est tenu du 2 au 6 mai dernier confirme l'efficacité d’une radiothérapie plus courte en cas de cancer de la prostate. Ces résultats vont aussi faire l’objet d’une publication officielle dans la revue scientifique Radiotherapy and Oncology.
Cancer de la prostate : 2,5 semaines de radiothérapie au lieu de 8 semaines !
7 séances de radiothérapie au lieu de 39 ! C’est le protocole étudié par l’équipe suédoise et dont l’efficacité vient d’être contrôlée après 10 ans de suivi. Appelé “radiothérapie ultra-hypo-fractionnée”, cette approche consiste à administrer 42,7 Gy (pour “grays”, la référence-dosage en radiothérapie) en 7 séances sur 2,5 semaines contre 78,0 Gy administrés en 39 séances sur 8 semaines en cas de radiothérapie standard.
Que disent les résultats de suivi ? Ils confirment les bénéfices déjà observés 5 ans après ce nouveau dosage. Plus précisément, les médecins détaillent l’essai comparatif suivant :
- Survie sans échec (pas de récidive du cancer ni besoin de traitement supplémentaire) : 72 % dans le groupe de traitement de courte durée contre 65 % dans le groupe standard.• Survie globale : 81 % pour le traitement de courte durée contre 79 % pour le traitement standard.• Mortalité spécifique au cancer de la prostate : 4 % dans les deux groupes.• Effets secondaires : Les symptômes urinaires et intestinaux étaient similaires dans les deux groupes, et la plupart étaient légers à modérés.
Radiothérapie anticancer plus courte : les médecin et les patients enthousiastes
“Ces résultats confirment que le traitement plus court n’augmente pas les effets secondaires à long terme et offre un contrôle du cancer tout aussi durable”, a ainsi expliqué Camilla Thellenberg-Karlsson, médecin et chercheuse de l’Université d’Umeå en Suède, qui a présenté les résultats lors de l’ESTRO. Ces données offrent une sécurité appréciable, car il s’agit ici d’une étude clinique à échelle réelle et sur le long terme puisqu’elle a suivi à cinq puis dix ans 1 200 hommes atteints d'un cancer de la prostate localisé à risque intermédiaire à élevé. Les participants ont été répartis aléatoirement pour recevoir soit l’un ou l’autre des protocoles de radiothérapie, le standard et le raccourci. “Pour les patients, cela signifie moins de perturbations dans leur vie quotidienne et potentiellement une réduction des coûts de santé, sans compromettre les résultats et la sécurité”, concluent les auteurs principaux, les professeurs associés Per Nilsson, radiophysicien et Adalsteinn Gunnlaugsson, radio-oncologue à l'université de Lund.