three happy retired female drinking and toasting red wine glasses at bar restaurant - group of happy elderly women having...Adobe Stock
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“Un verre de vin éloigne le médecin“, vous avez sûrement entendu ce vieux dicton. De nombreux articles et même de nombreuses études louent les mérites du vin rouge en fin de repas. Il serait plein d’antioxydants, anti-inflammatoire et permettrait même de limiter les risques de développer un caillot sanguin. Certains vont même jusqu’à dire qu’il permet d’augmenter l’espérance de vie. Des études ont démontré que les buveurs considérés comme “modérés“ vivaient plus longtemps et avaient moins de risque de mourir d’une maladie cardiaque que les “abstinents“. Mais associer alcool et augmentation de la durée de vie est faux. Il s’agit d’un biais, qui conduit à de mauvaise interprétations des données de ces études. Explications.

Une histoire de biais cognitif

Pour commencer, qu’est-ce qu’un biais cognitif ? Il s’agit d’un schéma de pensée faussement logique qui nous induit en erreur. Le biais permet à tout à chacun de prendre une décision rapidement, ou de se faire une idée d’une situation ou d’un fait, en omettant un certain nombre de facteurs. C’est une déviation psychologique de la pensée rationnelle provoquée par notre cerveau.

L’idée que boire un verre de vin rouge par jour est bon pour la santé n’est pas seulement une croyance populaire, c’est aussi une information totalement fausse validée par de nombreuses études. Seulement, le biais cognitif en question nous induit en erreur. Nous interprétons des données de manière fallacieuse comme vous valider cette croyance.

Dans une étude intitulée “Association entre la consommation quotidienne d’alcool et le risque de mortalité totale“ publiée en mars 2023 dans la revue JA MA Network Open, des chercheurs canadiens expliquent comment des études arrivant à une telle conclusion se trompent, notamment en ne faisant pas la différence entre un ancien buveur qui ne boit plus (qui peut être un ancien alcoolique) ou quelqu’un qui n’a jamais bu d’alcool. “Les buveurs légers et modérés sont systématiquement en meilleure santé que les abstinents actuels en ce qui concerne une série d’indicateurs de santé peu susceptibles d’être associés à la consommation d’alcool, tels que l’hygiène dentaire, les habitudes d’exercice, le régime alimentaire, le poids et le revenu », détaillent-ils.

L’alcool n’augmente pas la longévité, au contraire

Faire une corrélation entre une bonne santé bucco-dentale et la consommation occasionnelle d’alcool est un biais, qui conduit à de fausses conclusions. Est-ce parce que l’on boit un verre de vin rouge le soir que l’on se brosse plus les dents ? Non. Ces données n’ont tout simplement rien à voir. Elles sont davantage évocatrices des habitudes des personnes en fonction de leur milieu sociale - l’alcool étant un vecteur important de socialisation - plutôt qu’un marqueur de bonne santé.

Ces chercheurs canadiens ont ainsi montré que lorsque l’on fait abstraction de ces biais, les résultats étaient bien différents et montraient qu’une faible consommation d’alcool n’était pas liée à une diminution du risque de mortalité.

C’est même l’inverse. L’analyse plus juste de ces données, a montré que le risque de mortalité est significativement plus élevé chez les femmes qui consommaient plus de 25g d’éthanol par jour, et chez les hommes qui en buvaient plus de 45g par jour, plutôt que chez celles et ceux qui ne boivent pas d’alcool.

“Un verre ou deux seulement“

Enfin, les chercheurs soulignent un autre biais non négligeable concernant la mesure de la consommation d’alcool par les sondés. Si l’on vous demande combien d’alcool vous buvez par semaine, vous pourriez dire “un verre ou deux“, ce qui représente à peu près 30 ml pour vous, et 70 ml pour votre voisin, en fonction de comment vous remplissez votre verre.

Se baser donc uniquement sur la parole des sondés est insuffisant pour établir des données et donc des résultats réellement fiables sur la question.

Autre facteur important : le type d’alcool que vous buvez. Boire une bière légère n’aura pas la même incidence sur la santé que boire un verre de vodka.

Il en va de même pour le vin, un vin de table de piètre qualité bourré de sulfites n’aura pas les mêmes effets sur la santé qu’un vin de qualité produit dans de bonnes conditions.

En somme, si vous voulez vivre plus longtemps, il vaut mieux boire de l’eau, plutôt que du vin.

Sources

https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2802963

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