Le froid nous rend-il vraiment malades ? La science revient sur cette idée reçue
Chaque hiver, c’est la même rengaine : « Mets un manteau, tu vas attraper froid ! ». Pourtant, malgré ce que l’on entend depuis des générations, le froid ne cause pas le rhume. Les responsables sont uniquement les virus. Mais attention : l’hiver constitue pour eux un terrain de jeu idéal. En clair, le froid n’est pas le coupable… mais il leur donne un sacré coup de main.
Mauvaise nouvelle pour nous, ce samedi 22 novembre, le thermomètre chute dans tout l'hexagone, les écharpes ressortent et les mouchoirs aussi. Pas de hasard : dès que les températures baissent, les infections se multiplient. Alors si le froid n’est pas directement responsable, pourquoi tombe-t-on plus souvent malade en hiver ?
D’abord, parce que nos habitudes changent. Quand il fait froid, on se réfugie à l’intérieur, souvent dans des pièces peu ventilées. Résultat : on respire tous le même air, on se croise de très près, et les particules virales s’y concentrent. Une personne malade suffit pour contaminer toute une pièce.
Deuxième élément : le chauffage. Indispensable pour tenir l’hiver, il assèche l’air intérieur. Et cet air sec est une bénédiction pour les virus, qui y survivent plus longtemps. Il est en revanche une mauvaise nouvelle pour notre nez. Les muqueuses nasales — notre première barrière contre les microbes — se dessèchent, s’irritent et filtrent moins bien les agents infectieux. Autant dire que les virus n’ont plus qu’à se servir.
L'impact direct du froid sur notre immunité nasale
Mais les scientifiques sont allés encore plus loin pour comprendre ce lien entre froid et infections. Une étude publiée fin 2022 dans le Journal of Allergy and Clinical Immunolgy a révélé un mécanisme étonnant : notre nez est une véritable centrale de défense immunitaire. Quand un virus y pénètre, les cellules de ce conduit libèrent des milliards de minuscules « boucliers antiviraux ». Ces particules, appelées vésicules extracellulaires, se collent aux virus pour les neutraliser avant qu’ils n’atteignent les cellules.
Seul problème : ce système de défense fonctionne moins bien quand il fait froid. Les chercheurs ont montré qu’en abaissant la température du nez d’à peine 5 °C, la production de ces « boucliers » chute de 42 %. Et ceux qui subsistent deviennent moins efficaces. En clair : le froid désactive une partie de notre immunité nasale et laisse la porte grande ouverte aux infections. Ce n’est donc pas le froid qui donne le rhume, mais il affaiblit nos défenses, ce qui permet aux virus de nous attaquer plus facilement.
Des stratégies de prévention validées par la science
Faut-il alors se résigner à tomber malade chaque hiver ? Pas du tout. Des gestes simples peuvent réellement faire la différence. L’aération régulière des pièces — plusieurs minutes matin et soir — permet de renouveler l’air et de réduire la concentration virale. Une humidité intérieure située entre 40 et 60 % protège la muqueuse nasale : un humidificateur, un bol d’eau posé près du radiateur ou même quelques plantes peuvent aider.
Autre réflexe utile : protéger le nez du froid. Une écharpe ou un masque permet de réchauffer et d’humidifier l’air que l’on respire, évitant ainsi la chute de température dans le nez… et la baisse de nos défenses.
Enfin, l’immunité générale reste essentielle pour passer l’hiver sans encombre : bien dormir, bouger, s’exposer à la lumière naturelle et veiller à son taux de vitamine D, souvent trop bas en hiver, sont autant d’atouts pour résister aux virus de saison.
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https://www.jacionline.org/article/S0091-6749(22)01423-3/fulltext