Grippe aviaire : pourquoi les autorités s'inquiètent ? Istock

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Une quinzaine de médecins et chercheurs américains mais aussi allemands, autrichiens et néerlendais, tous des représentants du Réseau mondial de virologie (Global Virus Network - GVN - qui regroupe 80 centres dans plus de 40 pays) ont publié fin avril 2025 dans le journal The Lancet une analyse épidémiologique et virologique complète sur l’épidémie de grippe aviaire - H5N1- qui sévit aux Etats-Unis et au Canada et qui semble gagner l’Europe.

Le virus continue de circuler chez les oiseaux sauvages, les troupeaux de basse-cour et les espèces migratrices chassées, amplifiant encore le risque pour les humains et les animaux domestiques.

De fait, non seulement l’épidémie progresse en nombre (de plus en plus d’animaux sont touchés dans les troupeaux) mais elle semble aussi se répandre à de nouvelles espèces animales et surtout à l’homme. Aux Etats-Unis, un premier décès humain a été enregistré en janvier de cette année (nous vous en avions parlé ici)

D’autres décès pourraient suivre. “Des infections humaines sporadiques, sans contact connu avec des animaux infectés, soulignent la possibilité d'une adaptation virale permettant une transmission interhumaine efficace, s’inquiètent les scientifiques. Parallèlement, le virus continue de circuler chez les oiseaux sauvages, les troupeaux de basse-cour et les espèces migratrices chassées, amplifiant encore le risque pour les humains et les animaux domestiques.

Etats-Unis et Europe : les chiffres qui inquiètent !

De 2024 à avril 2025, des cas ont été confirmés dans plus de 995 troupeaux de vaches laitières, plus de 168 millions d'oiseaux, plus de 1 650 troupeaux et au moins 70 humains. L'épizootie est désormais présente dans les 50 États et des cas humains dans 13 États et au Canada,” continuent les membres du Réseau mondial de virologie. En Europe, le virus H5N1 commence aussi à donner des sueurs froides. La France a ainsi été placée en risque élevé (plus d'informations ici) fin novembre dernier et des mesures de protections renforcées avaient alors été mise en place (confinement de certains élevages, vaccinations des personnes exposées…). Pour l’instant, aucun cas humain n’a été identifié en France. Pour autant, le Réseau mondial de virologie suspecte une possible mutation du virus, du fait d’une circulation combinée avec d’autres grippes comme la grippe porcine ou la grippe saisonnière, ce qui rendrait le H5N1 hautement plus contagieux pour l’homme et favoriserait les transmissions interhumaines.

Que préconisent les chercheurs pour ralentir et contrôler le virus ?

Parmi toutes les mesures proposées par les scientifiques pour mieux contrôler la propagation de la grippe aviaire, on peut retenir :

  • Des mesures de sécurité plus strictes dans les élevages (équipements de protection, protocoles plus stricts de nettoyage…).
  • Une pasteurisation et une cuisson appropriées de la volaille et des produits laitiers qui “devraient devenir des recommandations standard car il a été démontré qu'elles réduisent les virus infectieux”.
  • Un suivi strict de l’épidémie par les autorités.
  • Une meilleure sensibilisation du public sur les risques sanitaires liés à la grippe aviaire, il est ainsi établi aujourd’hui que les chats domestiques peuvent être contaminés (et donc potentiellement contaminants) s’ils chassent et mangent des oiseaux infectés.
  • Un déploiement de tests (pour les exploitations agricoles) et de vaccins.
  • Une collaboration internationale ad hoc.

Vacciner les animaux : une bonne stratégie pour stopper la propagation ?

Le 8 avril dernier, la Haute Autorité de Santé (HAS), instance santé incontournable en France, s'était fendue d’un communiqué de presse pour faire un point sur la vaccination des élevages et des personnels en France. Saisie par le Ministère de la Santé, la HAS a développé une stratégie vaccinale qui serait mise en place en France si des cas humains sévères étaient répertoriés. “L’objectif de la vaccination est avant tout d’éviter le développement de formes sévères en cas de contamination et, potentiellement, de réduire le risque de contamination de l’humain par l’animal, précise le communiqué. Le vaccin Zoonotic Influenza Vaccine (H5N8) du laboratoire Seqirus est le seul vaccin prépandémique disposant d’une autorisation de mise sur le marché en Europe.”

Dans le cas d’une augmentation nette du nombre de foyers épidémiques et de plusieurs cas humains sévères sur le territoire, la HAS recommande deux doses à trois semaines d'intervalle, pour les groupes les plus exposés (notamment les personnes qui travaillent au contact des animaux potentiellement porteurs). En attendant, la HAS recommande une surveillance accrue.

Quels sont les symptômes de la grippe aviaire ?

Les symtpômes (vous pouvez retrouver le détail ici) sont similaires à ceux d’une grippe saisonnière.

On peut ainsi lister :

  • La toux ;
  • Un essoufflement ;
  • De la fièvre ;
  • Des douleurs musculaires ;
  • Des maux de tête ;
  • De la fatigue ;
  • Des troubles oculaires (conjonctivite).

En cas de contact avec un animal infecté, ces symptômes doivent pousser à consulter.