Calvitie : un édulcorant améliore le traitement contre la perte de cheveux
Et si un simple édulcorant naturel pouvait redonner vie aux cheveux clairsemés ? C’est la piste étonnante ouverte par une équipe de chercheurs, qui vient de montrer que le stevioside, une molécule extraite de la plante Stevia, pourrait améliorer l’efficacité du minoxidil, le traitement le plus courant contre la calvitie. Leur étude, publiée le 7 octobre dans le Journal of Cosmetic Dermatology, suggère qu’un ingrédient sucré pourrait bien devenir un allié inattendu des soins capillaires.
Depuis plusieurs décennies, le minoxidil s’impose comme la référence contre la perte de cheveux androgénétique, la fameuse calvitie masculine ou féminine. Ce médicament stimule les follicules pileux et relance la pousse, mais son efficacité reste variable. La raison : le produit pénètre mal la peau. Faiblement soluble dans l’eau, il atteint difficilement les follicules, là où il doit agir. Résultat : une partie du traitement reste en surface, réduisant son impact.
C’est à ce problème technique que les chercheurs ont voulu s’attaquer. Leur idée : utiliser un vecteur naturel, capable d’aider le minoxidil à franchir la barrière cutanée sans l’altérer.
Un “sucre” pour faire passer le médicament
Leur candidat idéal : le stevioside, un composé naturellement présent dans la Stevia. Une plante d’Amérique du Sud dont les feuilles servent à fabriquer des édulcorants sans calorie. Au-delà de son goût sucré, le stevioside possède des propriétés chimiques intéressantes. Il favorise la solubilisation de certaines molécules et améliore leur passage dans la peau.
Les scientifiques ont donc conçu un patch à micro-aiguilles dissolvables de minuscules structures qui traversent la couche externe de la peau avant de se dissoudre et de libérer leur contenu. Objectif : permettre au traitement de pénétrer plus profondément et plus efficacement.
Des résultats prometteurs chez la souris
Testé sur des souris souffrant d’alopécie androgénétique, le dispositif a donné des résultats immédiats. La repousse des poils a été plus rapide et plus dense que chez les animaux traités avec le minoxidil seul. Le stevioside semble donc jouer un double rôle : faciliter le passage du médicament à travers la peau et stimuler la phase de croissance du follicule pileux.
Pour les auteurs de l’étude, cette approche ouvre la voie à une nouvelle génération de traitements transdermiques. « L'utilisation du stévioside pour améliorer l'administration du minoxidil représente une avancée prometteuse vers des traitements plus efficaces et plus naturels contre la perte de cheveux, qui pourraient bénéficier à des millions de personnes dans le monde », a déclaré dans un communiqué, le coauteur Lifeng Kang, PhD, de l'université de Sydney, en Australie.
Une découverte à prendre avec précaution
Aussi prometteuse soit-elle, cette innovation n’en est qu’à ses débuts. L’étude a été menée uniquement sur des modèles animaux, et la peau humaine diffère sensiblement de celle des souris. De nombreuses étapes restent encore à franchir. Car si le stevioside est largement utilisé comme édulcorant alimentaire, son emploi sur la peau pourrait soulever d’autres enjeux de tolérance ou d’irritation.
Vers des traitements plus intelligents et plus doux
Cette étude s’inscrit dans un mouvement plus large : celui de la “cosmétique intelligente”, qui cherche à améliorer la pénétration et l’efficacité des principes actifs tout en limitant les effets secondaires. L’idée de combiner un médicament éprouvé avec une molécule naturelle, non toxique et biodégradable, s’inscrit parfaitement dans cette tendance.
Si les prochaines étapes confirment ces résultats, les patchs au stevioside pourraient un jour compléter, voire remplacer, les lotions au minoxidil actuellement disponibles. Un petit pas pour la science capillaire, mais un grand espoir pour les millions de personnes concernées par la perte de cheveux.