À l’hôpital, l’impact délétère des “bips”Istock

Ils sont très difficiles à supporter pour la plupart des patients : les “bips” répétitifs dans les chambres d’hôpital peuvent nous rendre fous. Ils auraient même un impact direct sur la qualité du soin apporté aux patients, d’après une étude publiée dans le numéro de septembre 2023 de la revue Perioperative Care and Operating Room Management.

Remplacer les “bips” par des sons de xylophone

Les auteurs de l’étude, chercheurs au centre médical de l’Université Vanderbilt (États-Unis) et à l’Université McMaster (Canada), estiment que l’utilisation de signaux sonores plus doux et plus agréables pourrait d’une part réduire la gêne sonore, et d’autre part permettre aux patients et aux soignants d’y faire plus attention.

Cette étude se base sur des travaux menés préalablement par les auteurs. L’équipe a observé les effets de l’utilisation d’un bruit de xylophone en lieu et place du “bip” agressif. “Grâce au xylophone, le profil acoustique est plus riche et plus proche des instruments de musique que les bips et que les bruits qu’on entend souvent à l’hôpital”, explique dans un communiqué de presse le professeur d'anesthésiologie, d’ingénierie biomédicale et de sciences de la parole Joseph Schlesinger II, l’un des auteurs de l’étude.

Pour arriver à ces conclusions, les scientifiques ont engagé 44 volontaires. Ils leur ont demandé d’apprendre à identifier six signaux sonores, chaque fois avec deux timbres différents : l’un émis par un xylophone, l’autre émis de façon “standard”, à la manière d’un bip de chambre d’hôpital. Seul le timbre - c’est-à-dire la “qualité particulière du son, indépendante de sa hauteur ou de son intensité mais spécifique de l'instrument, de la voix qui l'émet” (Larousse) - changeait, le volume et la tonalité restant les mêmes.

“Bips” des chambres d’hôpital : ils entraveraient le soin

La pertinence de la reconnaissance sonore était similaire pour les deux types de signaux sonores. Les chercheurs ont demandé, par la suite, aux participants de noter chaque bruit en fonction du niveau de gêne occasionnée. Sans surprise, ils ont quasiment tous mieux noté les sons de xylophone. “Ces résultats peuvent aider à résoudre le problème des plaintes constantes des patients à propos des alarmes médicales, sans compromettre leur sécurité”, estime le professeur Joseph Schlesinger II.

De précédentes études ont montré que jusqu’à 85% des signaux sonores des hôpitaux ne sont pas déclenchés pour une urgence médicale. Cette surabondance de bruits pose question quant à la sécurité des patients : elle entraîne, de fait, une sous-estimation de l’importance de certains “bips”. D’après les auteurs de l’étude publiée dans Perioperative Care and Operating Room Management, modifier le timbre de ces signaux sonores pourrait les rendre moins irritants, tout en préservant leur qualité informative.

“Les bips apportent de la surcharge sensorielle, tandis que les sons plus naturels sont moins difficiles à entendre. Changer leur timbre en suivant des principes musicaux permet aux alarmes de se détacher des bruits de fond, sans être trop fortes ou stridentes. Grâce à des tests supplémentaires, les alarmes musicales pourraient devenir des éléments naturels du soin”, conclut Joseph Schlesinger II.

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