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Chaque année, 100 milliards de produits en plastique jetables sont commercialisés en France. Un chiffre que le gouvernement entend bien faire baisser. Ce 1er janvier 2020, un décret prononcé en 2016 et relatif à la loi de transition énergétique, est entré en vigueur.

Il prévoit l’interdiction de la mise à disposition des touillettes, gobelets, verres, couverts et assiettes jetables en plastique - exceptés ceux qui sont compostables ou composés de matières biosourcées. Ces produits ne seront donc plus disponibles dans nos rayons.

La vaisselle en bambou, dangereuse au contact d’aliments chauds

En parallèle, les industriels semblent s’être préparé à cette nouvelle législation, puisque la vaisselle en carton ou en bambou, plus écolo, fleurit dans les magasins. Mais attention, s’ils se présentent comme une alternative au plastique plus responsable, certains d’entre eux présentent d’autres risques pour notre santé.

Selon une récente étude, menée par l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques (BfR), les assiettes et autres bols en bambou contiennent des composés toxiques, qui peuvent se décomposer au contact de boissons ou aliments chauds - supérieurs à 70°C.

Cette vaisselle ne contient pas que du bambou !

En effet, la plupart de ces produits sont fabriqués à partir de résine mélamine-formaldéhyde (MFH). Dans la mesure où ils sont renforcés par des fibres de bambou, comme matière de remplissage, ils sont généralement présentés comme des “articles en bambou”. Mais lorsqu’ils sont exposés à des températures élevées, des quantités dangereuses de mélamine et de formaldéhyde peuvent passer dans les aliments, précise l’institut dans un communiqué.

“D'un point de vue sanitaire, ces produits ne sont pas toujours adaptés à une utilisation en vaisselle”, souligne le Dr Andreas Hensel, président du BfR. “Souvent, les « produits en bambou » libèrent encore plus de formaldéhyde et de mélamine nocifs que les gobelets en résine de mélamine « conventionnels »”.

Certains produits dépassent de 120 fois les doses journalières tolérables de formaldéhyde

Pour arriver à cette conclusion, les experts du BfR ont procédé à l'évaluation toxicologique des données sur le passage de la mélamine et du formaldéhyde de cette vaisselle, dans les aliments et liquides chauds. Ils ont notamment effectué une série de tests sur 228 tasses et bols, et 180 autres produits en bambou. Après avoir été exposés à la chaleur, 35 % d’entre eux présentaient un niveau de toxines alarmant.

L’institut a également déterminé une “dose journalière tolérable” d’exposition à ces substances, à laquelle aucun risque pour la santé n’est à prévoir. Ils ont constaté que la libération de mélamine et de formaldéhyde par certaines tasses dépasse cette dose de 30 fois pour les adultes et de 120 fois pour les jeunes enfants.

N’utilisez pas de vaisselle en bambou pour vos boissons et plats chauds

Selon les spécialistes, les adultes qui boivent quotidiennement du thé ou du café dans ce type de tasse, où les enfants qui les utilisent pour leur lait chaud, mettent leur santé en danger.

“Le BfR vous recommande donc de ne pas manger ni boire des aliments chauds ou des boissons chaudes dans des « produits en bambou »”, peut-on lire dans le communiqué. “Cela s'applique également aux plats MFH « conventionnels » (autrement dit, sans bambou, ndlr). Les deux matériaux ne conviennent pas non plus pour chauffer des aliments au micro-ondes”.

Structure chimique de la résine mélamine-formaldéhyde

Structure chimique de la résine mélamine-formaldéhyde© Creative Commons

© CC / Cjp24 - Licence : image dans le domaine public.

La vaisselle en bambou, pas si écologique…

La vaisselle en bambou, pas si écologique…© Istock

En revanche, vous pouvez consommer sans danger des aliments et boissons froids ou tièdes dans ce type de vaisselle. Notez toutefois que, s’ils sont souvent annoncés comme étant respectueux de l’environnement, biodégradables ou fabriqués exclusivement à partir de matières premières renouvelables, les produits à base de résine mélamine-formaldéhyde ne sont autres que… du plastique !

“Le MFH est un plastique qui n'est pas biodégradable”, soulignent les scientifiques allemands. Pas même lorsque des matières naturelles, comme le bambou, y ont été ajoutées.

Par quoi remplacer la vaisselle jetable en plastique ?

L’idéal, évidemment, est d’éviter le jetable, tout simplement. On opte donc pour un verre en verre, un mug en céramique, une gourde en inox, une assiette en faïence… Certes, cela fait un peu plus de vaisselle à nettoyer, mais on la garde généralement de nombreuses années. Les traditionnelles pailles en plastique peuvent être remplacées par des pailles en inox réutilisables, que l’on trouve aujourd’hui facilement sur Internet, dans les boutiques de vrac ou dans les magasins bio.

À la place des classiques touillettes, une simple cuillère en métal fera aussi bien l'affaire. Quant au film plastique dont on entoure souvent nos aliments, il est, lui aussi, tout à fait remplaçable. On trouve désormais des tissus enduis de cire d’abeille, dont on peut recouvrir nos restes ou dans lesquels on peut emballer nos sandwichs.

Sources

Geschirr aus „Bambusware“ nicht für heiße Getränke oder Speisen nutzen, BfR-Bewertung, 25 novembre 2019.

mots-clés : plastique, toxine