child standing in a dark place and opening a door lit from within, digital art style, illustration paintingImage d'illustration Istock

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À toutes les personnes qui pensaient être en sécurité la nuit dans leur lit. Vous risquez d’être effrayés par la conclusion d’une étude récente présentée le 23 juin à l’occasion du congrès annuel de l’Académie européenne de neurologie à Helsinki. Et pour cause : les scientifiques annoncent une inquiétante information : les cauchemarsmultiplient par trois le risque de mort prématurée avant l’âge de 70 ans. De quoi donner des sueurs froides.

L’équipe du professeur Abidemi Otaiku, chercheur à l’UK Dementia Research Institute et à l’Imperial College de Londres, a analysé les données de 2 429 enfants âgés de 8 à 10 ans et de 183 012 adultes entre 26 et 86 ans, sur des durées pouvant aller jusqu’à dix-neuf ans. Frisson et stupeur s’invitent dans les résultats : les personnes qui font des cauchemars chaque semaine ont trois fois plus de risques de mourir avant l’âge de 70 ou 75 ans, selon les cohortes, que celles qui en font rarement. Des signes de vieillissement plus rapide ont également été observés par les scientifiques.

Le cortisol, l’ennemi public numéro 1

Mais comment expliquer que le subconscient influence l’espérance de vie ? Les chercheurs ont identifié le coupable idéal pour répondre à cette question : le cortisol. Une hausse de cette hormone du stress, provoquée par les images terrifiantes qui perturbent le sommeil, fait vieillir plus vite. « Nos cerveaux endormis ne font pas la différence entre un rêve et la réalité, explique le Dr Otaiku dans un communiqué. C’est pourquoi un cauchemar peut nous réveiller en sueur, à bout de souffle et le cœur qui palpite, car il déclenche une réponse de combat ou de fuite », ajoute-t-il.

Autre indice : la taille des télomères, ces petits bouts d’ADN au bout de nos chromosomes qui raccourcissent à chaque division cellulaire, a mis la puce à l’oreille de l’équipe de chercheurs britanniques. « Même dans l’enfance, les personnes qui font des cauchemars plus fréquents ont des télomères courts, ce qui indique un vieillissement cellulaire plus rapide », a indiqué le docteur Abidemi Otaiku au média New Scientist.

Un seul cauchemar par mois serait lié à un vieillissement plus rapide

De plus, les cauchemars nuisent à la qualité du sommeil, écourtent les nuits et empêchent le corps de bien se réparer. Les troubles du sommeil sont par ailleurs associés à un risque plus important de contracter certaines maladies, notamment cardiaques. Et selon les chercheurs, ce constat est valable pour tout le monde, quel que soit l’âge, le sexe ou l’état de santé mentale. Même un seul cauchemar par mois serait déjà lié à un vieillissement plus rapide et à un risque de mortalité plus élevé que chez ceux qui n’en font jamais.

Mais tout le monde n’est pas encore convaincu. Le neurologue Guy Leschnizer, interrogé par le New Scientist, reste prudent : « C’est une découverte intéressante, et ça se tient biologiquement. Mais il faut plus d’études pour prouver que ce sont bien les cauchemars qui provoquent ces effets. Ils peuvent aussi être liés à d’autres problèmes de santé ou à des médicaments, surtout chez les personnes âgées. »

Des traitements existent

Bonne nouvelle cependant : de la même manière que le tabac ou la sédentarité, les cauchemars peuvent se soigner. Des traitements comme la thérapie cognitivo-comportementale pour l’insomnie ou la thérapie de répétition d’images, ont déjà prouvé leur efficacité. « Si on parvient à réduire la fréquence des cauchemars, on pourrait améliorer la qualité du sommeil, le bien-être mental, et peut-être même ralentir le vieillissement », conclut le Dr Otaiku. En attendant, mieux vaut opter pour une lecture apaisante avant de dormir…